Posté par imsat le 25 août 2024
« Je me demande, avec le temps, si ce n’était pas sa seule présence qui donnait à ce lieu et à ces gens leur étrangeté, comme si elle les avait imprégnés tous de son parfum. » (Patrick Modiano)
Son absence pourtant courte (une semaine à peine) ne m’a pas laissé indifférent. Ce n’est pas la première fois. Je le lui ai dit. Elle n’a pas fait de commentaire. Mais la compensation est belle: un baiser « virtuel » qu’elle a qualifié de morceau de paradis sur terre, comme pour faire écho à ce que j’avais dit à propos de ce qui pourrait être supérieur à la quintessence qu’elle incarne. Et ce délicieux morceau de paradis était accompagné d’une sublime citation de Guy de Maupassant. Pour l’auteur de Bel Ami, le baiser “c’est la plus divine sensation qui soit donnée aux humains, la dernière, la suprême limite du bonheur.” Je l’ai bien sûr remerciée pour ce cadeau paradisiaque en précisant l’avoir reçu avec un immense plaisir, une grande émotion et pour tout dire un ravissement sans précédent. Je lui ai dit que son absence était une éternité. Et ressentie vraiment comme telle. J’ai ajouté : « ma chère inspiratrice, je vous envoie, pour ma part, une myriade de baisers, des baisers successifs, éparpillés, protéiformes sur l’ensemble des morceaux de paradis que vous incarnez. » J’ai conclu en reprenant à mon compte Balzac : « Les baisers d’une femme sincère ont un miel divin qui semble mettre dans cette caresse une âme, un feu subtil par lequel le coeur est pénétré ». Elle semblait heureuse après ses brèves vacances romaines. Elle a posté quelques belles photos de la ville éternelle et une vidéo de La fameuse fontaine de Trevi. Aussitôt après, on apprenait la disparition d’Alain Delon. En fait, je l’ai su en consultant le compte de I comme Italia comme je le fais d’ailleurs tous les jours. Elle était extrêmement attristée. Moi aussi, car tous deux, nous aimons profondément Delon et le cinéma. Et puis Delon, comme un certain nombre d’autres acteurs mythiques, fait partie intégrante de notre culture cinématographique, de nos souvenirs. Elle a posté quelques photos de la star, j’en ai fait de même. Nous en avons encore parlé le lendemain. Elle était encore très affectée. Elle allait un peu mieux trois jours plus tard. Je ne sais pas si je l’ai dejà dit, elle est très sensible. C’est aussi cela qui la caractérise, elle est aussi humble, généreuse, bienveillante, compréhensive, indulgente (j’oublie souvent ce mot que je préfère à ses synonymes). Elle a beaucoup plus de connaissances que moi sur le cinéma et j’ai plein de choses à apprendre d’elle. Quand je le lui dis, elle réfute mon propos alors qu’elle en sait nettement plus que moi sur l’évolution du cinéma contemporain. « Comme vous êtes humble, vous seriez tentée de contester mon point de vue. » « Non, me répond-elle, vous n’avez rien à apprendre sur le cinéma » ou encore : « moi, je vais apprendre avec vous ! » Elle est craquante. Je me fais insistant sur ce que j’ai à apprendre au sujet du cinéma. Elle me répond tout de go « moi aussi !!! » Elle est vraiment spéciale.
Nous avons eu comme cela, à l’instar d’ailleurs de nos discussions habituelles, des bribes de conversation agréables et instructives, pas seulement sur Delon et le cinéma. Elle m’a demandé ce que je pensais du rêve et du souvenir. Vaste sujet auquel je m’intéresse depuis longtemps…
Publié dans Non classé | Pas de Commentaire »
Posté par imsat le 16 août 2024
« J’écris parce que je n’arrive pas à être heureux, quoi que je fasse. J’écris pour être heureux » (Orhan Pamuk)
En quoi I comme Italia incarne t-elle pour moi la quintessence ?
La quintessence c’est tout à la fois le meilleur, la pureté, le raffinement, la substantifique moelle, et plein d’autres qualités ou valeurs généralement rarissimes. Générosité, convivialité, réceptivité, respect, intégrité morale, charme, séduction, tact, compréhension, esprit littéraire et plus globalement artistique, intelligence, subtilité…, la quintessence, c’est tout cela. J’ai réfléchi entre le moment où j’ai dit qu’il n’y avait rien au dessus de la quintessence, et aujourd’hui. Eh bien, je crois qu’il existe une chose qui transcende cela et ça s’appelle le paradis, non pas le paradis dans l’au-delà mais le paradis ici bas, sur terre. Je le lui dirai. Elle va en rire un peu et trouvera mon propos exagéré. Elle ne me le dira pas directement. Elle est pondérée et humble. Oui, je reconnais que tout ce que j’ai déjà dit à son sujet paraît excessif. Pourtant, non seulement je le pense sincèrement mais je le justifie dans tous les cas et de diverses façons. Je serais tenté de parler, comme Jules Renard, d’un morceau de paradis. I comme Italia serait donc un morceau de paradis sur terre ? Oui, pourquoi pas ? Et pourquoi pas le paradis tout court, tout simplement, le paradis dans son intégralité ? Je pense ici évidemment au paradis tel que je le conçois, tel que je l’imagine et qui n’a rien à voir avec des considérations ou des critères matériels. Ce qui prévaut dans ce que j’imagine relève de l’esprit, et est intimement lié à des affinités intellectuelles, culturelles exceptionnelles, convergences qui constituent le socle sans lequel rien de positif n’est possible. Comment expliquer que je puisse parler de paradis juste dans le sillage d’une conversation distancielle ? Est-ce possible d’apprécier à ce point une personne par le seul échange de mots (phrases, aphorismes, sensations, impressions sur des photos, des films…) ? Je me le suis demandé et dans ma quête de réponse, je ne vois que le merveilleux, le sublime.
