Posté par imsat le 29 décembre 2024
« Chacun a ses propres instants de bonheur : il s’agit simplement d’en multiplier la conscience et les occasions. » (Albert Memmi)
Elle m’a envoyé la photo de la couverture d’un livre auquel je pensais depuis longtemps: la correspondance entre Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva 1922-1936. Belle intuition de mon inspiratrice. C’est émouvant parce que j’ai toujours aimé les relations épistolaires non seulement celles des auteurs, poètes, romanciers, artistes en général, mais aussi celles des gens ordinaires.
Comme j’ai déjà eu à le dire, je suis particulièrement admiratif des échanges qui durent et qui d’une certaine manière, transcendent le temps. Ce fut le cas de la correspondance entre Camus et Maria Casarès (1944-1959). La correspondance Pasternak-Marina Tsvetaeva fut aussi singulière. Elle a duré 14 ans, mais il ne se sont rencontrés qu’une ou deux fois. C’était avant tout une grande passion poétique et littéraire…
Bribes de notre conversation du 21 décembre 2024
Moi: merci pour cette belle photo. Mais d’abord, j’espère que vous allez bien. Et qu’il ne pleut pas trop là où vous êtes.
Elle : Je vais bien, merci, mais j’ai trop travaillé…
C’est enfin les vacances de Nöel et j’irai à Rome !
Moi: vacances amplement méritées
Elle : Oh, Cher Lamine, je suis coupable envers vous… le retard avec lequel je vous réponds, pardonnez-moi pour ce péché.
“Mais le téléphone n’a-t-il pas sonné chez vous cette nuit ? Car, oui, c’était moi qui vous téléphonais en rêve.”
Mardi, Mi-septembre 1925, Tsvetaeva à Pasternak
Moi: ma chère muse, vous n’êtes pas du tout fautive. L’essentiel est que vous alliez bien. Le reste se rattrape…
Par la poésie, l’imagination, une perception détendue du temps qui passe, le rêve
Et au bout de tout ça, Le Temps retrouvé !
Le téléphone ? Oui, ça n’a pas arrêté de sonner. C’est vrai. Et puis une voix, une image ou plutôt trois photos, une silhouette, une présence, oui, il y avait tout ça. Et puis Rome, Paris, Milan, Bologne…jusqu’à l’aube et le lendemain ça a repris, j’en ai fait un texte…
Elle: magnifique
Moi: « Leur correspondance est celle de deux esprits, mais des esprits vivant d’un désir aussi nécessaire pour eux que celui du pain, celui de la poésie. » (Agnès Passot)
Elle : “Leur correspondance se vit au jour le jour comme des pages d’histoire du monde, de littérature et de passion.”
(Le Monde des livres)
Moi :Oui, c’est tout cela à la fois. Ils n’ont pas eu besoin d’inventer une histoire. Ils ont raconté l’histoire de leur passion dans un contexte souvent chaotique.
C’est merveilleux !
Elle : deux destins d’exception
Moi: Merci pour cette belle évocation de la correspondance Boris Pasternak- Marina Tsvetaeva.
Une fabuleuse relation épistolaire, un joli cadeau de Noël.
Moi: Boris et Marina se sont écrit durant 14 ans (ce qui est extraordinaire) mais je crois qu’ils ont raté nombre d’occasions de se rencontrer.
Corrigez-moi si je me trompe.
Elle : ils se sont vus en 1935, à Paris. Mais j’ai lu sur le site de Babelio que “cette rencontre se révélera comme » une non-rencontre » : la fusion dans le réel, rêvée par Marina Tsvetaieva ne fut pas au rendez-vous.”
Moi: Selon d’autres sources, une première rencontre avait eu lieu en 1918 à Moscou.
Moi: Donc, le mektoub (comme on dit chez moi) ne leur a pas permis d’aller plus loin, c’était écrit dans le ciel. Heureusement, que les deux en ont fait une oeuvre.
