I comme Italia -38-
Posté par imsat le 18 octobre 2024
« Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau, j’peux pas mieux dire, il fait très beau ! C’est encore ce qui m’étonne dans la vie » ( Jean Gabin )
J’écris pour elle et pour moi ? Ou bien pour elle exclusivement ? Je lui ai demandé ce qu’elle en pensait au cours de notre superbe soirée-conversation du 12 octobre, mais elle ne m’a pas répondu, je crois qu’elle n’a pas pris connaissance de ma question parce que notre dialogue était intense et nous incitait constamment à des réflexions croisées sur diverses citations et photos. C’est notre rituel. Aujourd’hui, je peux affirmer que j’écris pour moi et pour elle. Mes motivations sont intimement liées, interdépendantes. Mais sont-elles pour autant égales, similaires, comparables ? Je me le demande. Mais je crois que ma première motivation, celle à l’origine de mon engagement dans l’écriture du récit, c’est d’abord elle, je veux dire ses premiers mots, ses premières phrases, ses encouragements. Quelqu’un avait posté une photo montrant une chambre lumineuse, une table verte, sur cette table: un cahier, trois livres, un stylo, trois oranges, deux fleurs. La fenêtre de la chambre est grande ouverte, et la vue sur la mer quelque part dans le monde est magnifique. L’auteur du tweet avait posé la question suivante: « si vous étiez dans ce lieu, que feriez-vous ? »
J’ai immédiatement répondu que j’esquisserais volontiers les éléments d’un roman dont le personnage central, une séduisante et sympathique italienne, aime le cinéma, la littérature, les photos black&white, les artistes, Romy Schneider, Jane Birkin, Monica Vitti, Antonioni, Pasolini, Catherine Deneuve…c’était le 23 août 2023.
Elle m’a aussitôt dit: « Quelle joie ! Je serais heureuse de vous lire ! » avant de citer Simone Weil : « La joie est un besoin essentiel. La pensée humaine se nourrit de joie »
Telle est la genèse du récit. Et ce qui m’a accroché dès le début avait à voir d’abord avec les mots. Cela n’a cessé de se confirmer au fur et à mesure de l’évolution du récit. Je me suis aperçu que je tombais amoureux de ses mots, de ses phrases les plus ordinaires. Pourquoi ? Parce que quand je la lisais, quand elle répondait à mes commentaires, je la voyais à travers sa photo, celle sur laquelle elle est vêtue de noir. En vérité, c’était la première fois que je ressentais un tel plaisir à partir de cette combinaison impliquant d’abord ses mots, sa photo, puis des photos d’actrices, et de nouveau des phrases, les siennes et les miennes.
Tout cela est-il virtuel ? Non ! Et notre soirée du 12 octobre l’était-elle aussi ?
Non. Au reste, si tout cela était virtuel, on pourrait alors dire que l’abondante correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès, Franz Kafka et Milena Jesenska ou encore Boris Pasternak et Marina Tsvetaïeva était elle aussi virtuelle…
Pour moi, tout est réel à partir du moment où tout passe par les mots. J’ai envie de préciser que ce propos vaut exclusivement pour ma relation épistolaire avec elle. Ses mots, nos mots prennent toute leur place dans nos conversations. Tout cela est-il important et sensé parce que les leviers que nous actionnons (poésie, cinéma, littérature…) reposent sur des mots, des phrases ou des images qui génèrent des interprétations écrites, des appréciations subjectives, un ressenti, des sentiments ? Oui, dans une large mesure.
Lamine Bey Chikhi
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