I comme Italia -12-
Posté par imsat le 23 février 2024
« Écrire, c’est dire quelque chose à quelqu’un qui n’est pas là. Qui ne sera jamais là. » (Georges Perros)
En découvrant cette citation, j’ai immédiatement pensé à I comme Italia. Pourquoi ? Eh bien, parce que justement elle est là sans être là, littérairement et intellectuellement. C’est une alternance absence-présence. Dans les deux cas, je ne suis pas indifférent, je réagis. Elle est dans mes pensées.
Et puis, j’ai fini par nuancer mon appréciation en me rappelant tout simplement avoir beaucoup écrit précisément pour dire des choses à nombre de personnes qui n’étaient pas là ou dont je savais qu’elles avaient disparu, je veux dire physiquement. Cela concernait aussi celles qui avaient quitté l’Algérie pour diverses raisons
Je crois l’avoir déjà dit: la littérature, c’est ça. Pas besoin d’inventer des histoires, une fiction, un scénario pour dire ce que l’on a envie de dire, ce que l’on pense. Il faut juste écrire au bon moment sans chercher la complexité ou la rationalité. Oui, j’ai en effet d’abord spontanément pensé à Elle parce que je le redis, elle n’est pas là tout en étant là. Je me suis interrogé sur certaines perspectives. Enfin, confusément. J’ai alors pensé à la correspondance que des auteurs ont entretenu durant de longues années. Je suis tombé récemment sur des extraits de celle de Marina Tsvetaeva et Boris Pasternak qui a duré de 1922 à 1936. Je trouve cela admirable, épatant, inspirant. Cette façon d’écrire et d’échanger m’a toujours intéressé. Elle transcende le temps, les frontières, les entraves, les évènements, et permet d’exprimer librement, totalement et sincèrement bien des sentiments et des pensées. C’est de la poésie, de la littérature et c’est le réel.
Au fond, c’est ce à quoi je songe à propos de I comme Italia: une correspondance singulière par citations et commentaires interposés. Il y a encore, c’est vrai, des choses qui restent abstraites, mitigées et à géométrie variable. L’écriture permet d’ailleurs s’il y a lieu de tout relativiser, peut-être pour ne pas trop rêver ni se faire d’illusion (?). En fin de compte et quelles que soient les évolutions éventuelles de cette écriture, de ce qui la sous-tend, je continuerai de considérer comme Proust que la vraie vie, c’est la littérature.
Et cela me plaît beaucoup car grâce à cette corrélation magique, tout est possible. Et tout est possible parce que tout passe par les mots, y compris les miracles. Demain est un autre jour…
Lamine Bey Chikhi
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