Moi: « Marina, mon amie toute d’or, ma merveilleuse, surnaturelle, fraternelle prédestination, mon âme du matin toute fumante, Marina, ma martyre, ma pitié… » (Boris Pasternak à Marina Tsvetaeva)
Moi: « Si nous nous étions rencontrés, vous ne m’auriez pas connue, et tout se serait apaisé. (Marina Tsvetaeva à Boris Pasternak)
Moi: « Pasternak, prodigieux comme le premier jour de la création. »(Marina Tsvetaeva sur Boris Pasternak)
Moi : « je fais plus et mieux que t’aimer » Marina à Boris
Elle : « Ah, si à l’instant, tu entrais dans la chambre ! Je me précipiterais dans l’armoire (un chapeau !) – mon sac – où sont les clefs ? ne pas oublier les cigarettes ! – À nous la liberté ! Nous irions au Hradcany, je me sentirais voler…
(Marina Tsvetaeva)
Moi: Eh bien voilà le rêve qui se métamorphose et devient réalité.
Elle : elle m’envoie une photo montrant Jean-Louis Trintignant avec Anouk Aimée en marge du film de Claude Lelouch « Les plus belles années d’une vie. »
Moi: là, vous me portez le coup de grâce ! Littérairement, poétiquement et cinématographiquement s’entend.
Normal : vous connaissez mon talon d’Achille. Évidemment, j’adore !
Moi: Hier, j’ai pensé à l’absence créatrice, féconde, je veux dire l’absence du fait des conjonctures, des circonstances qui relèvent de la force majeure.
Eh bien, c’est notamment cela qui me subjugue dans l’échange Boris Pasternak-Marina Tsvetaeva.
Moi: En matière de photos, de créativité et d’inspiration photographique, votre leadership est indiscutable. Je l’avais dejà dit mais d’une autre façon.
Elle : merci pour votre gentillesse
Moi: ma chère inspiratrice, s’il y avait un concours de gentillesse, vous le gagneriez aisément. Vous me battriez à plate couture. Tous les arguments dont je dispose plaident en votre faveur. J’en suis absolument convaincu. Et il n’y aucune exagération dans mon propos.
Elle : Mais, vous écrivez.
L’écriture est la peinture de la voix.
(Voltaire)
Moi: oui mais point d’écriture sans vous
Elle : Merci, Cher Lamine, il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses…
Moi: Avant le rayon de soleil (le votre bien sûr) de ce samedi, j’étais dans une sorte de spleen. Après, le bleu du ciel a tout changé. Je suis passé du spleen à l’idéal. Merci à vous Chère Ivana et à Baudelaire.
Elle : J’adore Baudelaire
« Tes cheveux contiennent tout un rêve. »
(Charles Baudelaire, Le spleen de Paris). Citation accompagnée d’une photo de Nastassja Kinski.
Moi: moi aussi j’aime cette phrase « Tes cheveux contiennent tout un rêve »
Moi: Finalement, nous avons rattrapé le temps perdu. J’ai beaucoup aimé notre conversation de ce soir. Pour un tas de raisons (Pasternak, Marina Tsvetaeva, vos photos, votre inspiration, la nostalgie créatrice, de superbes convergences, votre gentillesse, votre délicatesse.
Oui, J’ai aimé notre conversation. Je n’en ai rendu compte que partiellement. Il n’y a d’ailleurs pas que les citations et nos commentaires qui alimentent notre conversation. Il y a aussi l’atmosphère que « I comme Italia » crée instantanément autour de nos échanges. Une atmosphère qui ressemble à un voyage dans le temps et dans l’espace. Dans ce voyage, il y a des accélérations et des ralentissements, des pauses, des bifurcations, toujours plein d’images. C’est une machine à remonter le temps, un monde à part, notre monde à nous, une bulle. J’oublie complètement tout lorsque je la lis et plus encore lorsque je lui réponds. Cette atmosphère, c’est elle qui l’impulse, la façonne, l’ajuste toujours idéalement. Il n’y a pas de temps mort. On jouit du présent, de l’immédiat. Le temps mort, c’est après la conversation, c’est le temps d’une autre appréciation. Je ne la remercierais jamais assez pour les moments de bonheur qu’elle me procure outre les compliments dont elle me gratifie fréquemment.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : “J’ai trouvé le Merveilleux.” (Lettre de Maria Casares à Albert Camus, Noël 1948). Je dis très exactement la même chose de « I comme Italia » qui a rapporté cette belle phrase hier 28 décembre.
