I comme Italia -16 -
Posté par imsat le 21 avril 2024
« On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit ; alors dans les longues heures d’espérance ou de tristesse, on fabrique une personne, on compose un caractère… » (Marcel Proust)
Il n’y a pas que la littérature, les citations, les photos.
Il y a tout le reste, les choses de la vie quotidienne, la société, les aspirations existentielles, philosophiques, les contrariétés et les entraves de toutes sortes.
En réalité, je ne sais absolument rien de fondamental sur elle, elle n’en a jamais parlé, elle n’en parle jamais même de façon allusive. Cela ne me dérange nullement.
Tout ce que j’ai pu écrire à son sujet, sur ce qu’elle m’inspire, je l’ai fait à partir d’éléments presque fictifs, abstraits, en tout cas qui ne renseignent pas du tout sur sa vie réelle.
Tout passe par l’imagination puisque tout est interprété, visualisé, deviné à partir de renvois au cinéma, à la photographie, à l’écriture. Le regard, le sourire, la fabrication d’une personne dont parle Proust, je les perçois à ma façon et cela est filtré, traité, enjolivé par l’extrapolation que je fais de tel ou tel aphorisme.
Est-ce problématique ? Pas forcément pour la simple raison que je suis respectueux du pré carré, du jardin secret de chacun. C’est d’ailleurs pourquoi je ne l’ai jamais questionnée sur sa vie.
Elle non plus est restée très en retrait, voire carrément silencieuse sur la mienne. En ce sens, notre convergence est quasi parfaite, c’est une forme de liberté, de délicatesse que j’aime beaucoup et que je respecte.
Et de toute manière, j’avais bien souligné dès le début que j’allais inscrire mes réflexions dans une optique littéraire non seulement parce que je souhaitais que nos échanges soient intimement liés à l’intérêt que nous portons à la culture d’une façon générale mais aussi parce que, précisément à cause de cette interaction purement théorique, il me fallait songer à des alternatives susceptibles de me permettre de sortir en quelque sorte indemne d’une situation dont je présumais pour diverses raisons qu’elle ne serait incarnée que par des références artistiques, cinématographiques et poétiques d’autrefois.
Sortir indemne ? Eh bien oui, dans la mesure où la réalité est toujours là à m’interpeller, à me rappeler que le rêve a des limites, qu’il me faut non pas y renoncer (bien que cette issue ne soit pas du tout impossible) mais tenter de le transformer en quelque chose qui viendrait enrichir ma tectonique de la nostalgie. L’ancrage dans le réel passerait par cette métamorphose. La finalisation du récit viendrait illustrer cette métamorphose. Je n’en ai pas encore fini, loin s’en faut, mais je dois songer à quelques garde-fous nécessaires pour ne pas déchanter…
Lamine Bey Chikhi
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