Le pouvoir évocateur des mots suffit-il à expliquer la dimension paradisiaque de mon inspiratrice ?
Pour moi, c’est indiscutable. Mais pas n’importe quels mots. Non. Les mots choisis, mesurés, triés sur le volet même dits spontanément. Et puis, cela devient une habitude. Les mots, c’est l’écriture. La citation d’Orhan Pamuk correspond en partie à l’explication que je donne sur ce qui me motive lorsque j’écris pour I comme Italia.
Publié dans Non classé | Pas de Commentaire »
Posté par imsat le 10 août 2024
« J’ai envie de vous écrire. Je vous parlerai de choses et d’autres sans ironie, je causerai de tout avec vous. Ce seront (si j’y arrive) des lettres tranquilles, presque immobiles. »
(Boris Pasternak à Marina Tsvetaïeva)
J’ai parfois l’impression de décrocher du récit. Peut être à cause du temps caniculaire qu’il fait et qui casse le rythme et l’inspiration. Peut-être aussi parce que quelque chose me dit que je suis face à une impossibilité. Impossibilité que l’on préfère appeler fiction, utopie, rêve…en fait, c’est une impasse non pas du point de vue de l’écriture mais par rapport aux possibilités de transformer le propos littéraire, de faire en sorte qu’il s’incarne dans le réel. C’est à ce niveau que le doute s’installe. Ce doute non seulement brouille un peu les perspectives mais pèse sur la façon d’écrire. Une impasse ? en est-ce vraiment une ? Si tel est le cas, que convient-il de faire ? Faire marche arrière, changer d’itinéraire, réfléchir à d’autres options ? Pas facile du tout. Ce n’est pas une affaire de méthodologie ou de stratégie. Il y a, au contraire, une forte subjectivité, des sentiments mêlés. Et puis, pas question de renier ce que j’ai dejà écrit. J’assume tout parce que c’est vrai, tout est vrai, les mots, les sentiments, les conversations merveilleuses avec I comme Italia, enfin tout. L’impossibilité dont je parle n’est pas absolue. Ce n’est pas quelque chose d’irréversible. Il y a juste une sorte d’impatience à vouloir faire davantage que le récit. Mais les contraintes sont telles qu’elles entravent l’objectif supposé. Peut-être même risquent-elles de le compromettre carrément. A l’instant, je viens de penser à la dépendance dans laquelle l’individu se trouve compte tenu de l’histoire, de la géographie, de la politique. On ne peut pas faire ce que l’on veut, y compris lorsque cela relève de postures ou de sentiments liés à la sphère strictement individuelle. C’est extrêmement contrariant, frustrant et pour tout dire particulièrement détestable. Il m’est arrivé d’en discuter dans d’autres circonstances, on m’a répondu que je n’avais qu’à faire « ceci et cela »… je n’aime pas du tout les réponses expéditives, elles ne sont jamais en phase avec la « doléance » formulée…c’est du reste un peu à cause de cette incompréhension que j’évite de donner des détails sur les évolutions probables du récit. Et puis, en définitive, je pense que les incertitudes qui pèsent sur le sort de mes soliloques pourraient se révéler intéressantes. Rien n’est acquis, tout est relatif, il y a des hauts et des bas, même mon interprétation du moindre de ses signes, de la moindre de ses humeurs (je parle d’elle) évolue en dents de scie. Ce n’est donc pas un long fleuve tranquille. Si j’étais dans la fiction, je pourrais explorer plein d’autres alternatives. Il m’arrive d’y penser. En dix minutes, je visualise un certain nombre de « voies de sortie » littéraires, ça va très vite….mais ce n’est pas ma tentation. Je préfère continuer à m’inspirer du réel. J’ai déjà parlé de quintessence à son égard.
Je maintiens le propos. Y a t-il quelque chose de supérieur à la quintessence ? Je lui ai posé la question. Elle m’a répondu : « non, rien » et elle a raison. Pourrais-je expliquer en quoi elle incarne la quintessence ? Oui, je le ferai un jour, mais ce que je sais, c’est que cela a notamment à voir avec son rapport à la littérature, à l’art d’une façon générale et ce qu’il implique dans la vie de tous les jours. Mais il y a plein d’autres éléments de réponse et ils sont tous précieux.
Lamine Bey Chikhi
PS:La correspondance Boris Pasternak-Marina Tsvetaïeva a duré 14 ans (1922 à 1936). Boris Pasternak a reçu le prix Nobel de littérature en 1958. Son chef-d’oeuvre, Le Docteur Jivago, a été brillamment adapté á l’écran en 1965 par David Lean avec, comme interprètes principaux, Omar Sharif et Julie Christie. J’ai adoré ce film. Je le reverrais avec plaisir.
Publié dans Non classé | Pas de Commentaire »