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Posté par imsat le 22 décembre 2024
« Ce qui reste dans la vie, ce ne sont pas les cadeaux matériels, mais les souvenirs des moments que vous avez vécus et qui vous ont rendu heureux. Votre richesse n’est pas enfermée dans un coffre-fort,, mais dans votre esprit ; ce sont les émotions que vous avez ressenties à l’intérieur de votre âme. » (Alda Merini)
Mon écriture serait quelque peu labyrinthique. On me l’a dit. Je suis d’accord avec cette observation. Mais je me rappelle parfaitement avoir bien souligné dès le départ que mon propos ne serait pas linéaire. Que ce ne serait pas non plus une histoire avec un début, un déroulé chronologique de faits et un épilogue plus ou moins escompté, plus ou moins logique. Non, c’est une réflexion presque au jour le jour qui ne s’inscrit dans aucun plan préalable. Il y a des moments magnifiques de bonheur, mais il y a aussi des incertitudes, des rebondissements dans les impressions, des doutes, et c’est cela que j’essaie de faire ressortir. Nous n’avons pas conversé depuis près de dix jours (pour moi, une éternité), j’étais tenté de lui écrire, je ne l’ai pas fait, je crois que sa charge de travail la mobilise complètement, il y a peut-être autre chose, une lassitude, une fatigue, je ne sais pas, voilà, c’est le réel. En même temps, tout est fragile, je veux dire notre relation n’est pas sanctuarisée, elle n’est à l’abri de rien. C’est ce que je pense mais je ne connais pas son point de vue. Je crois que c’est une personne sereine. Je me suis demandé si je pouvais autonomiser mon récit et le poursuivre indépendamment de ce qui pourrait affecter notre dialogue de quelque facon que ce soit et pour quelque raison que ce soit. Oui, ce serait possible, je me positionnerais alors par rapport à ce qui fut, je réintègrerais le monde des réminiscences. Mon égérie ferait partie de mes récents souvenirs. Certes, une telle métamorphose est envisageable mais je ne saurais dire si elle serait facile à « gérer ». Théoriquement, tout semble possible et faisable, mais ce n’est pas qu’une affaire de mots, d’arrangements sémantiques, loin s’en faut. Cela n’aurait rien avoir avec mes flash-back de l’enfance ou de l’adolescence. La comparaison a ses limites. Cet après-midi, je me suis remémoré certaines séquences de l’époque en question. Je me suis mis à concevoir une sorte de recueil autour des habitudes qui étaient les nôtres après le lycée. Quand je dis les nôtres, je pense à celles de D.Messaoud, D.Lahcène et les miennes. Tout m’a paru très facile, la formalisation du recueil était déjà dans ma tête. Il me suffirait d’évoquer notre passe-temps, nos loisirs et dire simplement ce que nous faisions effectivement quand nous sortions du lycée à 16h30. En fonction des jours et de notre humeur, nous avions l’embarras du choix: le baby-foot, un délicieux bol de pois-chiches chez Aami Hmida pour 50 centimes, une partie de foot, un excellent thé à la menthe au café des allées, un bon sandwich aux merguez chez le rouget dont la baraque se trouvait à proximité de l’école Jules Ferry, la chorale de la troupe Essaada dont nous faisions partie, le cinéma Le Régent pour la dernière séance…Pour le cinéma, c’était surtout avec S.Azzeddine, mon voisin de quartier. Un de mes souvenirs inoubliables : Nous venions de voir Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, et en regagnant notre quartier, nous nous sommes amusés à imiter certains gestes d’Alain Delon, ses silences, à marcher, à ajuster nos manteaux comme lui, tout ça dans une franche rigolade…Le cinéma, c’était au moins deux fois par semaine. Je pourrais évoquer plein