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I comme Italia -36 -

Posté par imsat le 30 septembre 2024

« C’était la seule femme que je pouvais aimer, il m’est impossible d’aimer une autre femme, ce qu’on appelle l’amour fou, vraiment ça te chavire, ça peut pas arriver deux fois ! Impossible !! Tu le sens merde tu le sens, tu ne peux pas le dire mais tu le sens ! » (Kateb Yacine)

Je devais évoquer son prénom sans pour autant le décliner, pour pouvoir laisser libre cours à mon imagination à partir de ce qu’il m’inspire.
J’ai commencé à le faire, hier 24 septembre, à la faveur d’une conversation avec elle sur Nizar Qabbani le grand poète syrien. Je lui avais communiqué le lien d’un article très intéressant et instructif publié dans Middle East Eyes en décembre 2018. Cet article retrace le parcours de Qabbani, sa rencontre avec Belqis, celle qui allait devenir son grand amour, son inspiratrice. Il avait dit à son propos: « Et l’écriture est toujours : à toi, avec toi, sur toi, à cause de toi et pour toi. » (merveilleuse citation rapportée par I comme Italia ). L’auteur de la contribution rappelle les circonstances de la disparition tragique de Belqis dans un attentat à la bombe contre l’ambassade d’Irak à Beyrouth en 1981. Disparition à la suite de laquelle Qabbani cessa définitivement d’écrire… « I comme Italia » a posté quelques vers du poète ponctués du mot Habibi…J’ai rebondi sur ce mot pour faire le lien avec ce qui m’intéressait en premier. Je lui ai dit : « Au cinéma, il y a bien sûr le fameux, l’inoubliable Hiroshima mon amour d’Alain Resnais. Eh bien, Je serais peut-être tenté de m’en inspirer pour titrer mon récit. Je mettrais ainsi le magnifique prénom de ma muse suivi de Habibi. Ce serait pas mal. Qu’en pensez vous ? » elle a répondu : « Oh! Merci !!! ». Le lendemain, nous avons enchaîné sur un extrait de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès accompagné d’une photo montrant une femme ravissante, souriante et heureuse puis sur échange de citations évoquant ou suggérant le sentiment amoureux à distance, l’absence, le silence, l’éloignement. Comme d’habitude, j’ai été prolixe dans mes commentaires alors qu’elle est restée plutôt réservée, discrète. Je crois qu’il y a un mot plus approprié pour définir sa relative distance. Et cela fait aussi partie de son mystère, de son pouvoir de séduction. Je lui ai d’ailleurs demandé de m’éclairer sur les ressorts de l’extraordinaire fascination qu’elle exerce sur celui qui a fait d’elle le personnage central de son récit. Comment, par exemple, expliquer que son charme intérieur et extérieur passe presque exclusivement par des mots, je devrais dire une rareté de mots, des phrases courtes et des photos d’artistes toujours adaptées à nos conversations ? Comment, en peu de mots, arrive t-elle toujours à deviner l’autre, à lire dans ses pensées, à anticiper ses souhaits, ses désirs ? L’autre, je veux dire celui dont elle est l’inspiratrice ? C’est un point important pour moi parce que je trouve formidable et exceptionnel que les mots, y compris et peut être même surtout les mots ordinaires, puissent constituer les soubassements principaux d’une relation épistolaire qui évolue toujours vers le beau, la découverte progressive, fluide, détendue de l’autre. Je parle des mots et des phrases qui à eux seuls génèrent émotions, images, fantasmes, convergences, sentiments. Elle n’a pas répondu à mes interrogations. Ou plutôt si, mais pas de manière directe. I comme Italia, c’est aussi une osmose unique entre ses mots, sa façon de réagir, les citations d’auteur qu’elle déniche au bon moment et les photos qu’elle choisit pour les illustrer pertinemment. C’est d’ailleurs toujours impeccable de sa part parce que cela convient parfaitement à ce dont on parle, et confère à nos conversations une singularité et un charme toujours renouvelés. Je n’oublie pas de préciser que c’est elle qui impulse et fait bouger les choses par sa réactivité, ses intuitions et sa créativité.

