Bribes d’histoire -57-

Posté par imsat le 30 juin 2021

Je ne l’avais pas revu depuis pas mal de temps.
Oui, j’aurais bien aimé le revoir. J’avais régulièrement de ses nouvelles.
J’étais rassuré de le savoir globalement en bonne santé.
Il continuait d’aller à la mosquée et faisait toujours sa marche quotidienne. Il ne lisait plus, ne regardait plus la télévision, mais il écoutait la radio.
J’aurais bien voulu le revoir, d’abord pour le plaisir de le revoir, ensuite pour évoquer avec lui des points d’histoire, liés à la période 1940-1950.
Nombre de ces questions étaient dans ma tête.
Je pensais aussi à la meilleure façon de les lui poser.
Je me disais : « comment l’interroger sur tel ou tel aspect de telle sorte que ses réponses ne soient pas longues afin que je puisse précisément l’interpeller sur le maximum de faits ou d’événements auxquels il aurait assisté ou qui lui auraient été rapportés…? »
La perspective d’aller lui rendre visite me renvoyait systématiquement à la nécessité de songer, à l’avance, à des précautions méthodologiques pour une conversation fluide, agréable, utile et instructive.
Comparaison n’est pas raison. Sans doute.
Mais c’est toujours bien de comparer pour mieux expliquer les choses et montrer finalement toute la simplicité d’une réflexion qui ne présente que les apparences de la complexité.
Je me suis remémoré les conversations que j’avais avec tante KF en fonction de son état de santé. Nous parlions des choses ordinaires de la vie.
Quelquefois, elle restait silencieuse, je ne la relançais pas, cela pouvait durer trois à cinq minutes, parfois plus.
Le temps prenait une autre dimension. L’atmosphère était toujours légère, douce, printanière. Je me sentais serein et parfaitement détendu.
Eh bien, cet intervalle, je l’appréciais, je le trouvais précieux.
Aujourd’hui, lorsque je repense à ce silence qui pouvait signifier notamment un tarissement de la mémoire, je le perçois plutôt comme une pause qui incitait à prendre le temps de revenir sur des échanges antérieurs.
Avec elle, c’était ainsi.
Avec BR, c’est différent.
Les préalables formels et pratiques auxquels j’aurais soumis notre échange ont à voir avec le pragmatisme, en tout cas, avec le contraire de la nostalgie.
Pourquoi ? Parce que le tempérament de l’interlocuteur est celui de quelqu’un de réaliste, de linéaire.
Au fond, je pourrais simplifier le propos en le comparant à l’appréciation que suscite une photo.
Il m’arrive de commenter des photos sur twitter. C’est ma subjectivité qui s’exprime. Je regarde, je me souviens. Et si cela me fait penser à une situation précise, un souvenir en particulier, une rencontre, j’extrapole, s’il y a lieu, puis je commente.
Dans ce processus, les interludes, les pauses et autres arrêts sur image sont fréquents. Eh bien, c’est cela que j’aurais aimé introduire dans mes entrevues avec BR.
Lamine Bey Chikhi

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