d’anecdotes de ce genre. En tout cas, il y avait toujours quelque chose à faire et tout coulait de source…oui, je pourrais raconter cela dans le détail et spontanément. Pour « I comme Italia » c’est complètement différent et, ajouterais-je, incomparable. C’est un autre registre, une autre catégorie et une grille de lecture spéciale. Certes, il y a une dimension nostalgique particulière dans ce qu’elle représente pour moi mais je ne saurais la raconter sans tenir compte de sa complexité. La complexité, en l’occurrence, c’est une exigence intellectuelle et artistique. Mon inspiratrice est de toutes les époques, elle est intemporelle. C’est sa singularité. Ce que je crois, c’est que le récit ou plutôt ses prolongements s’inscriraient nécessairement dans cette perspective. La nostalgie serait ressentie, vécue a posteriori mais je ne saurais dire comment. Ces considérations reflètent mon état d’esprit en lien avec la récente absence de « I comme Italia ». Je les publie telles quelles. Mais j’écrirai un autre chapitre pour raconter son éblouissante réapparition et notre superbe conversation d’hier, samedi 21 décembre, autour de la prodigieuse relation épistolaire entre Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : Elle connaît mon talon d’Achille. Elle est adorable. Je le lui ai dit.
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Posté par imsat le 18 décembre 2024
« Loin de vous, tout m’est exil » (Marcel Jouhandeau)
La distance physique et l’éloignement géographique finissent-ils toujours par fracasser, néantiser les passions amoureuses ? Je ne me suis évidemment pas empêché de me poser la question au sujet de ma relation épistolaire avec « I comme Italia ». J’y ai d’ailleurs fait allusion à maintes reprises, notamment en citant Jorge Luis Borgès sur l’idée de frontières qu’il jugeait absurde. Je me suis interrogé dès le début et en toute conscience sur l’impact de l’obstacle spatial, distanciel sur l’évolution de mon projet d’écriture, mais je ne voulais pas que cette préoccupation interfère dans mes soliloques et vienne vicier mon objectif cardinal : écrire un récit sur elle, sur ce que nous éprouvons l’un pour l’autre, en tout cas sur ce que moi j’éprouvais déjà pour elle et dont j’étais absolument sûr.
Si je m’étais soucié de la perspective d’une rencontre directe et immédiate, je n’aurais pas pu me lancer dans le récit. J’en étais convaincu. En vérité, je n’ai commencé à y songer sérieusement et profondément que lorsque je me suis précisément interrogé sur ce qui pouvait venir relativiser mes aspirations et peut-être même les annihiler. Encore une fois, je parle de mes sentiments, autrement dit de ce dont je suis sûr. Je ne saurais dire la même chose sur ce qu’elle ressent pour moi. Par moments, j’ai l’impression de lui forcer la main. Quand elle me dit que j’exagère lorsque je la complimente systématiquement, elle semble comme presque contrainte de se mettre en phase avec mon propos. Et elle le fait, je crois, par courtoisie. Oui, parfois, je pense, non pas que j’exagère dans l’éloge que je fais d’elle, mais qu’elle considére nos échanges pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire inscrits surtout ou exclusivement dans une configuration, une projection littéraire, utopique qui n’aurait pas nécessairement de prolongement dans la vie réelle, la vraie vie, à cause des entraves et obstacles de toutes sortes, totalement indépendants de notre volonté. Eh bien, même dans cette optique purement théorique et envisagée comme une situation éphémère, je crois m’être investi corps et âme. J’ai pensé d’abord au récit. Pas à autre chose même si chacune de mes phrases, de nos