I comme Italia -90-

Posté par imsat le 22 juin 2025

« Tu es une femme des jours heureux, ton nom et ton prénom, en tout cas, le proclament…Puisse ta présence et ton patronyme, qui sonne comme un poème d’Apollinaire, faire rejaillir sur nous un peu de la joie qu’ils augurent ! »  (Kateb Yacine à Tassâadite Aït- Sâada, septembre 1987)
Le 22 juin 2025,
Ma chère Ivana,
Suis-je à court d’inspiration ? Faut-il être toujours inspiré pour écrire ? Je me suis quelquefois posé la question. Je crois qu’il est plus facile d’écrire quand ce que l’on ressent est à portée de main, présent, immédiat. En même temps, je pense qu’il faut parfois faire preuve de volontarisme et se mettre à écrire ce que l’on veut, tout ce qui passe par la tête, pour ne pas rester en panne. Ce serait une sorte d’inspiration forcée, organisée, une « stratégie ». Par moments, il s’agit de réactiver des souvenirs. Pas nécessairement des images lointaines. Cela peut porter sur des moments récents, des conversations d’il y a quelques jours. Écrire, c’est aussi rebondir sur du résiduel, de l’inachevé, sur ce que l’on a promis de dire mais que l’on a différé pour diverses raisons.
Ivana, Je voulais dire quelques mots sur notre correspondance privée, sur la difficulté de tout dire avec les mots premiers, pas ceux que l’on prend le temps de choisir après les avoirs triés, pesés. Non, je pense à ce que l’on écrit de but en blanc, quand on se lâche…
On se dit beaucoup de choses mais on ne se dit pas tout. C’est mon impression. Il y a pas mal de nuances dans nos propos. C’est bien parce que les mots, c’est capital, c’est primordial. Il y a aussi des phrases, des émotions, des désirs qui enjolivent notre correspondance mais que je n’ose pas publier. Je vous l’ai dit. Peut-être le ferais-je pour parachever le récit ou d’une moins une partie du récit.
Pourquoi ne le ferais-je pas maintenant ? Ce n’est plus une affaire d’inspiration mais une exigence qui serait liée à l’audace ou tout simplement à la volonté de tout écrire, de ne rien escamoter, et puis advienne que pourra. Ou alors ce serait une question de timing. Quel  est justement le bon moment de dire ce qui paraît non pas indicible mais non susceptible de sortir de la sphère intime, du jardin secret  ? Les questions subsidiaires ne manquent pas. Je me suis dejà amusé à les passer en revue.
Écrire à l’aube ? Ce n’est pas ma tasse de thé.
La nuit, c’est mieux.
Écrire tous les jours ? Oui, mais à doses homéopathiques.
Écrire d’abord des mots, deux ou trois phrases.
L’inspiration est-elle plutôt hivernale, automnale ou printanière ?
L’été, c’est pour les coups de gueule, les contrariétés.
Je dis cela parce qu’il fait chaud en ce moment.
Hier après-midi, je suis passé chez Oscar, je lui ai dit que je vous avais envoyé des photos de sa pâtisserie, et que vous les aviez trouvées sympathiques et chouette. Il m’a chargé de vous transmettre ses salutations. Il m’a servi une tarte aux fraises et une citronnade. C’était délicieux.
Ivana, merci pour votre lettre modianesque du 18 juin. Écrivez-moi longuement. J’aime vous lire.
Je vous embrasse intégralement, comme je vous l’ai dit en aparté…
Lamine
PS: la citation de K.Yacine est rapportée par Benamar Mediene dans sa fabuleuse biographie « Kateb Yacine, le coeur entre les dents. » (Casbah Éditions 2007)
Lamine Bey Chikhi

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