Bribes d’histoire -29-
Posté par imsat le 6 mai 2019
L’histoire, ça se mérite. C’est-ce que je me disais hier tandis que je passais en revue nombre de situations passées et actuelles dans leurs diverses interconnexions. L’histoire se mérite, cela signifie notamment que certains y sont éligibles, d’autres pas. Je ne pense pas spécialement à la grande histoire mais à celle, à taille humaine, dont on a été un témoin voire un acteur. Je crois qu’une sélection naturelle s’opère entre ceux qui y ont accès parce que ce qu’ils ont à dire est sincère, authentique, réfléchi, et les autres. Peut-on la raconter cette histoire juste en la considérant comme une opportunité, parmi d’autres, de joindre l’utile à l’agréable? Possible, mais alors qu’est-ce que l’utile et l’agréable ? Ne risque t-on pas de fausser la démarche, son intérêt intellectuel, les objectifs escomptés ? On m’a fait remarquer que mes digressions et autres parenthèses étaient longues, et qu’elles brouillaient les pistes. Sans doute. Mais dire les choses en filigrane, allonger l’exposé des motifs, parfois outre mesure, c’est aussi un souci de clarification graduelle. Cet éclaircissement n’est productif que progressif. Il n’est pas accessible à ceux qui sont dans la précipitation, la simplification, les relais déformateurs. Ceux-là, au fond, l’histoire ne les intéresse que passablement ou pas du tout. Quand je pense aux êtres chers qui ne sont plus, je me dis que leur disparition ne doit pas être vaine, je veux dire en termes d’enseignements, de réflexion, de questionnements. Ils ont laissé toutes sortes de traces matérielles, humaines, morales, mais qu’auraient-ils souhaité laisser qu’ils n’ont pu concrétiser ? Je m’étais déjà posé la question à propos de mes parents; j’y avais partiellement répondu. Je crois aussi avoir effleuré la même interrogation pour d’autres personnes. Les mêmes interpellations s’appliquent-elles aussi à l’histoire qui transcende celle de la famille ? Ce que je crois, c’est qu’on n’appréhende pas correctement l’histoire nationale en occultant celle de la famille. Les grands bouleversements géopolitiques, les révolutions font fi de la micro histoire, on le savait. Pourtant, l’histoire en fragments est susceptible de favoriser une nouvelle compréhension à la fois de l’histoire globale et du présent.
Lamine Bey Chikhi
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