phrases déclenchait des images, des envies, des rêves nous mettant tous les deux en présence. Cela dit, j’ai considéré le choix initial de l’écriture dénuée de toute potentialité concrète en toute lucidité comme une soupape de sécurité, un élément de résilience dans le cas où il n’y aurait pas de réciprocité sentimentale et où je me retrouverais dans une impasse, face au vide. Que pourrait-elle penser d’une telle précaution ? Etait-ce maladroit de ma part ? Ne suis-je pas en train de rationaliser quelque chose qui relève du sentiment ? Peut-être, mais je n’invente rien. La question des frontières, les contraintes bureaucratiques liées à l’obtention des visas, la problématique circulation des personnes entre le Sud et le Nord, tout cela est bien réel. Je ne me cherche pas d’excuses. Le contexte global est ce qu’il est. D’une certaine façon, cette donnée détermine le devenir de mon récit, je veux dire qu’elle pourrait influer défavorablement sur mon souhait accessoire de transformer (le moment venu) le récit en actes tangibles, palpables. Si l’on pouvait circuler librement, je me serais évidemment arrangé depuis belle lurette pour aller lui rendre visite, et je l’aurais fait plusieurs fois. Est-ce que pour autant, j’aurais eu la même inspiration pour écrire ce que j’ai écrit sur elle à ce jour ? Je ne le pense pas. Ma motivation de base était adossée à des citations et photos rapportées par ses soins, à ses phrases brèves, belles et inspirantes, à trois de ses photos personnelles. Ensuite, il y a eu nos échanges, une cordialité, une vraie convivialité, des compliments réciproques dans une ambiance emplie de poésie, de beauté, de nostalgie…
Hier, je me suis souvenu d’une trés charmante femme rencontrée il y a longtemps dans le train reliant Constantine à Annaba. C’était un mois de juillet. Je crois bien en avoir déjá parlé dans Bribes d’histoire ou Réminiscences. J’ai pensé à elle en même temps qu’à « I comme Italia » et à leur ressemblance physique…
Lamine Bey Chikhi
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Posté par imsat le 13 décembre 2024
« Au Japon, on dit que les écrivains sont des perce-neige, ils fleurissent et viennent embellir le monde lorsque tout est glacé. » (Yves Simon)
Bribes de notre conversation du 9 décembre 2024.
Elle : Vous êtes un perce-neige.
Moi : (naturellement, je suis très heureux de cette entrée en matière et en mon for intérieur, je relève qu’on ne m’a jamais fait un compliment aussi beau, aussi original sur mon écriture). Mais je ne suis un perce-neige que parce qu’elle existe. Elle, c’est « I comme Italia ». Tantôt je m’adresse à elle en écrivant son prénom, tantôt je recours à son pseudo.
Mon agenda, lui dis-je, mes idées d’écriture, mes pensées quotidiennes, mes remémorations, mes étonnements, mes projections, tout cela tourne autour d’elle. Et c’est vrai !
Elle : je suis ravie, je ne trouve pas quoi dire, c’est tellement beau, mais vous exagérez.
Moi: au contraire, je reste très en-decà de ce vous incarnez réellement.
Comprenez-vous ce que vous représentez pour moi ? Mon récit est essentiel, important, nécessaire, incontournable, vital !
Elle : « Il est des jours, juste avant le printemps, Où le pré repose sous la neige épaisse, La joie sèche des arbres fait du bruit, Le vent tiède est tendre et tendu. Le corps s’étonne d’être léger. » (Anna Akhmatova) merci cher Lamine, vous me faites sourire et sentir legère….
Moi: mon récit, c’est la vraie vie. Ce n’est pas une fiction. C’est vous !
Elle : « Dans l’attente, on souffre tant de l’absence de ce qu’on désire qu’on ne peut supporter une autre présence. » (Marcel Proust)
Moi : Eh bien, oui, c’est vrai !
