I comme Italia -35-
Posté par imsat le 19 septembre 2024
« Tant qu’il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l’air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée. » (François Cheng)
Il y a une personne qui aurait été ravie de suivre mon récit sur I comme Italia. Elle aurait montré le même intérêt que celui qui était le sien lorsque je lui racontais quelques-uns de mes souvenirs nostalgiques avant leur publication sur mon blog.
Je crois, je suis même sûr qu’elle se serait passionnée pour tout ce que j’ai déjà écrit sur mon inspiratrice italienne.
Je suis convaincu qu’elle m’aurait posé un tas de questions non seulement sur l’articulation, la forme et les lignes saillantes du récit mais aussi et surtout sur I comme Italia, sur sa vie, son travail, son physique, sa façon de vivre…
Elle m’aurait demandé de lui relater les circonstances dans lesquelles je l’ai connue.
Je crois aussi qu’on en aurait parlé au jour le jour parce que j’aurais eu besoin de lui demander son avis sur l’évolution de ma réflexion, et de partager avec elle ma joie, mon bonheur de communiquer avec I comme Italia. Mon récit l’aurait intéressé au plus haut point peut être même davantage que mes reminiscences batnéennes parce que, pour la première fois, je lui aurais parlé d’une femme à mes yeux exceptionnelle à tous points de vue, et que j’aurais évoquée avec force détails, de façon récurrente, subjective, sentimentale. Elle aurait suivi cela comme un feuilleton ou comme un roman photo, cela lui aurait rappelé l’époque insouciante (les annés 60 à Batna) où elle lisait assidûment Confidences, Femmes d’aujourd’hui ou encore Elle que l’on pouvait acheter à l’ex librairie Salvayre, juste à côté de la mairie. Ces magazines n’étant plus disponibles comme ils le furent autrefois, mon récit aurait en quelque sorte pris opportunément leur relai. Lui parler de I comme Italia m’aurait procuré, à moi aussi, beaucoup de plaisir parce que Mà était sur bien des sujets mon interlocutrice privilégiée, elle était attentive, compréhensive, cultivée et extrêmement conviviale. Elle aurait immédiatement adhéré à mon histoire, parce que, pour la première fois, j’aurais parlé quasiment sans réserve ni fioritures; avec elle, je n’aurais pas été tenté de brouiller les pistes Si elle était encore parmi nous, je lui dirais que I comme Italia, c’est tout à la fois le hasard, l’intuition, la prévoyance, l’inattendu, l’inespéré, l’ineffable, la subtilité, le charme discret, la sérénité, le tact, la gentillesse, la modestie, que c’est aussi Hélène de Troie, Pénélope, Maria Callas, Lea Massari, Nusch, Elsa Triolet, Marina Tsvetaeva, Nedjma de Kateb Yacine, Stefania Sandrelli, Anna Karina Maria Casares, Monica Vitti, Anouk Aimée…, que c’est également une artiste polyglotte qui a le sens des nuances linguistiques et qui aime vraiment le beau, la langue française; je lui dirais qu’elle est comme mille femmes, une myriade de qualités, un mystère, un esprit libre, une femme fascinante et intemporelle.
J’ajouterais que c’est une belle évocation de Rome, Paris, Bologne la ville de Pier Paolo Pasolini, Noces de Camus, Tipasa, du ciel bleu d’Alger au printemps, de la poésie, du cinéma, de la littérature, de la photographie…
Je lui préciserais qu’elle aime le noir et blanc et que cela lui va à merveille…
Je lui montrerais sa photo tout en la commentant..
Chaque jour, je lui dirais pourquoi je vois I comme Italia de cette façon.
Elle me dirait: « tu me décris une femme parfaite sur tous les plans, est-ce que tu n’exagères pas tout de même un peu ? »
Et je lui répondrais : « elle même trouve parfois que j’exagère parce que je ne taris pas d’éloges à son égard, eh bien, non, je n’exagère pas du tout. C’est vraiment la substantifique moelle, la quintessence. »
Elle me demanderait si ce que je lui raconte est vrai et si « I comme Italia » existe réellement, si ce n’est pas plutôt une fiction, un personnage imaginaire que j’aurais inventé pour les besoins de mon récit ?
Je lui répondrais: « non, je t’assure qu’elle existe en chair et en os comme toi et moi »
Elle finirait par me dire: « Eh bien, si tel est le cas, c’est merveilleux. J’aimerais bien la connaître, la voir. Au fait, quel est son prénom ? »
« Son prénom ? Je le fredonne souvent… »
Oui, si Mà (ma chère mère) était encore parmi nous, je lui parlerais tous les jours de « I comme Italia. »
Nous sommes le 19 septembre 2024. Mà nous a quittés il y a exactement 14 ans jour pour jour. Allah yerhamha. Paix à son âme.
Lamine Bey Chikhi
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