Bribes d’histoire -27-
Posté par imsat le 22 avril 2019
Plein d’idées, d’impressions, de sentiments, de colères, de contrariétés se bousculent dans ma tête et dont une partie notable a émergé dans le sillage du Mouvement populaire en cours. En vérité, je devrais parler davantage d’une reformulation, d’un réajustement des sentiments en question que de leur émergence. Je me demande, par exemple, de but en blanc, brutalement, sans prendre de gants, si les algériens méritent l’Algérie. Mais je m’empresse d’adoucir mon propos. Je crois que chaque algérien est fondé à dire qu’il aime l’Algérie. Il y en a qui disent que chaque algérien aime l’Algérie à sa façon.
Cette relation à la patrie, comme celles impliquant d’autres notions similaires, je l’appréhende dans un contexte historique, une évolution historique.
Si je devais être plus explicite, je dirais que j’aime l’Algérie comme j’ai aimé Batna, dans les années 60. Mais si je devais dire précisément ce que j’aime dans l’Algérie, ce serait compliqué, laborieux, moins aisé à formuler. Ce que je sais avec une quasi certitude, c’est que mes sentiments à cet égard se démarquent de la linéarité et plus globalement de l’ordinaire, des constats communs. Il ne s’agit pas d’une démarcation volontaire, délibérée, mais plutôt d’un processus spontané impliquant activement la mémoire, donc le passé, mais le passé constamment connecté au présent. Rachid Boudjedra dit d’Albert Camus « qu’il aimait l’Algérie sans les algériens ». Je ne sais pas si cette allégation est totalement vraie. Je suis quelque peu dubitatif car, dans Le premier homme, je ne crois pas avoir lu de propos corroborant ce que dit Boudjedra. J’y ai même lu des passages qui plaident pour le contraire. De toute manière, si tel était le sentiment de l’auteur de L’étranger, je ne le partagerais évidemment pas. Mais cela donne à réfléchir, incite à s’interroger : Comment aime t-on l’Algérie ? Qu’est-ce qu’on aime en elle ? L’aime t-on uniquement au présent ou à tous les temps ? Qu’aime t-on dans son histoire ? Comment concilier ce qu’il y a de matériel et d’immatériel en elle ?
Nation, patrie, pays : Je me demande si on est conscient du sens de ces notions, de leur portée, de leur poids. Peut-on aimer l’Algérie et la quitter ? Comment l’aimer de loin ? Peut-on aimer l’Algérie sans aimer les algériens ? Il y a beaucoup à dire en la matière, les questionnements sont inépuisables, de même que les réponses potentielles…
Lamine Bey Chikhi
Laisser un commentaire