Ce que je souhaiterais expliquer, c’est pourquoi et en quoi ce que j’écris sur elle est nécessaire, important, incontournable et vital. Pourquoi je tiens tellement à le faire ? Parce que c’est extraordinaire, je veux dire son irruption dans ma vie est à la fois soudaine, extraordinaire et sans précédent. Et cette irruption est intellectuelle, littéraire, poétique et plus globalement artistique. Dès le début, j’ai senti que c’était tout cela en même temps. J’ai d’abord parlé d’éclectisme mais seulement au sens de diversité ou d’intérêts multiples. Non, c’est autre chose. Et comme je sais qu’elle me lit, je lui redis que je ne suis pas du tout dans l’exagération ou l’hypertrophie dans ce que je pense d’elle, dans ce que j’éprouve pour elle. Rien n’est confus dans ma tête même si je suis dans une espèce d’euphorie ou d’exaltation qui m’empêche de trouver rapidement le sens des mots que je choisis pour dire l’essentiel. Je ne suis pas non plus dans l’excès lorsque j’affirme que ce que je dis à son sujet est encore très en-deçà de ce qu’elle représente pour moi. Je ne saurais simplifier, résumer, synthétiser le propos. Surtout pas. Peut-être, la poésie pourrait-elle m’aider à trouver les mots justes pour expliquer ce dont il s’agit. Il nous arrive d’échanger des extraits de poèmes de Baudelaire, Nizar Qabbani, Eluard, Aragon, Murakami… et c’est toujours magnifique. Mais je ne suis ni Baudelaire ni Qabbani ni Eluard. Oui, c’est vrai je lui ai dit qu’elle était pour moi ce que Nusch fut pour Eluard ou Belqis pour Qabbani, et je le pensais sincèrement. Mais ce que je ressens, je veux l’expliquer en toute autonomie, en toute liberté sans devoir recourir à un relais ou à un médiateur poétique ou littéraire. Les citations dont je me sers pour titrer les chapitres du récit n’ont pas toutes un lien direct ou immédiat avec ce que je relate. Mais si je devais les décortiquer pour dire ce qui les relie à « I comme Italia » eh bien je trouverais la connexité recherchée. Il y a justement un propos que je serais tenté de mettre en avant à titre exceptionnel pour expliquer en quoi ce que m’inspire mon égérie transcende la subjectivité ou le sentiment amoureux. C’est une phrase de Michel Serres qui répond parfaitement à mon souhait dans la mesure où le philosophe établit le lien entre la civilisation, la culture et la rencontre miraculeuse de quelqu’un qui écoute.
Voilà pourquoi, je n’ai jamais voulu simplifier mes réflexions. Oui, il y a quelque chose de miraculeux dans notre rencontre. Le miracle, ce n’est pas moi, c’est elle ! Oui, si on me demande ce qu’est pour moi la culture, la civilisation, je répondrai sans la moindre hésitation : « c’est I comme Italia ! » Mais ne suis-je pas en train de complexifier une situation qui n’en a pas besoin ? Peut-être. Mais qu’en pense t-elle ?
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : elle est bienveillante, aimable, attentionnée, indulgente, extrêmement charmante et pour tout dire fascinante.
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Posté par imsat le 8 décembre 2024
« Peut-être faut-il que, parmi tous les personnages qui figurent dans une vie, il se trouve une force inconnue, un être presque symbolique qui vient à votre secours sans qu’on l’appelle » (Boris Pasternak, Le docteur Jivago)
J’ai souvent des idées plein la tête à son sujet. Je me promets systématiquement de lui en parler et en fin de compte, il n’en reste pas grand chose ou alors je crois (à tort) les avoir sauvegardées dans un coin de ma mémoire pour les évoquer en temps opportun. En général, ça revient mais sur le moment, j’ai d’abord l’impression qu’elles sont importantes au moins d’un point de vue littéraire et sentimental. Je songeais, par exemple, à ses absences récurrentes de ces derniers mois, des breaks d’une semaine ou davantage. Elle en avait certainement besoin. Je cite ce point, non pas pour m’interroger sur ce qu’elle fait durant ses absences mais pour leur impact sur mes pensées et en même temps parce que l’idée de m’éloigner, moi aussi, de twitter me trotte dans la tête depuis longtemps. Ce serait peut-être positif, psychologiquement parlant. Mais pourrais-je vraiment le faire ? Je me le demande. Pourrais-je supporter de ne pas la lire ni de converser avec elle pendant une semaine ou dix jours ? Et puis il y a ce qui se rapporte à l’Algérie, et toutes les questions y afférentes que je commente en général dans la contrariété, la colère. Mes opinions sont néanmoins absolument nécessaires en dépit (ou à cause) du contexte, comme je l’ai déjà expliqué dans un chapitre antérieur.
