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De Vadnay à Thol : Quelques faits marquants de notre détention

Posté par imsat le 6 décembre 2022

De Vadnay à Thol 
 
Quelques faits marquants de notre détention
Mohamed Larbi Chikhi dit Babi
 
Avant notre transfert à Thol dans l’Ain et comme à son habitude, l’administration du camp de Vadnay procéda à l’appel des prisonniers. Au fur et à mesure, nous fûmes menottés et installés dans les véhicules.
Le voyage jusqu’au camp de Thol va durer toute une journée avec un arrêt a Bourg-en-Bresse pour nous permettre de manger un morceau.
Dès notre arrivée à destination, les représentants du camp organisèrent très rapidement notre installation dans des baraquements.
Pour le dîner, on nous servit une soupe de poireaux, et quelques pommes de terre à l’eau.
En guise de dessert, on nous donna une pomme. C’était la première fois que nous y avions droit.
La fatigue finit par avoir raison de nous. Avant d’aller nous coucher, nous avions désigné les responsables qui devaient communiquer les renseignements concernant notre transfert.
Mohamed Slim Riad s’occupa de cette mission.
Formation politique 
Le lendemain, après le petit-déjeuner, une réunion de mise au point eut lieu avec les membres du comité du camp, on s’assura que tous étaient des membres du FLN dont certains parmi nous acceptèrent de faire partie.
Bien sûr, nous apportâmes des améliorations, notamment en formation politique pour maintenir présente à l’esprit la cause nationale, et décidâmes l’observation d’une minute de silence tous les vendredis.
Cet encadrement était aussi important et nécesssaire pour la discipline et la cohésion générale du camp. Il s’agissait aussi d’agir de telle sorte que nous prenions notre mal en patience d’autant que nous n’avions aucune indication sur le sort qui nous serait réservé.
Une fois les repas liquidés, chacun organisa son temps libre comme il voulait ; certains écrivaient leur courrier, d’autres jouaient à la belote ou aux dames. On déplorait très peu d’incidents, il y avait surtout des petits malentendus à cause des corvées journalières. Il fallait de toute façon éviter l’oisiveté et le ressassement autour de questions inutiles qui risquaient d’assombrir les perspectives.
Pendant  notre détention, nous fûmes  surpris  de trouver un musicien parmi nous, il était accordéoniste. L’administration du camp avait toléré qu’il joue de son instrument de temps à autre. C’était un véritable virtuose, il nous accompagnait dans nos chants  patriotiques, surtout le magnifique et puissant Min Djibellina (de nos montagnes…), nous étions aussi ravis puisque il sera lui aussi transféré en même temps que nous de Thol à Vadnay, avec son instrument.
Près de 1000 détenus
Les équipes chargées de ramener la pitance devaient sortir du camp pour le faire. Les ustensiles étaient lavés par nos soins, les douches fonctionnaient et nous y avions droit à tour de rôle.
Nous étions pas loin de 1000 détenus, il fallait faire en sorte que tout se passe globalement correctement au quotidien, au triple plan relationnel, mental et collectif.
Nous pratiquions tous les sports.
Le football restait évidemment le sport fédérateur qui réunissait tout le monde dans le périmètre du camp.
C’était d’ailleurs le seul moment où les gardes mobiles cessaient de tourner dans le chemin de ronde qui entourait le camp.
Souvent, le Commissaire Gavoury assistait à nos matchs, au milieu des spectateurs.
Tentatives d’évasion de Slim Riad et autres compagnons
Il n’y a jamais eu d’incidents majeurs jusqu’à la tentative d’évasion de Mohamed Slim Riad et ses compagnons qui furent d’ailleurs tous repris, faute de soutien à l’extérieur et de cartes de la région.
Isolés quelques jours, nous voilà de nouveau retransférés à Vadnay où soi-disant les conditions de sécurité étaient plus draconiennes.
Cela n’a pas empêché Slim de récidiver en creusant un tunnel sous les baraquements. Malheureusement, comme tous les détenus voulaient quitter le camp où la vie n’était pas une sinécure, loin s’en faut, l’administration a vite découvert le pot aux roses:  une fouille systématique a mis à jour le trou du tunnel. « Bravo les gars !  » a crié le Directeur, ce sera pour la prochaine fois.
Ceux qui ont réussi à prendre la fuite ont fini par être repris, isolés quelques jours avant de réintégrer le camp. Certains, parmi eux, étaient libérables quelques jours après. Il fallait prendre son mal en patience.
Dès janvier 1960, les libérations pour quelques-uns commencèrent.
Il s’agissait souvent de personnes malades, de pères de familles ou encore de privilégiés en faveur desquels des personnalités françaises avaient intercédé.
Avant de clore ce chapitre, je n’omettrais pas de rappeler que Slim Riad s’est beaucoup inspiré de notre détention dans les camps pour réaliser son oeuvre cinématographique aprés l’indépendance du pays.

ML Chikhi dit Babi

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