25 août 1958 et 17 octobre 1961
Posté par imsat le 28 octobre 2022
Une fructueuse résonance internationale
Mohamed Larbi CHIKHI dit Babi
Pour rester dans le sillage des années 55/56, évènements qui ont porté la lutte de libération au paroxysme de la guerre et son non-retour, les 25 août 1958 et 17 octobre 1961 vont constituer à leur tour des dates extrêmement importantes dans l’évolution de la conduite du combat libérateur.
Et elles le sont à plus d’un titre.
D’abord, elles marquent l’extension territoriale, stratégique et politique de la lutte de libération nationale.
En effet le combat devait absolument se propager sur le territoire de la France métropolitaine pour que son impact à l’international soit plus significatif.
Ensuite, il fallait faire en sorte que cela coïncide avec la chute de la 4ème République et le retour de De Gaulle au pouvoir dans le sillage duquel est née la 5ème République.
Il fallait par conséquent faire passer un message clair à De Gaulle et à la nouvelle direction politique française sur l’inéluctabilité de la poursuite de la guerre de libération nationale jusqu’à la victoire finale.
Enfin, s’agissant des manifestations du 17 octobre 1961, on ne dira jamais assez qu’elles ont largement contribué à hâter la fin de la guerre tout en prouvant l’engagement plein et entier de la Fédération de France du FLN, de ses cadres et militants, de ses sympathisants dans la lutte pour l’indépendance du pays.
Cette connexité stratégique n’a pas été le fruit du hasard, elle n’a pas surgi ex nihilo. Elle a été mûrement réfléchie par la direction du FLN dans le cadre global des conditions à consolider pour la poursuite et l’intensification de la guerre de libération.
Il fallait faire bouger les lignes à l’international. Voilà pourquoi les événements en question ont été marquants et ont influé sur le processus visant la fin de la guerre d’Algérie dans un contexte politique international favorable et propice à la décolonisation.
Concernant précisément le contexte international, il était en effet favorable à notre cause, et nous étions conscients, au sein de la Fédération, du fait que l’action armée, l’engagement sur le terrain militaire étaient devenus incontournables pour globaliser le dossier algérien et faire entendre la voix de l’Algérie combattante par tous les moyens disponibles.
La décolonisation devait désormais prendre forme sur tous les terrains (diplomatique, politique, militaire…) pour bien montrer que le mouvement y afférent était total et qu’il ne tolérait ni atermoiements ni recul.
Et aussi bien l’impulsion que l’initiative du processus devait revenir tout légitimement au colonisé qui affichait sa volonté de se libérer de ses « complexes » quant à l’utilisation des armes contre le colonisateur.
Il devenait donc absolument nécessaire de relever le défi sur le territoire même du colonisateur, en présence de son peuple qui, lui, assiste, médusé, à la manifestation de tant de courage et de bravoure de la part de nos commandos face à leurs ennemis malgré l’inégalité des moyens.
Les attaques de nos forces un 25 Août 1958 viennent également rappeler que la guerre ne fait que commencer sur un autre terrain, celui de l’épreuve de force, de l’affrontement direct sur un territoire que beaucoup croyaient sanctuarisé et inattaquable. 85 de nos éléments sont tombés en martyrs dans différentes attaques menées plusieurs jours durant contre des sites et objectifs stratégiques à travers le territoire français.
Cette offensive à caractère militaire mérite non seulement d’être mise en évidence et commémorée chaque année au titre du devoir de mémoire, mais elle gagnerait aussi et surtout à être traitée par nos historiens et universitaires.
Il s’agit d’expliquer avec force détails pourquoi et comment la jonction des stratégies internes et externes du FLN devait s’effectuer et donner lieu à des actions de type militaire.
Il était important de montrer de la détermination dans le processus de dissémination de la lutte de libération nationale, et de prouver concrètement que le discours politique et diplomatique du FLN se traduisait systématiquement sur le terrain de la lutte armée, y compris dans l’Hexagone.
Quant aux manifestations du mois d’octobre 1961, sous la direction du FLN, elles offrent encore une autre lecture a insérer dans le contexte de la lutte que nous menions déjà vers la lutte finale.
Étant entendu que les forces nationales et internationales avaient choisi leur camp, et que la bête était terrassée, vaincue par nos militants qui ont accepté de sortir ce soir du 17 octobre 1961 les mains nues, bravant le préfet Maurice Papon et la répression qu’il a ordonnée. Ce fut sa dernière erreur,
Le fleuve où il croyait pouvoir dissimuler sa perfidie, continue à briser le silence en rappelant aux uns et aux autres « qu’ici on noie les Algériens » et qu’au Vel d’Hiv, en 1958, la rafle des Algériens a laissé les traces indélébiles des méthodes nazies, contre les juifs en juillet 1942. Les supplétifs de l’époque vont exercer les mêmes méthodes contre les Algériens au même endroit et partout où ils se trouvent.
M.L CHIKHI, ancien détenu et permanent de la Fédération de France du FLN (1957-1962)
Publié dans Non classé | Pas de Commentaire »