Bribes d’histoire -70-
Posté par imsat le 31 juillet 2022
« Écrire, c’est lever toutes les censures » (Jean Genet)
Oui, mais encore faut-il en être capable, le vouloir vraiment. Et puis, pourquoi le faire, dans quelle optique, pour quels objectifs ?
En être capable, je veux dire surtout mentalement, psychologiquement, culturellement.
Ce n’est pas une affaire de technicité, de style, de formulation même si la façon d’écrire peut aider à surmonter des blocages, des obstacles.
Mais la question me paraît importante: pourquoi vouloir tout dire ? Je crois qu’il faut répondre à cette interrogation avant d’envisager de tout raconter. Il y a aussi la manière de dire les choses. Faut-il être dans la nuance, la subtilité, le franc-parler, la brutalité, la transparence totale, la suggestivité, les allusions ? Il m’est arrivé de formuler des propos directs, sans mettre de gants, mais que j’ai relativisés aussitôt après pour diverses raisons. Je voulais dire certaines choses à Yabb notamment au sujet de Yasmina Khadra mais je me suis rappelé que sur nombre de thèmes liés à la culture, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Je le lui ai d’ailleurs fait savoir. Je lui ai aussi dit que je n’aimais pas du tout que certaines de mes réflexions soient gâchées, gaspillées, dénaturées, abîmées. Je lui ai juste indiqué qu’il (Y.Khadra) se prenait pour le centre du monde, qu’il avait pris la grosse tête, qu’il était mégalomane, susceptible, plutôt maladroit et agressif dans ses propos, et qu’il n’avait aucune culture littéraire. Quand, à Tizi Ouzou, dans le cadre de la promotion de son dernier livre Les Vertueux, Y.Khadra déclare, toute honte bue, que c’est lui qui a ouvert le monde à la littérature algérienne, il est vraiment englué dans sa folie des grandeurs. En d’autres termes, cet auteur fait table rase de tous les ecrivains algériens qui l’ont précédé dans la littérature (Kateb Yacine, Mohamed Dib, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Mouloud Mammeri, Rachid Mimouni, Mouloud Feraoun, Malek Haddad…) et de leurs oeuvres dont certaines sont mondialement connues et traduites en plusieurs langues. Yasmina Khadra zappe également (parce qu’il n’a aucun savoir ni aucune connaissance en la matière) les innombrables travaux universitaires réalisés précisément sur la littérature algérienne d’expression française, en Algérie, en France et partout ailleurs dans le monde. C’est donc aux universitaires, aux spécialistes de la littérature algérienne francophone, au premier rang desquels nombre de professeurs algériens, qu’il convient de rendre hommage. Ils le méritent amplement et mille fois plus que Y.Khadra. Je ne souhaitais pas en dire plus à Yabb. J’ai changé carrément de sujet en lui rappelant que si nous devions déjeuner ensemble, comme il me l’avait proposé, ce serait bien qu’il invite une ancienne ambassadrice ou une artiste-peintre ou plutôt une violoniste. Oui, c’est ça, une violoniste. Pas une pianiste, non, une violoniste. J’ai insisté sur ce point. Je sais ce que je dis et pourquoi je le dis. Un fantasme ? Pas forcément ou un peu quand même. Je trouve que les femmes qui jouent du violon sont généralement gracieuses, élancées, romantiques, qu’elles se mettent parfaitement au diapason de la musique qu’elles interprètent, qu’elles font corps avec leur instrument…
Lamine Bey Chikhi
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