PS: Je lui ai dit que je mettrais volontiers la première phrase de la citation de Kateb Yacine au présent…

Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -35-

Posté par imsat le 19 septembre 2024

« Tant qu’il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l’air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée. » (François Cheng)
Il y a une personne qui aurait été ravie de suivre mon récit sur I comme Italia. Elle aurait montré le même intérêt que celui qui était le sien lorsque je lui racontais quelques-uns de mes souvenirs nostalgiques avant leur publication sur mon blog.
Je crois, je suis même sûr qu’elle se serait passionnée pour tout ce que j’ai déjà écrit sur mon inspiratrice italienne.
Je suis convaincu qu’elle m’aurait posé un tas de questions non seulement sur l’articulation, la forme et les lignes saillantes du récit mais aussi et surtout sur I comme Italia, sur sa vie, son travail, son physique, sa façon de vivre…
Elle m’aurait demandé de lui relater les circonstances dans lesquelles je l’ai connue.
Je crois aussi qu’on en aurait parlé au jour le jour parce que j’aurais eu besoin de lui demander son avis sur l’évolution de ma réflexion, et de partager avec elle ma joie, mon bonheur de communiquer avec I comme Italia. Mon récit l’aurait intéressé au plus haut point peut être même davantage que mes reminiscences batnéennes parce que, pour la première fois, je lui aurais parlé d’une femme à mes yeux exceptionnelle à tous points de vue, et que j’aurais évoquée avec force détails, de façon récurrente, subjective, sentimentale. Elle aurait suivi cela comme un feuilleton ou comme un roman photo, cela lui aurait rappelé l’époque insouciante (les annés 60 à Batna) où elle lisait assidûment Confidences, Femmes d’aujourd’hui ou encore Elle que l’on pouvait acheter à l’ex librairie Salvayre, juste à côté de la mairie. Ces magazines n’étant plus disponibles comme ils le furent autrefois, mon récit aurait en quelque sorte pris opportunément leur relai. Lui parler de I comme Italia m’aurait procuré, à moi aussi, beaucoup de plaisir parce que Mà était sur bien des sujets mon interlocutrice privilégiée, elle était attentive, compréhensive, cultivée et extrêmement conviviale. Elle aurait immédiatement adhéré à mon histoire, parce que, pour la première fois, j’aurais parlé quasiment sans réserve ni fioritures; avec elle, je n’aurais pas été tenté de brouiller les pistes Si elle était encore parmi nous, je lui dirais que I comme Italia, c’est tout à la fois le hasard, l’intuition, la prévoyance, l’inattendu, l’inespéré, l’ineffable, la subtilité, le charme discret, la sérénité, le tact, la gentillesse, la modestie, que c’est aussi Hélène de Troie, Pénélope, Maria Callas, Lea Massari, Nusch, Elsa Triolet, Marina Tsvetaeva, Nedjma de Kateb Yacine, Stefania Sandrelli, Anna Karina Maria Casares, Monica Vitti, Anouk Aimée…, que c’est également une artiste polyglotte qui a le sens des nuances linguistiques et qui aime vraiment le beau, la langue française; je lui dirais qu’elle est comme mille femmes, une myriade de qualités, un mystère, un esprit libre, une femme fascinante et intemporelle.
J’ajouterais que c’est une belle évocation de Rome, Paris, Bologne la ville de Pier Paolo Pasolini, Noces de Camus, Tipasa, du ciel bleu d’Alger au printemps, de la poésie, du cinéma, de la littérature, de la photographie…
Je lui préciserais qu’elle aime le noir et blanc et que cela lui va à merveille…
Je lui montrerais sa photo tout en la commentant..
Chaque jour, je lui dirais pourquoi je vois I comme Italia de cette façon.
Elle me dirait: « tu me décris une femme parfaite sur tous les plans, est-ce que tu n’exagères pas tout de même un peu ? »
Et je lui répondrais : « elle même trouve parfois que j’exagère parce que je ne taris pas d’éloges à son égard, eh bien, non, je n’exagère pas du tout. C’est vraiment la substantifique moelle, la quintessence. »
Elle me demanderait si ce que je lui raconte est vrai et si « I comme Italia » existe réellement, si ce n’est pas plutôt une fiction, un personnage imaginaire que j’aurais inventé pour les besoins de mon récit ?
Je lui répondrais: « non, je t’assure qu’elle existe en chair et en os comme toi et moi »
Elle finirait par me dire: « Eh bien, si tel est le cas, c’est merveilleux. J’aimerais bien la connaître, la voir. Au fait, quel est son prénom ? »
« Son prénom ? Je le fredonne souvent… »
Oui, si Mà (ma chère mère) était encore parmi nous, je lui parlerais tous les jours de « I comme Italia. »
Nous sommes le 19 septembre 2024. Mà nous a quittés il y a exactement 14 ans jour pour jour. Allah yerhamha. Paix à son âme.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -34-

