Bribes d’histoire -41-
Posté par imsat le 30 octobre 2019
Tout ce qui se passe aujourd’hui en Algérie en lien avec la poursuite du mouvement de contestation populaire est intéressant non seulement d’un point de vue politique mais aussi au regard de l’histoire. Les protestataires stigmatisent le système mais ne le font pas de façon homogène, cohérente et vraiment argumentée. Leur critique acerbe, souvent vulgaire et insultante, porte tantôt sur les 20 dernières années (les années Bouteflika) tantôt sur toute la période 1962-2019. Je ne me retrouve pas du tout dans les commentaires ciblant ces deux périodes; je les trouve excessifs, tendancieux et en contradiction avec ce que l’on pouvait entendre en général dans l’espace public avant le Hirak. Combien de fois n’ai-je pas entendu des algériens dire regretter le bon vieux temps, les années 60-70, le retour au pouvoir en 1999 de Bouteflika considéré alors, à juste titre d’ailleurs, comme l’homme providentiel. Le bon vieux temps, c’était tout cela globalement perçu ou appréhendé via des séquences, des arrêts sur image. « La belle époque », c’est aussi plein de souvenirs, de rencontres, une ambiance, des perspectives, un espoir. C’est vrai, la mise en exergue de ces moments, fabuleux pour nombre d’algériens, se fait souvent à titre individuel ou à un niveau familial, et c’est justement d’abord sous ce prisme qu’il me parait important d’entamer l’observation puis l’analyse des faits historiques. Si on est sincère, si on est de bonne foi, on doit faire la part des choses, séparer le bon grain de l’ivraie. Rien n’est parfait mais tout n’est pas à rejeter en bloc. C’est pourquoi, il me parait impensable d’aborder la macro histoire sans passer d’abord par ce qui relève de l’individu, de son parcours, de sa propre perception des faits sociaux et politiques. « Et puis, n’oubliez pas la remarque de Hannah Arendt: Aucune réflexion théorique n’aura jamais la richesse de sens d’une histoire bien racontée » (Jorge Semprun)
Lamine Bey Chikhi
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