I comme Italia -9-

Posté par imsat le 23 janvier 2024

« J’entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde » (Paul Eluard)
Ai-je évoqué sa constance, ses intuitions, ses apparitions toujours opportunes ?
Depuis quelque temps, il m’arrive de penser à elle de façon particulière, dans un contexte plutôt déprimant du fait du chaos dans lequel se trouvent nombre de pays. Habituellement, je note un certain nombre de choses la concernant pour les intégrer dans mon récit. Mais l’inspiration est contrariée parce qu’il y a de la colère, une indignation, une incapacité à agir sur les événements.
Combien de temps cela va t-il durer, je parle de l’Etat actuel du monde ?
Est-ce indécent de continuer de dire en quoi elle est exceptionnelle, respectueuse, rayonnante, toujours à l’écoute, et d’un charme rare, tandis que le monde est en train de se défaire, et qu’un génocide est en cours à Gaza ?
Comment faire la part des choses, et dissocier ce qui est du ressort de l’individu et le reste, ce qui dépasse parfois l’entendement ?
Je me suis retrouvé ainsi enfermé dans une série de questionnements récurrents que je trouvais par ailleurs légitimes et pertinents. Mais cela devait-il me contraindre à surseoir à la poursuite de mon récit, à m’abstenir de dire de diverses façons que je me sens bien en parlant d’elle ?
Yeb me demande de continuer à écrire. « Est- ce que toi aussi tu entends sa voix dans tous les bruits du monde ? » me demande t- il, le sourire en coin.
Ma réponse est immédiate : « si j’ai cité Éluard, c’est parce que j’adhère à ce qu’il dit. Et j’ai choisi cette citation en pensant précisément à « I comme Italia. »
« D’accord, me rétorque t- il, mais comment peux tu parler de sa voix puisque tu ne la connais pas ? »
« Là non plus, je n’ai pas besoin de réfléchir, lui dis- je, sa voix, je l’imagine à ma façon. Et puis, c’est un tout. Sa voix, c’est déjà une sorte de synthèse de ce que j’ai pu écrire à son sujet, je veux dire à propos de ses multiples qualités, ses photos, ses idées…
Sa voix, c’est comme la substantifique moelle de tout le reste. Et  ce reste, c’est son charme singulier, sa convivialité et tout ce qu’elle pense des choses de la vie à travers son appréciation des arts et des lettres »
« Oui, mais en ce moment, croit-il constater, avec tout ce qui se passe en Palestine, j’ai l’impression que tu marques le pas par rapport à ce que tu me racontais au début, et que tu n’es plus dans la même dynamique, la même passion… »
« Pas du tout ! » Lui dis-je.
Lamine Bey Chikhi

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