Posté par imsat le 13 septembre 2024

« De la fusion sans espoir de ta présence et de ton absence. J’ai trouvé le secret de t’aimer toujours pour la première fois » (André Breton)
« Racontez-moi, SVP, vos souvenirs… » C’est la première fois qu’on me fait une telle demande. Elle a ajouté: « j’aime vous lire. » J’ai été ébloui par cette requête inattendue, directe, brève et concise. A vrai dire, je me suis senti dans un état à la fois euphorique et quasi extatique non seulement parce que cela porte sur un de mes thèmes de prédilection (la nostalgie) mais parce que cela venait d’elle. Et parce que c’est elle, son souhait prit une dimension singulière, et retentit fortement sur moi. J’ai dejà eu à parler de magnifiques moments de bonheur en lisant ses commentaires. Mais cette fois, c’est un peu plus que cela…En realité, j’espérais, depuis quelque temps, qu’elle émette ce souhait, qu’elle sorte un peu de sa relative réserve (une pudeur ?), je veux dire qu’elle soit aussi dans la subjectivité à mon égard comme je le suis á son égard. Finalement, elle m’a entendu ou plutôt elle a capté mon message. Je crois avoir déjà évoqué son intuition. Mais est-ce le hasard ou de l’intuition de sa part ? Ou les deux ? Je lui ai posé la question. Elle m’a dit que c’était une complicité entre le hasard et la prévoyance. Moi, je crois qu’elle lit dans mes pensées. Ce lundi 9 septembre, elle a cité Maria Casares disant à Camus dans une lettre du 18 février1950 de ne pas se sentir désolé d’être loin d’elle, que cela n’avait pas d’importance et qu’il était toujours avec elle de près ou de loin.
Et ce qui est extraordinaire, c’est que cet extrait de correspondance ou du moins la signification qu’on pouvait lui donner était complètement dans ma tête depuis près d’une année. Et quasiment dans les mêmes termes que ceux employés par Maria Casarès dont la phrase est aussi courte et explicite que les phrases de I comme Italia. Je me demandais en effet si j’allais dire la même chose à I comme Italia et de quelle façon je le lui dirais. Pour moi, c’était important car je craignais de voir nos conversations montrer leurs limites, s’effilocher, se banaliser Je prévoyais, je concevais cette perspective comme quelque chose de compréhensible. Si cela advenait, je devais me préparer à en amortir les répercussions. J’ai donc trouvé formidable qu’elle  déniche et publie l’extrait de la correspondance de Maria Casares. J’ai pris cela comme un message destiné à  conforter notre dialogue en l’inscrivant dans le temps. Je ne lui ai pas raconté mes souvenirs, je lui ai surtout dit que c’était elle qui assurait désormais la jonction entre mes réminiscences et le présent, qu’elle devenait incontournable dans la moindre de mes pensées nostalgiques et que je ne pouvais évoquer le passé sans parler d’elle. Je dirai ultérieurement comment elle assume avec brio cette belle médiation.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -33 -

