Bribes d’histoire -56-

Posté par imsat le 31 mai 2021

Je crois que l’histoire de l’Algérie française ne cessera pas de susciter questionnements, constats et étonnements de toutes sortes.

Il m’arrive de consulter sur facebook des pages consacrées à des photos liées à l’époque coloniale. Des photos en couleur et en noir et blanc essentiellement urbaines, montrant des villes algériennes, des scènes de rue prises durant la période en question.

Beaucoup de ces photos concernent les grandes villes (Alger, Oran, Annaba…) mais il y en a aussi qui mettent en évidence des villes moyennes ou petites comme Blida, Tizi Ouzou, Médéa, Mascara.

Je les regarde avec un certain détachement, d’abord parce qu’il me reste pas mal de souvenirs, d’images et d’impressions de l’époque dont il s’agit, via mon enfance batnéenne, ensuite parce que j’ai déjà largement anticipé les réponses aux commentaires et observations qu’ils soulèvent et que je passe en revue.

Je suis étonné des réactions dithyrambiques des internautes au sujet de ce qu’ils considèrent comme le bon vieux temps ou comme une période heureuse de l’Algérie.

Ces algériens, pour la plupart nés après l’indépendance, expriment une nostalgie pour des villes, des  constructions, des mutations architecturales, sociopolitiques qu’ils n’ont pas connues directement ni vécues.

Je me suis  demandé si l’on pouvait éprouver de la nostalgie pour ce que l’on n’a pas connu. J’ai pensé à mes propres nostalgies, celles dont j’ai abondamment parlé durant toute une décennie. Nostalgie familiale, nostalgie artistique ou cinématographique. Nostalgie de certaines rues,  de noms de boulevards, de quartiers disparus. Nostalgie pour des êtres qui nous ont quittés.

Je relativise la comparaison en soulignant que mes nostalgies reposent sur des souvenirs connectés à un vécu. Le cinéma, c’est du réel parce que ce sont des films que j’ai vus. Il m’arrivait, par exemple, de m’imaginer aussi fringant et ambitieux que Rastignac après avoir lu Le Lys dans la vallée, de Balzac, et vu son adaptation cinématographique.

Je ressens de la nostalgie pour la Russie impériale, pour la famille Romanov, à partir de ce que j’en ai appris via nombre de documentaires sur leur histoire, sur leur destin tragique.

Et puis, il y a bien sûr Proust et sa recherche du temps perdu. Mais, je fais la part des choses. Cela n’a rien à voir avec une adhésion automatique à des tranches, des épisodes historiques qui ont constitué un processus de colonisation destructeur, meurtrier, et pour tout dire génocidaire.

En lisant les commentaires sur des photos de l’Algérie française, j’ai tenté de les comprendre et finalement de les justifier en les comparant à une quête portant sur un pays et des villes qui ont certes existé mais dont l’histoire a façonné, nourri l’imaginaire de ceux qui les ont effectivement connus mais aussi de ceux qui ne les ont appréhendés que par le biais d’une transmission sublimée, fantasmée, sans doute excessivement subjective, donc tronquée.

Les nombreux commentaires sur lesquels je me suis arrêté font ouvertement et sans réserve  l’éloge d’une certaine Algérie française. J’ai relevé de très rares réponses attirant l’attention sur l’absence d’arabes sur les photos. Dans leur immense majorité, les images ne montrent que des européens, des pieds noirs. Des intervenants littéralement subjugués par ce que leur donnent à voir ces photos, parlent même à leur manière, implicitement ou indirectement, d’effets positifs de l’époque coloniale…

Lamine Bey Chikhi

 

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