Nedjma-2-
Posté par imsat le 12 juillet 2017
Je peux citer d’autres noms de cinéastes qui feraient l’affaire. Sur ce point précis, je préfère laisser les choses en l’état. Je développerai mon point de vue ultérieurement. Pour l’heure, ce que je veux surtout dire c’est qu’il faut mettre le paquet pour Nedjma. Le roman a été traduit dans plusieurs langues. On le connait sur les cinq continents. Il a fait l’objet de nombreuses thèses de doctorat tant en Algérie qu’à l’étranger. Des colloques lui sont régulièrement consacrés. Des universitaires ont sué sang et eau pour décortiquer, décrypter, décoder, déconstruire Nedjma et plus généralement l’oeuvre de Kateb Yacine. Les chercheurs explorent sans cesse de nouvelles pistes de réflexion sur cette oeuvre qui reste encore en friche compte tenu de sa complexité et de sa « porosité interprétative ». L’auteur s’était lui-même dit étonné de l’extrême diversité et richesse des écrits (livres, travaux de recherche, articles, actes de journées d’étude….) consacrés à son travail, et de ce qu’ils révélaient en rapport avec son oeuvre ou avec une face cachée à laquelle il disait n’avoir pas songé. Je rappelle cela précisément pour souligner la nécessité de consulter les spécialistes de cet écrivain hors-normes, dans tout éventuel processus de préparation d’un film sur Nedjma. On sait que Boudjedra a co-écrit le scénario de Chroniques des années de braise de Lakhdar Hamina, Palme d’or à Cannes en 1975. Je me rappelle avoir apprécié ce film notamment du fait de cette collaboration judicieuse entre le réalisateur et l’écrivain. Pour Nedjma aussi, il faut associer les compétences universitaires littéraires aux compétences cinématographiques et organiser ce brainstorming de telle sorte que le produit fini soit pleinement réussi et rayonne dans le monde entier. Nedjma est considéré comme le roman algérien de langue française le plus important du 20è siècle. Un film qui lui serait consacré se doit d’être à la hauteur du roman, de son impact international, de ses tenants et aboutissants. Un film sur Nedjma, cela ne doit pas être un ratage, un gâchis, un coup d’épée dans l’eau. Je pense à Nedjma et j’y associe Anna Karénine, bien que rien ne rapproche les deux histoires. J’ai vu les versions russe et américaine de l’adaptation cinématographique de cette oeuvre considérable de Tolstoï. Eh bien, on devrait faire de Nedjma un film grandiose qui marque tout à la fois la conscience collective en Algérie et partout ailleurs dans le monde mais aussi les annales du cinéma. Il faut s’y préparer sérieusement, soigneusement, rigoureusement et sans doute aussi avec quelque passion et un souci de la performance. « Aux heures les plus chaudes, je m’endormais sous les cèdres, et le sommeil chassait la mélancolie; je m’éveillais gonflé de chaleur. C’était pareil à cette joie sous le figuier, de voir Nedjma au sortir du bain, distante mais sans disparaître, à la façon d’un astre impossible à piller dans sa fulgurante lumière ». Des passages comme celui-ci, le roman en est truffé. Comment les corréler de telle sorte que la magie de leur adaptation à l’écran opère indiscutablement, frappe les esprits ? On ne doit pas escamoter, survoler, rester superficiel, couper au montage des scènes essentielles. Il faut tout montrer ou ne rien montrer du tout !
Lamine Bey Chikhi
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