Bribes d’histoire -65-
Posté par imsat le 28 février 2022
On dit de certains auteurs qu’ils écrivent toujours le même roman. On pourrait aussi dire que leur style est constant, ce qui ne veut pas dire linéaire, de même que leurs tournures de phrases. Leurs citations sont retentissantes, saisissantes et suscitent une adhésion généralement immédiate, collective voire quasi universelle. C’est également le cas de nombre d’artistes (cinéastes, acteurs, actrices, photographes, peintres…) Si je devais illuster ce à quoi je songe précisément, je le ferais en rapportant les citations suivantes que je fais naturellement miennes :
« Pourquoi certaines choses du passé surgissent-elles avec une précision photographique? »(Patrick Modiano).
» La simplicité est la sophistication suprême » (Léonard De Vinci)
» Mon indépendance qui est ma force, induit ma solitude, qui est ma faiblesse » (Pier Paolo Pasolini)
Ces citations n’ont pas de lien entre elles. Elles ne sont pas rivales, concurrrentes ou antagonistes. Elles sont différentes dans leur signification et leur portée. Les trois sont percutantes, belles, attractives. Je ne saurais préférer l’une au détriment de l’autre. Je leur accorde la même importance intellectuelle. Ce sont des aphorismes qui confortent, crédibilisent le statut de leurs auteurs. Je cite Pasolini parce que j’ai toujours apprécié son travail et ses postures atypiques mais également parce que j’aime beaucoup le cinéma à la fois comme divertissement et incitation au questionnement. J’aurais aimé entamer une réflexion autour de ce qui pourrait constituer une sorte de hiérarchie des arts et des lettres, un classement au regard de leur discours, de leur impact littéraire, esthétique, poétique voire politique. Cette thématique m’intéresse de plus en plus d’autant que les données disponibles sur internet permettraient d’en découvrir les multiples facettes et d’en approfonfir l’exploration. Littérature, cinéma, peinture, photographie, tout cela est lié. Je ne le dis pas seulement pour des raisons objectives évidentes. Je le pense aussi pour des considérations subjectives, personnelles, connectées à un parcours historique. A Batna, entre 1964 et 1967, j’allais au cinéma au moins trois fois par semaine, en soirée. Tantôt seul tantôt avec S. Azzedine. Nous avions failli rater notre brevet et abandonner carrément les études à cause de notre fréquentation assidue des salles obscures. Très vite, j’ai aimé l’adaptation cinématographique des grandes oeuvres littéraires (Guerre et paix, Anna Karénine, L’Etranger, Le Rouge et le Noir, Le Guépard…). Ce prolongement, cette jonction cinématographique de romans exceptionnels me paraissait magique. J’étais toujours heureux par anticipation à l’idée de pouvoir suivre la transposition à l’écran d’un recit littéraire que j’avais lu et qui m’avait marqué. Les langage artistiques ou littéraires ont leurs propres spécificités que j’apprécie comme telles, mais leur interaction, leurs synergies permettent de jouir davantage des plaisirs qu’ils procurent. La photographie n’est pas en reste. J’entretiens avec cet art un lien particulier qui renvoie à l’histoire, aux premiers albums de famille que je consultais fréquemment et toujours avec le même émerveillement, la même curiosité, le même étonnement. Je ne m’en lassais pas. Pour tout dire, j’aurais tellement aimé faire de la mise en scène, de la street photography ou encore écrire des scénarios, peut-être les trois en même temps…
Lamine Bey Chikhi
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