Posté par imsat le 7 septembre 2024

« Je suis si heureux, Maria. Est-ce que cela est possible ? Ce qui tremble en moi, c’est une sorte de joie folle. Mais en même temps j’ai cette amertume de ton départ et la tristesse de tes yeux au moment de me quitter. » (Albert Camus à Maria Casarès, juin 1944)
Bribes de conversation entre mon alter ego et I comme Italia
Lui: Enfin ! Le temps retrouvé !
Je me suis mis à compter les jours
J’ai essayé d’être raisonnable, en vain
Le coeur a ses raisons que la raison ignore
Voilà pourquoi  « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » (Alphonse de Lamartine )
Et c’est vrai.
Le bonheur c’est quand le temps s’arrête …
Votre retour, votre réapparition, un pur moment de bonheur, un bonheur absolu.
Comment le dire autrement ?
Elle: Vraiment ? Merci
Lui : Oui vraiment. Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité
Vous lire, vous voir dans les interstices de vos citations et, d’une certaine façon, entendre votre voix, savoir que vous êtes là, c’est un bonheur sans précédent.
Elle : « Peut-être sur les Champs-Élysées entendrai-je ta voix m’appeler par mon prénom… » (Patrick Modiano)
Lui: Il m’est arrivé de faire le même rêve ou plutôt d’imaginer la même situation.
Penser que cela n’est pas utopique et donc visualiser l’événement, la rencontre, c’est tout simplement fabuleux.
Elle : « Pardon, Madame, où se trouve la place de l’Étoile ? La femme désigne le côté gauche de sa poitrine » (Patrick Modiano)
Lui: Peut-on deviner, imaginer, entendre la voix de la personne aimée à partir de ses mots, ses phrases ?
A partir de son prénom ?
Dans le sillage de ses silences, de ses absences ?
Elle: Oui
Elle « L’autre nuit, était-ce vraiment un rêve ?
Je suis resté un instant immobile devant la fenétre. J’espérais entendre la voix de Louki. Elle m’appellerait encore une fois. » (Patrick Modiano)
Lui: « Quand on rencontre quelqu’un de vrai, la surprise est telle qu’on se demande si on n’est pas victime d’un éblouissement. » (Emil Cioran)
Elle: « Qui cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux. » (Milan Kundera)
Lui : « Partout dans la vie, il se présentera un moment donné une manifestation de beauté qui éveillera chez l’homme un sentiment jamais vécu jusqu’alors » (Nicolas Gogol)
Elle : « Si vous êtes dans le jardin, je m’habillerai de feuilles, si vous êtes dans la mer, je me glisserai dans ce nid bleu et lisse »(Mary Oliver)
Lui: « Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où. Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil: Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement. »(Pablo Neruda)
Lamine Bey Chikhi
 

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I comme Italia -32-

Posté par imsat le 1 septembre 2024

« Certains souvenirs se refusent à sombrer dans l’oubli, quels que soient le temps écoulé ou le sort que la vie nous ait réservé. Des souvenirs qui gardent toute leur intensité et restent en nous comme la clé de voûte de notre temple intérieur. » (Haruki Murakami)
Nous avons bien sûr évoqué à maintes reprises les rêves et les souvenirs avec, à l’appui, des aphorismes aussi magnifiques les uns que les autres. Elle semble préférer le rêve au souvenir, le rêve comme aspiration et projection dans le futur. Je crois qu’elle est pragmatique et réaliste, elle perçoit le souvenir comme un regard sur ce qui est révolu et sans doute sur lequel il n’y aurait pas lieu de s’appesantir outre mesure. Je suis pour ma part plutôt enclin à pencher pour tout ce qui pourrait rapprocher le souvenir et le rêve. Pourquoi d’ailleurs les opposer ou les hiérarchiser ? Pour moi, La citation de Haruki Murakami est indiscutable. Encore une fois, cela n’a pas seulement à voir avec la nostalgie. Cela inclut plein d’autres thématiques comme l’histoire ( la petite et la grande ), la culture, le parcours de chacun, la famille, le pays, etc, même si Murakami met exclusivement en exergue la relation entre les souvenirs les plus saillants et l’individu.
« Des souvenirs qui restent en nous comme la clé de voûte de notre temple intérieur »
J’adore cet extrait, il me convient parfaitement.
Je l’ai relu plusieurs fois.  C’est de la grande littérature que seuls les immenses  écrivains sont capables de concevoir, de produire. Je fais complètement mienne cette citation, et je crois même pouvoir affirmer que c’est l’une des plus belles définitions des souvenirs.
« Quand on n’a pas de souvenirs, on n’a rien » cette autre formule percutante et sans fioritures d’un auteur américain dont je ne me rappelle plus le nom, résume bien d’autres pensées sur la mémoire. Mais celle de Murakami est joliment formulée et la référence à la clé de voûte de notre temple intérieur est géniale et novatrice.
Où se situe finalement mon rapport à I comme Italia compte tenu des corrélations potentielles et des télescopages inévitables entre les rêves et les souvenirs ? Je crois que I comme Italia, c’est tout à la fois un peu de fiction, un peu de rêves et de la nostalgie. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui est imaginaire ? Pourrais-je parler d’une utopie concrète ? Je pense que I comme Italia préférerait cette perspective. Ce n’est pas tout à fait mon point de vue. Naturellement, j’assume les idées et les fantasmes que nos conversations induisent mais par moments, je me retrouve dans le doute, dans la rationalité, la réflexion cartésienne. J’aimerais que le temps s’arrête. Mais ce n’est pas possible parce que tout simplement les choses changent, se complexifient, imposent de nouvelles trajectoires…
Lamine Bey Chikhi

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