J’engage donc ma réflexion vers d’autres pistes en disant pour commencer qu’il faut que nous nous recentrions sur nous-mêmes, non pas pour vivre en autarcie (ce qui serait impossible) mais pour évaluer exhaustivement et honnêtement nos forces, nos atouts mais aussi nos déficiences, nos faiblesses dans tous les domaines.
Dans le sillage de cette évaluation, nous devons reconsidérer notre politique sociale, économique et financière sur la base de nos potentialités et de leur rentabilisation optimale.
Il s’agira également de reprendre pied en Afrique et d’assainir notre rapports avec certains pays.
Peut-on s’inspirer de pays qui ont réussi (il y en a pas mal) ? Oui, mais comparaison n’est pas raison.
La question des mentalités et du contexte historique relativise en effet fortement un tel parallèle.
Un travail considérable reste à effectuer et qui consiste à se remettre en question à tous les niveaux.
C’est une introspection qui s’impose autour d’interrogations fondamentales auxquelles il conviendra d’apporter des réponses sincères, argumentées et performantes.
D’où l’absolue nécessité de confier cette refondation à des compétences avérées, triées sur le volet et totalement indépendantes des tutelles institutionnelles ou des influences politiques et/ou partisanes.
A cet égard, il n’y a pas lieu d’engager un débat national: ce serait un capharnaüm, ça ne marchera pas, on en a déjá fait l’expérience à maintes reprises.
Soyons sérieux et pragmatiques, et faisons en sorte que le brainstorming préconisé soit confié aux meilleurs d’entre-nous pour qu’il débouche sur un grand projet national, un projet lisible, fluide, convaincant, documenté et applicable à brève échéance.
Tourner la page
Disons-le clairement : Il nous faut aussi tourner la page par rapport à nombre d’aspects liés à notre histoire, et prendre conscience de la chape de plomb qui entrave tout processus visant à une écriture décomplexée de cette histoire.
Que voulons-nous au juste à cet égard ?
L’exposé de cette histoire est-il crédible aux yeux de l’opinion publique, de la jeunesse, des pays étrangers ? Je dis bien l’exposé et non pas l’histoire elle- même…
Allons-nous continuer à mettre en exergue les pages glorieuses de notre histoire et à considérer que cela suffit pour que notre jeunesse en tire une réelle fierté ?
Et d’ailleurs, cette stagnation dans le traitement de l’histoire explique bien des problématiques sociétales, culturelles et identitaires auxquelles les algériens sont confrontés entre eux et dans leurs relations avec le reste du monde sans pouvoir les nommer explicitement et en assumer les répercussions.
Que faire des nombreux non-dits qui affectent la cohabitation, le vivre-ensemble en Algérie ?
On ne saurait occulter ces situations sur lesquelles achoppent systématiquement toutes tentatives de discussion autour d’un vrai projet social dont notre pays a pourtant fortement besoin.
Interrogeons-nous sérieusement, sereinement, intelligemment et avec responsabilité sur la tentation de l’Occident à laquelle cèdent de plus en plus d’Algériens, sur cette attractivité singulière qu’exerce la France sur les algériens.
C’est probablement du traitement analytique de cette thématique que dépend tout le reste. Pourquoi ? Eh bien, parce que cela devrait nous interpeller au regard de l’histoire.
Si l’on continue de faire l’impasse sur cette corrélation structurelle et donc stratégique entre, d’une part, le souhait d’une majorité d’algériens de pouvoir quitter l’Algérie pour aller vivre sous d’autres cieux (principalement en France pour moult raisons) et, d’autre part, les leçons objectives de l’histoire, alors notre pays ne pourra pas émerger sur le plan économique national et international ni s’imposer réellement dans le système relationnel mondial.
ML. Chikhi