Oui, théoriquement, je pourrais prendre du recul. Je vais voir et me préparer en conséquence. Je vais peut-être même en parler avec elle. Son point de vue me serait utile puisqu’elle sait ce que c’est.
De toute manière, même si je prends du recul par rapport à twitter, mon récit se poursuivra. Je le redis, c’est un récit sans fin. Et puis, c’est une autre démarche…
Je souhaitais aussi lui parler de notre façon (publique) d’échanger. Qu’en pense t-elle ? En tout cas, et pour ma part, je ne me serais jamais cru capable d’exhiber ouvertement des facettes de ma subjectivité. Je ne me suis pas du tout interrogé en me lançant dans ce « processus ». C’est un autre moi-même qui converse avec elle. Je crois que c’est la seule explication ou plutôt l’explication première. Mais il y a aussi la dimension sentimentale incitative. C’est cette source d’inspiration que j’aimerais explorer mais qui reste toujours connectée au point de départ. Et le point de départ, c’est « I comme Italia. »
En attendant, je livre ci-après pour mémoire des extraits de notre bel échange du 30 novembre dernier.
Comme toujours, c’est elle qui a pris les choses en main. Oui, bien sûr, j’ai impulsé la conversation à partir d’une photo montrant une demeure dans un endroit improbable, un immense rocher, quelque part dans le monde. Cette photo était précédée de la question suivante:
« Accepteriez-vous de vivre ici durant 1 an avec nourriture, eau, électricité et internet mais sans descendre du rocher pendant toute la durée du séjour ? »
Moi: « Oui, si « I comme Italia » accepte de m’accompagner. Je suis convaincu que notre séjour sera magnifique.
Pourquoi ? Eh bien, parce qu’elle est fascinante, créative, talentueuse, nostalgique, sensuelle, inspirante, fan de Neruda, Anouk Aimée, Modiano et de photos en noir et blanc. »
Elle : oui avec plaisir mais j’ai peur du vertige…
Moi: moi aussi mais j’en ai l’habitude. Négocions alors un autre endroit
Elle : Rome (suivi d’une magnifique photo de la cité éternelle prise par ses soins.
Et d’abord, quel plaisir de vous retrouver !
Moi: Plaisir absolument réciproque. J’ai essayé de l’anticiper ces derniers jours, mais vous lire, c’est autre chose. C’est particulier. Et quand je dis c’est autre chose, cela signifie l’ineffable. D’ailleurs, c’est souvent ainsi.
Elle: Merci ! vos mots sont des caresses…
Toute fleur ouvre, en s’ouvrant, autre chose, beaucoup plus qu’elle-même.
C’est pressentir cela qui vous surprend et vous donne de la joie
Moi: Vous arrive t-il d’éprouver le besoin, l’envie de vous indigner, de vous mettre en colère? Je ne vous imagine pas vous révolter ou pousser des coups de gueule.
Elle : Non. « Je rends hommage à ceux qui parlent au vent, les fous d’amour, les visionnaires, à ceux qui donneraient vie à un rêve. Aux rejetés, aux exclus. Aux hommes de cœur, à ceux qui persistent à croire aux sentiments purs. À ceux qui sont ridiculisés et jugés. A ceux qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent et qui n’abandonnent jamais. »
(Miguel de Cervantes)
Moi: « A ceux qui persistent à croire aux sentiments purs… » oui, c’est très beau.
J’avais raison, elle est délicate, conciliante, sincère, généreuse, sage. Elle a le sens de la poésie et de la solidarité. C’est un esprit libre.
Moi : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. » (Paul Verlaine)
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum: pour moi, « I comme Italia » incarne bel et bien la force symbolique évoquée par Boris Pasternak.
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Posté par imsat le 1 décembre 2024
Votre amour m’a appris à être triste,
Et moi, depuis des siècles, j’avais besoin d’une femme qui me rende triste,
Une femme dans les bras de laquelle je pleurerais comme un oiseau,
Une femme qui rassemblerait mes parties comme les morceaux d’un vase brisé.
(Nizar Qabbani)
Il y a Ies décantations volontaires, réfléchies, et celles imposées par les circonstances. Celles auxquelles je pense ont un lien avec les propos, les questionnements de mon alter égo au sujet de mon inspiratrice depuis que j’ai esquissé les premières lignes du récit. J’ai répondu à certaines de ses interpellations même si je ne l’ai fait que sommairement. Mais je n’ai pas perdu de vue celles au sujet desquelles je n’ai rien dit. Sur nombre de points, j’étais d’accord avec lui, mais j’ai d’abord choisi de ne pas le lui dire pour ne pas simplifier des situations complexes ou sur lesquelles je ne tenais pas à m’étaler au moment où nous en avions discuté. Il semblait me dire que je m’enlisais dans mon récit, que je faisais du surplace et que finalement j’allais me retrouver dans une impasse. En fait pour lui, j’étais dans l’illusion, les chimères, des rêves que je m’évertuais à entretenir. Il comprenait bien le lien autour duquel j’entendais maintenir ma réflexion, et qui a trait aux sentiments que j’éprouve pour « I comme Italia » sous le prisme de son rapport au cinéma et à la littérature. C’est précisément cet angle de vue qui lui fait dire que j’aurais pu tout simplement développer une réflexion en m’appuyant sur mes souvenirs, les films, les artistes, les auteurs que j’ai aimés. Oui, j’aurais pu et j’y avais même pensé mais j’ai préféré engager la même démarche en passant par une muse, ma muse.
Il le savait donc et je lui ai bien expliqué le topo mais ce qui l’intéressait, ce n’était pas vraiment le cheminement de ma pensée mais l’objectif recherché. Il voulait connaître dès le début non les tenants mais les aboutissants du récit. Il aurait souhaité savoir très vite s’il y avait des connexités avec la vraie vie. Mais sa perception de la vraie vie est trop pragmatique à mon goût, trop concrète. Un jour, il m’a dit: « Ok, c’est très bien tout ça, mais quand lui téléphoneras-tu ? Tu ne connais même pas sa voix, pourquoi ne l’appelles-tu pas ? C’est quoi cette façon de communiquer ? Et pourquoi le vouvoiement entre vous, à quoi ça rime ? » Il m’a interpellé ainsi en bloc, et alors qu’il déclinait ses questions, je pensais en moi-même qu’il avait entièrement raison parce que je m’étais posé les mêmes questions à maintes reprises. Ce qu’il semblait me reprocher n’était pas nouveau pour moi. Je lui ai répondu à ma façon, tantôt entre les lignes tantôt explicitement. En général, lorsqu’il il évoque la vraie vie, nous ne sommes pas d’accord sur ce qu’elle recouvre. Pour lui, je suis dans une autre dimension, un monde parallèle, je plane. Mais la littérature, c’est aussi cela, c’est le rêve, la sublimation, l’imagination débordante, une certaine fuite en avant par rapport au réel. C’est faire durer le plaisir, des instants de bonheur par des mots, des phrases, des silences, des réminiscences… Il m’a dit qu’il appréciait la mise en exergue des citations d’auteurs dans le récit tout en me reprochant de rester rivé sur ce qu’il considérait comme une redondance exagérée de ce que j’éprouve pour « I comme Italia » Pour lui, ce que je dis n’est pas la vérité. Il ne comprend pas que je la mette constamment sur un piédestal. Le panégyrique que je fais de mon égérie lui paraît excessif, peu vraisemblable et dans certains cas pas du tout crédible. De son point de vue, je n’ai pas l’audace nécessaire de cesser de tourner autour du pot et de dire exactement ce qu’il en est, ce que je veux vraiment…
Dont acte. Mais lui, que pense t-il de la prodigieuse poésie de Nizar Qabbani ? J’aimerais bien le savoir.
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