Bribes d’histoire -40-
Posté par imsat le 14 octobre 2019
Deux jours avant son décès, je regardais un film en noir et blanc sur Arte, et j’ai pensé à elle, à son interprétation dans l’éducation sentimentale, et dans la vie conjugale. Elle, c’est l’actrice Marie-José Nat dont l’annonce de la disparition, le 10 octobre, m’a beaucoup attristé. En France, les médias se sont contentés de rapporter l’information. Brigitte Bardot est la seule personnalité à avoir dénoncé la marginalisation médiatique de l’événement. Mais moi, je n’ai pas oublié. Mon rapport au cinéma, c’est plein de films, d’acteurs et d’actrices français, italiens, algériens, américains. Marie-José Nat fait évidemment partie de ma culture, de ma mémoire cinématographique. Pour moi, ses films-référence ont un lien avec la guerre de libération nationale. Il y a bien sûr Elise ou la vraie vie qu’elle a tourné sous la direction de son mari de l’époque Michel Drach et dans lequel Mohamed Chouikh fut un excellent partenaire. Mais il y a aussi L’opium et le bâton d’Ahmed Rachedi, adapté du roman éponyme de Mouloud Mammeri; elle y campe superbement le personnage de Faroudja. Je n’oublie pas non plus nombre de ses films des années 60 que j’ai vus au cinéma Le Français, à Alger. Cette salle dont les fauteuils étaient de couleur rouge, a été malheureusement désaffectée et livrée aux quatre vents depuis près de 30 ans; on y projetait surtout des films d’auteur. Lorsque je repense à cette période durant laquelle aller voir un film était pour « nous » une vraie sortie, je m’interroge sur ce qui s’est passé pour tenter de comprendre la terrible régression qui avait commencé à frapper le secteur du cinéma en Algérie, dès la fin des années 70. On ne peut pas tout imputer à la décennie noire ! L’explication est également culturelle, intellectuelle, sans doute aussi généalogique. Le rapport à la culture a complètement été dénaturé, faussé. On a tout déglingué, la production, la distribution, les salles de cinéma ! Cela me fait dire que l’Algérie a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de dirigeants non seulement instruits et compétents mais aussi et surtout éclairés, cultivés.
Lamine Bey Chikhi
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