Lamine…
Cher Lamine,
Bonne Fête de l’Indépendance !
Sous le ciel d’Alger, les feux d’artifice dansent, jetant leurs éclats d’or et d’écarlate dans une nuit qui tremble d’ivresse, les couleurs s’éparpillent au-dessus de la baie et la foule est en fête.
L’Indépendance palpite, les drapeaux murmurent des promesses, et vous êtes là, ombre douce parmi les ombres, et c’est votre regard qui m’émeus, ce regard qui semble chercher une rue disparue, une heure effacée, un nom que le vent emporte.
Vous êtes là.
Dans le scintillement des étoiles, dans le frisson des palmiers, dans l’écho des chants libres qui montent vers le ciel.
Sous ces éclats de lumière, j’imagine nos errances dans les ruelles d’Alger, ces pavés usés, parfumés de jasmin et un café oublié près de la Casbah et nos mains qui s’effleurent.
J’aime la façon dont vous portez le passé, comme une étoffe usée mais précieuse, cousue de rêves.
Je tourne et retourne votre chère lettre de la nuit dernière, si fidèle, si merveilleuse…
…Ô toi, si riche, tu donnes
des rêves à mes nuits,
des chansons à mes matins,
des buts à mes jours
et des désirs solaires à mes rouges crépuscules…
Rainer M. Rilke (lettre à Lou)
J’ai acheté des cerises, je les mange, je souris et je pense à vous.
Je vous souhaite qu’il fasse moins humide à Alger et que cette lettre soit un souffle d’air frais qui vous parvienne dans la nuit.
Quand vous avez prononcé ces mots, “Je vous ai toujours cherchée “, j’ai cru entendre le début d’un film.
Vos mots ont dansé dans l’air, légers comme une brise d’été sur une plage de la Côte d’Azur, et je me suis surprise à sourire, émue.
Vos paroles m’ont donné envie de courir, de conduire ma décapotable et de filer vers la mer, juste pour voir si vous suivriez.
Et puis, vous avez continué, avec cette voix qui semble porter toutes les vagues de la Méditerranée : “Elle est quelque part, je ne sais où, mais elle est là, elle existe… peut-être dans une autre ville méditerranéenne.”
Ces paroles, elles ont dansé dans mon âme…
Je dépose délicatement quelques pétales d’une petite rose de mon jardin dans ma lettre, avant de la plier, je la glisse dans ma poche.
Elle est pour vous.
Je vous embrasse mes beaux yeux, mon beau prince.
Bonne nuit.
Ivana
P.S.: C’est en vous regardant que tout est venu.
On ne peut s’empêcher.
Il y a des volontés mystérieuses qui sont au-dessus de nous.
Le premier des temples, c’est le cœur.”
(Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer)