Nedjma -1-
Posté par imsat le 8 juillet 2017
J’aime le cinéma. Pas n’importe quel cinéma. Je ne suis pas fan de cinéma américain. Les films américains sont parfaits, techniquement parlant. Je n’aime pas ce qui est toujours impeccable. Naturellement, j’ai beaucoup apprécié nombre de réalisations américaines des années 50, 60, interprétées par Alan Ladd, Robert Mitchum, Richard Widmark, Humphrey Bogart, James Steewart, Lana Turner, Audrey Hepburn…Je préfère le cinéma français, pas seulement le cinéma d’auteur. Je connais à fond, Gabin, Piccoli, Ventura, Delon, de même que Romy Schneider. J’ai beaucoup aimé Le train interprété justement par Romy Schneider et Jean Louis Trintignant. J’ai été ravi de voir et revoir Le vieux fusil avec l’actrice fétiche de Claude Sautet et l’excellent Philippe Noiret Je placerais volontiers le cinéma italien juste après le cinéma français. Le Guépard de Visconti avec Lancaster, Delon et Claudia Cardinale est inoubliable……La liste est longue mais je ne peux faire l’impasse sur le cinéma algérien des années 60-70. Je n’ai raté aucun des films sortis durant cette période. Ils ont été servis par une distribution de qualité (Sid Ahmed Agoumi, Sid Ali Kouiret, Mustapha Kateb, Rouiched…). Certaines de ces productions soutiennent parfaitement la comparaison avec les meilleurs films étrangers de la même époque. L’autre jour, au lendemain de l’Aid El Fitr, je conversais avec Beida de choses et d’autres, notamment (évidemment) de l’Algérie, de ce qui manquait encore cruellement à notre pays pour qu’il retrouve son aura d’autrefois. En général, quand on dit autrefois, on pense essentiellement aux années Boumediène. Nous avons évoqué le cinéma comme vecteur potentiel de la réhabilitation de cette image. Moi, je continue de penser que cela est possible. Et j’avoue que j’ai souvent adossé cette potentialité à Nedjma de Kateb Yacine, non pas au roman en tant que tel mais à son éventuelle adaptation cinématographique. L’idée que je me fais d’un tel projet est extrêmement exigeante. Je ne parle pas d’un documentaire mais d’un film, un vrai film, un long métrage avec un scénario de haute facture, le plus fouillé possible, des comédiens en phase avec les attentes du public, une histoire haletante à l’image du récit, un scénario qui restitue en arrière-plan la vie de l’auteur par le biais des propos du narrateur. S’il faut faire de Nedjma un film, il faut voir grand, afficher toutes les ambitions qu’il autorise, qu’il suggère. Si on n’est pas capable de faire un film au moins égal au roman en termes d’émotion, de mystère, de curiosité, d’émerveillement, alors il vaut mieux s’abstenir. Pour en faire un film immense, à portée planétaire (parce qu’il le mérite vraiment et parce que la notoriété du livre et de l’auteur est mondiale), il faut que tous les intervenants (équipe technique, scénariste, réalisateur, acteurs…) s’imprègnent comme il se doit du récit, de sa complexité, de sa diversité thématique, de ses rebondissements et bien évidemment de ses personnages au premier rang desquels Nedjma, fil d’Ariane, élément-clé de l’histoire. Mais à qui en confier la réalisation ? La question n’est pas simple. Mais, de grâce, évitons la précipitation ! Ne laissons pas les bureaucrates et les prédateurs « culturels » s’approcher du projet. Ne cédons pas au chant des sirènes ni au discours de ceux qui croient tout connaître du cinéma. Ne cédons pas non plus à la facilité en confiant la mise en scène à un cinéaste au seul motif qu’il présente à son actif quelques films algériens. Certains pourraient penser immédiatement à Ahmed Rachedi. On sait qu’il a réussi pas mal de films, en particulier L’opium et le bâton (adaptation du roman éponyme de Mouloud Mammeri). Mais ce film pour lequel l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens financiers et matériels, aurait-il connu le succès qu’il a connu s’il n’y avait pas eu dans sa distribution Marie Josée Nat et Trintignant ? Et puis, pourquoi Ahmed Rachedi ?
Lamine Bey Chikhi
Laisser un commentaire