Bribes d’histoire -41-
Posté par imsat le 30 octobre 2019
Lamine Bey Chikhi
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Posté par imsat le 30 octobre 2019
Lamine Bey Chikhi
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Posté par imsat le 14 octobre 2019
Deux jours avant son décès, je regardais un film en noir et blanc sur Arte, et j’ai pensé à elle, à son interprétation dans l’éducation sentimentale, et dans la vie conjugale. Elle, c’est l’actrice Marie-José Nat dont l’annonce de la disparition, le 10 octobre, m’a beaucoup attristé. En France, les médias se sont contentés de rapporter l’information. Brigitte Bardot est la seule personnalité à avoir dénoncé la marginalisation médiatique de l’événement. Mais moi, je n’ai pas oublié. Mon rapport au cinéma, c’est plein de films, d’acteurs et d’actrices français, italiens, algériens, américains. Marie-José Nat fait évidemment partie de ma culture, de ma mémoire cinématographique. Pour moi, ses films-référence ont un lien avec la guerre de libération nationale. Il y a bien sûr Elise ou la vraie vie qu’elle a tourné sous la direction de son mari de l’époque Michel Drach et dans lequel Mohamed Chouikh fut un excellent partenaire. Mais il y a aussi L’opium et le bâton d’Ahmed Rachedi, adapté du roman éponyme de Mouloud Mammeri; elle y campe superbement le personnage de Faroudja. Je n’oublie pas non plus nombre de ses films des années 60 que j’ai vus au cinéma Le Français, à Alger. Cette salle dont les fauteuils étaient de couleur rouge, a été malheureusement désaffectée et livrée aux quatre vents depuis près de 30 ans; on y projetait surtout des films d’auteur. Lorsque je repense à cette période durant laquelle aller voir un film était pour « nous » une vraie sortie, je m’interroge sur ce qui s’est passé pour tenter de comprendre la terrible régression qui avait commencé à frapper le secteur du cinéma en Algérie, dès la fin des années 70. On ne peut pas tout imputer à la décennie noire ! L’explication est également culturelle, intellectuelle, sans doute aussi généalogique. Le rapport à la culture a complètement été dénaturé, faussé. On a tout déglingué, la production, la distribution, les salles de cinéma ! Cela me fait dire que l’Algérie a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de dirigeants non seulement instruits et compétents mais aussi et surtout éclairés, cultivés.
Lamine Bey Chikhi
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Posté par imsat le 6 octobre 2019
Au début des années 50, notre oncle paternel Abdelaziz a notamment été pion dans un lycée parisien alors fréquenté par Jean Paul Belmondo. Cette séquence qui nous avait été vaguement rapportée quand nous étions adolescents était passée plutôt inaperçue, comme du reste nombre d’autres histoires individuelles par rapport auxquelles il nous a fallu prendre de la distance pour en saisir la singularité, l’intérêt, la portée. Beida se souvient de la photo qu’Abdelaziz leur avait exhibée, le montrant précisément dans un lycée avec le groupe d’élèves qu’il surveillait. A la faveur de cette évocation, il racontait que lorsqu’il se présentait à ses interlocuteurs, il leur disait: « Je suis Chikhi De Batna… » Le « De » était mis en avant par ses soins comme une particule nobiliaire, un élément de rattachement à l’aristocratie. C’était sans doute une plaisanterie de sa part, mais qui pouvait néanmoins faire mouche dans les milieux mondains ou simplement dans un système relationnel ordinaire. Une plaisanterie sans doute mais que je ne trouve pas tout à fait déconnectée des réalités ni sans quelque fondement. Je veux dire par là que l’on peut invoquer ou revendiquer un titre de noblesse ou ce qui pourrait s’y apparenter à partir du moment où la famille à laquelle on appartient dispose d’une assise patrimoniale, financière conséquente, d’un parcours historique, d’une influence sociale. C’était bien encore le cas de notre famille à l’époque considérée. Cette anecdote concernant Abdelaziz, je crois bien en avoir extrapolé des éléments pour justifier que l’on puisse en effet se sentir appartenir à un groupe social spécifique, minoritaire, économiquement privilégié à un moment de l’histoire, mais pas seulement. Je pense ainsi à l’aristocratie au sens large, celle qui englobe les élites, mais aussi des notables ou des riches, une sorte de nomenklatura. Pendant longtemps, cette dimension de notre famille a été considérée comme une quasi évidence sur laquelle il n’y avait pas lieu de s’appesantir. Avec le recul, j’ai trouvé que cette « marginalisation », cette mise en sourdine n’était pas justifiée et qu’il fallait au contraire en parler, en approfondir l’exploration. J’ignore si Abdelaziz se présentait à ses interlocuteurs comme il le faisait en songeant à la place singulière, importante et digne d’intérêt de notre famille, historiquement parlant. Peut-être y pensait-il d’une façon ou d’une autre.
Lamine Bey Chikhi
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