I comme Italia -40-
Posté par imsat le 31 octobre 2024
« Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes. Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages » (Mahmoud Darwich)
J’ignorais que Mahmoud Darwich avait entretenu une relation amoureuse avec Rita, de son vrai nom Tamar Ben Ami, une danseuse juive que le poète avait rencontrée au bal de la ligue des jeunes communistes israéliens
C’est « I comme Italia » qui me l’a appris récemment (25 octobre) en postant une photo montrant le grand poète palestinien en compagnie de Rita. La photo n’est pas datée mais elle semble relativement vieille (vraisemblablement années 60) Mahmoud Darwich y parait jeune. « I comme Italia » a également posté un superbe poème de Darwich dédié justement à Rita. En voici des extraits.
Entre Rita et mes yeux, un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Et adresse une prière
à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel
Ah Rita ! Entre nous, mille oiseaux, mille images, d’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil. Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête.
Ah Rita ! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ?
Ma charmante et gentille inspiratrice que je remercie de nouveau et dont j’ai déjà dit qu’elle était ouverte aux cultures du monde, m’a aussi appris que ce poème avait été mis en musique puis interprété par le célèbre chanteur libanais Marcel Khalifa. J’ai regardé la vidéo du récital donné par ce talentueux artiste dont j’ai trouvé l’interprétation du poème de Darwich impeccable, magistrale. Je pensais que le poète et Rita avaient entretenu des liens épistolaires, une correspondance pour contourner les obstacles inhérents au contexte politique qui était le leur à l’époque où ils se sont connus. Mais il n’y a pas eu d’échanges de lettres entre eux. Leur idylle n’a pu se poursuivre du fait que Rita s’était engagée dans l’armée israélienne avant le déclenchement de la guerre israélo-arabe de juin 1967. C’était un élément rédhibitoire qui rendait impossible la poursuite de leur belle relation. Darwich explique poétiquement cet empêchement et rappelle de façon romantique et métaphorique ce qu’il ressentait pour Rita. Ce qui est merveilleux, c’est que Darwich a éternisé par un poème les sentiments qu’il éprouvait pour Rita. Sans ce poème, peut-être n’aurions-nous jamais su que ces deux êtres avaient vécu une histoire d’amour, une histoire certes brève mais sincère et intense. La poésie, la littérature, la chanson, le cinéma, tout cela survit aux bouleversements de l’histoire…
Lamine Bey Chikhi
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