I comme Italia -22-
Posté par imsat le 23 juin 2024
“Tu es comme une pierre précieuse que l’on brise violemment en mille éclats pour qu’elle puisse ensuite être restituée dans une matière plus durable que celle de la vie, c’est à dire la matière de la poésie.” (Lettre de Pier Paolo Pasolini à Maria Callas)
Je pourrais ne jamais arrêter d’écrire sur elle. Je suis souvent tenté de le faire. J’en ai envie, j’en ai besoin. Et ce ne serait pas du tout pour dire n’importe quoi. Non, j’ai plein, plein de choses à dire. Encore une fois, mon propos la concerne directement telle que je la vois, telle que je la devine et l’imagine. Et il s’agit toujours d’une évocation fragmentée du cinéma, de ceux qui font le cinéma (artistes, réalisateurs, scénaristes, photographes…) appréciés à travers les yeux d’I comme Italia. Cette envie d’écrire en continu, c’est aussi une volonté de ma part de ne rien oublier. Il m’arrive de me dire : il faut que je rappelle qu’elle aime Jane Birkin, Anouk Aimée, Françoise Hardy, Monica Vitti, Sophia Loren, Romy Schneider, Françoise Dorléac, Anna Karina, Claudia Cardinale, Frederico Fellini, Pier Paolo Pasolini, Michelangelo Antonioni. Qu’elle apprécie aussi Patrick Modiano, Kafka, Bukowski, Rainer Rilke, Proust. J’espère aussi ne pas oublier de parler de son joli prénom. Comment évoquer son prénom ? Je ne le sais pas encore, je trouverai. J’aurais pu terminer ce chapitre hier, j’avais des idées plein la tête, je me disais : « oui, c’est comme ça que je devrais écrire, dire sur le champ, sans tergiverser, ce que je pense, ce que je ressens ! » J’ai interrompu la dynamique que j’avais engagée en pensant la retrouver le lendemain. En vain. Ce n’est pas, ce n’est plus la même inspiration. Certaines phrases, certaines pensées sont magiques, percutantes, époustouflantes mais elles ne le sont vraiment que si elles sont immédiatement formalisées, même partiellement, imparfaitement. Il faudra que je parle de sa façon de marcher à partir de deux ou trois images fugaces, de son sourire également.
Tout cela passe par des flash-back dont certains remontent à près de deux ans. Y aurait-il eu des atomes crochus avec elle sur des centres d’intérêt autres que le cinéma, les questions artistiques et littéraires ? Je ne le crois pas. Le cinéma, la photographie, la chanson classique, l’écriture etc, rien de cela ne m’est étranger.
En vérité, I comme Italia est venue rééquilibrer les choses au moment où tout ce que je continuais à penser, à aimer, restait en moi-même. Et je n’en parlais à personne parce que cela n’intéressait personne. C’est une affaire de milieu, de mode de réflexion. Je le dis comme ça en ayant une pensée pour ma chère mère qui expliquait beaucoup de choses en référence au milieu (social, culturel, familial) de chacun. Avec le recul du temps, je m’aperçois qu’elle avait parfaitement raison de mettre en avant cet argument que j’interprète d’ailleurs à mon profit, de façon restrictive. Et il n’y a rien de péjoratif ou de discriminatoire dans ce renvoi au parcours de chacun. Ce que j’aime chez I comme Italia découle précisément de cette vision de l’histoire. Mon intérêt particulier pour le cinéma et pour tout ce qui s’y rapporte directement ou indirectement s’inscrit lui aussi dans cette optique.
Lamine Bey Chikhi
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