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Bribes d’histoire -53-

Posté par imsat le 21 février 2021

    • « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants » (Jean d’Ormesson)
    • Il y a 60 ans, Le 21 février 1961, disparaissait, à l’âge de 51 ans, mon cher père Messaoud Arezki. Allah yerahmou, paix à son âme. Je crois n’avoir jamais cessé de penser à lui, d’une manière ou d’une autre. J’en suis même absolument sûr. Je crois avoir dit que je ne pensais pas à lui comme à ma mère. Je pense à eux différemment. Par moments, j’ai l’impression d’être dans une sorte de redondance dans ma façon de les évoquer. En réalité, cela n’a jamais été le cas. Aujourd’hui, j’ai la certitude qu’il y a toujours des circonstances porteuses ou génératrices d’un nouveau regard sur mes parents, sur nombre d’hypothèses liées à leur destin. Récemment, mais ce n’était pas la première fois, je me suis interrogé de nouveau sur les décisions cruciales que certains événements majeurs imposent et rendent incontournables. Mon père, par exemple, serait-il resté en Algérie après l’indépendance s’il n’avait pas disparu prématurément ? J’ai émis plusieurs hypothèses à ce sujet sans trancher la question. Naturellement, dans mes supputations, j’ai mis en avant l’aspect professionnel comme un élément déterminant dans la décision qu’il aurait été amené à prendre pour expliquer et justifier un départ (le sien et donc le nôtre, je veux dire notre famille). Il assurait la représentation de plusieurs sociétés dont les plus importantes avaient leur siège en France mais qui ont dû quitter le pays dès la fin de la guerre de libération nationale. Si certaines de ces firmes ont pratiquement cessé de commercer avec l’Algérie au lendemain de l’indépendance, d’autres ont vu leurs succursales algériennes progressivement nationalisées. Il y avait donc un ensemble de facteurs qui pouvaient objectivement, légitimement inciter mon père à opter pour un départ à fortes motivations professionnelles. Et d’ailleurs, quelle activité réellement en phase avec ses ambitions, son esprit libre, son tempérament libéral aurait-il pu exercer après l’indépendance ? Il avait, certes, des partenaires commerciaux algériens, mais leur réseau était limité.
    • Encore une fois, je ne fais que conjecturer sur une question à laquelle toutes les réponses possibles seraient purement théoriques, abstraites, relatives. Il m’est arrivé d’en évoquer quelques-unes avec Ferid, Beida et Anis. Nous pouvions converger sur certains aspects et nuancer le propos en fonction de notre subjectivité. Si je continue à mettre en exergue l’explication professionnelle comme fondement principal d’un départ « probable » de mon père, ce n’est surtout pas pour y figer un raisonnement que je souhaiterais au contraire étoffer en tenant compte de nouvelles conjonctures liées à la problématique plus globale des questions mémorielles caractérisant la relation Algérie-France. Il est évident que je pourrais parfaitement théoriser, conceptualiser bien des situations à partir d’autres hypothèses, complètement différentes voire contradictoires. Mon père serait-il resté en Algérie, pas nécessairement à Batna, et aurait-il relevé les multiples défis induits dans le sillage de l’indépendance ? Après tout, pourquoi se polariser exclusivement sur l’idée du départ ? Au reste, ma mère m’avait parlé de certains souhaits et aspirations de mon père, notamment en rapport avec l’hôtellerie. Elle disait qu’il songeait à des projets en ce sens, à Alger. Justement, ces projets, y pensait-il dans la perspective d’une Algérie libre et indépendante ? Oui, très probablement, dans la mesure où il disait fréquemment à ma mère sa conviction que l’Algérie finirait par arracher son indépendance. En tout état de cause, je préfère rester dans le questionnement, la nuance, la distanciation. Je ne voudrais pas être dans l’affirmation. La difficulté dans ce genre de raisonnement, c’est la tentation de la projection individuelle par rapport à toutes sortes d’éléments historiques, culturels, intellectuels et à leur évolution. En revanche, il ne me paraîtrait pas inintéressant d’en faire une source d’inspiration pour tenter de décrypter les lignes saillantes de ce qui pourrait constituer une typologie des diverses raisons et motivations profondes à l’origine de centaines de milliers de départs. Qu’est-ce que cela pourrait signifier au regard de l’histoire de l’Algérie près de 60 ans après l’indépendance ? Quel impact une telle approche pourrait-elle produire sur ma vision des perspectives algériennes ?
    • Lamine Bey Chikhi

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