Retour à Alger et nouvelles missions
Posté par imsat le 30 juillet 2023
Après avoir assaini la situation au niveau de l’Amicale à Paris, et de retour définitivement à Alger, je suis désigné au département de l’Émigration du FLN en qualité de responsable de zone sous l’autorité de Chérif Belkacem Coordinateur du Secrétariat exécutif du Parti.
L’objectif du Parti était de mettre en application les recommandations et les résolutions du séminaire sur l’émigration tenu en Août 1966.
Organiser et fédérer l’émigration: un enjeu stratégique
Je me suis immédiatement mis au travail, notamment en rendant visite à certaines institutions qui avaient un rapport direct avec l’émigration, comme par exemple, le Ministère du Travail.
Mazouzi, le ministre du Travail, était un homme très affable et compréhensif, il nous avait marqué son accord quant à toute aide dont nous aurions besoin d’autant qu’il était déjà en train de réfléchir aux négociations avec les autorités françaises visant à définir un cadre politique et juridique pour protéger notre émigration.
Il était donc preneur de toute proposition venant du Parti avec le concours de Elhabib Djaffari chef de Cabinet de Chérif Belkacem et Si Larabi président de la Chambre de commerce ainsi que d’autres cadres qui avaient participé au séminaire sur l’émigration.
Une commission économique fut installée au siège même de la Chambre de commerce, ensuite dans nos propres locaux, des sous-commissions furent aussi mises en place pour travailler sur les autres questions economiques et sociales.
Dans le cadre des missions assignées, pour le recrutement des compétences dont nous avions besoin, j’avais réussi à mobiliser une cinquantaine de cadres de haut niveau, parmi lesquels Mehanni Mohamed docteur en démographie, ancien élève d’Alfred Sauvy agrégé de sociologie et grand démographe, et Ferhat Lounès ingénieur en statistiques, devenu par la suite président du CNES puis ambassadeur d’Algérie à Bruxelles avant de finir sa carrière comme ambassadeur aux Seychelles.
La composante de l’equipe que j’avais réunie à Paris autour de l’idée du séminaire sur l’émigration venait de différents horizons professionnels. Le groupe a pesé par ses préconisations novatrices et révolutionnaires sur les autorités de l’époque. Les propositions avancées se fondaient sur un diagnostic exhaustif et sans complaisance de notre émigration.
C’est du reste dans ce sillage que le ministère des Affaires étrangères a commencé à prendre à bras le corps les préoccupations de l’émigration.
Au bout de quelques mois, un rapport fut élaboré et soumis au Président. Suite à quoi, chaque Ministre avait été rendu destinataire du même document.
Après une année de réunions, de mises au point, nous voilà réunis au Club des Pins.
Août 1966, Journée inaugurale du séminaire et premier grand discours de Houari Boumediene en présence des membres du Conseil de la Révolution et de nos participants.
Les travaux vont durer une bonne semaine. La clôture est présidée par Chérif Belkacem.
L’Amicale a organisé d’autres séminaires par la suite pour ancrer la tradition de l’existence de l’émigration.
Sur le terrain, les problèmes qui se posaient alors étaient bien loin de la vision que nous en avions quand nous étions en France. Il nous a fallu faire preuve de pragmatisme et affronter les réalités telles qu’elles se présentaient : Une lutte sourde pour le pouvoir commençait à se faire jour en l’absence d’institutions élues.
Le Conseil de la Révolution était le seul organe qui se réunissait épisodiquement pour trancher les conflits qui naissaient par ci par là, et annonçer une feuille de route à chaque fois que nécessaire.
Traiter les problèmes en fonction des moyens disponibles
Les dossiers qu’il fallait régler au quotidien étaient légion, et pour tout dire, au dessus des moyens disponibles au sein des structures du Parti qui éprouvaient de grandes difficultés à prendre en charge les desiderata multiformes du peuple.
J’ai eu à le constater aussi bien en tant que collaborateur de Chérif Belkacem que comme chef du protocole de Kaid Ahmed avant de rejoindre successivement Slimane Hoffman à la wilaya d’Alger puis la Présidence à l’époque de Boumediene.
Aujourdhui, il faut rendre un grand hommage à la fois à notre peuple qui fut très sage, et aux hommes politiques de cette époque qui ont su gérer cette période en produisant de l’enthousiasme et de l’espoir malgre l’absence de moyens…
Pour en revenir à la gestion consulaire de l’émigration, je dois dire que le Département des Affaires étrangères a marqué de son empreinte l’exercice de cette activité. L’Etat algérien entendait ainsi consolider l’encadrement de la diaspora algérienne et marquer une continuité historique en la matière.
Il est regrettable de constater aujourd’hui, la persistance de pesanteurs et de toutes sortes d’obstacles qui compliquent les problématiques de notre diaspora, en dépit des efforts des autorités algériennes visant à améliorer sa situation.
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