I comme Italia -51-

Posté par imsat le 11 janvier 2025

« Ah ! Ma chérie, qu’est-ce que le style ? Vous savez, je ne sais même plus ce que j’écris, je ne sais plus rien, je ne me relis même pas, je ne me corrige pas, j’écris seulement pour écrire, pour m’entretenir avec vous un peu plus longtemps… » ( Fiodor Dostoïevski )

Ai-je dit tout le bien que je pensais d’elle ? non et je n’en ai pas fini ! Hier, je me suis demandé si, en parlant de miracle à propos d’elle et de notre relation, je n’avais pas mis en exergue le plus important, l’essentiel. Que pourrais-je ajouter après ça, après le miracle qu’elle incarne ? Eh bien, plein de choses. Je me suis posé des questions sur ce qui pouvait expliquer la fascination qu’elle exerce sur moi. Et ces questions, je les ai formulées à maintes reprises à son attention. Elle n’a pas répondu. Mais ça ne fait rien parce que, justement en tentant d’y répondre moi-même, je trouverais bien des raisons à l’origine de ce que je ressens pour elle. Tout est relatif ? Oui, mais dans ce cas, c’est surtout pour dire qu’elle émerge complètement du lot, qu’elle est unique. Chacun individu pourrait bien entendu être enclin à se trouver globalement bon, généreux, compréhensif, objectif, etc, et j’ai naturellement songé à toutes sortes de comparaisons entre elle et les autres, eh bien, j’affirme qu’il n’y a pas photo ! Converser avec elle, c’est un bonheur immense, c’est agréable, utile, instructif, superbe, inspirant, rassurant… J’arrive à retrouver des points de convergence avec quelques rares personnes d’autrefois. La rareté, c’est aussi ce qui la caractérise. Elle est rarissime, donc extrêmement précieuse. Elle est discrète, respectueuse. En ai je fini avec les éloges ? Non, la liste n’est pas exhaustive et reste donc ouverte. J’ai l’impression, la certitude qu’elle a bien d’autres qualités dont je ne trouve pas encore le nom. Sur elle-même, elle ne dit pas grand chose. Elle fait parler les autres (stars de cinéma, romanciers, photographes ). Je me suis demandé si je ne faisais pas tout simplement d’amalgame et si finalement, je n’étais pas en train de parler non pas d’elle mais de nos artistes préférés. Non, je ne fais pas de confusion. Ce qui est sûr, c’est que sa convivialité n’est pas feinte, calculée ou fictive. Sa façon de communiquer est naturelle, spontanée et expurgée de tout ce qui risque de la fausser, de la frelater. C’est une personne raffinée, détendue, égale à elle-même. Il n’y a rien d’artificiel dans son comportement. C’est tout cela que je perçois et que je qualifierais de quintessence du savoir-vivre. En somme, c’est un ensemble de qualités supérieures.

Lamine Bey Chikhi

Post-scriptum: Je dis souvent que « I comme Italia » est mon égérie, mon inspiratrice mais je veux préciser qu’elle est aussi ma confidente. Ma seule confidente.

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I comme Italia-50-

Posté par imsat le 6 janvier 2025

« Je voudrais bien l’an prochain réduire ma vie à l’essentiel, autant que possible, et vous êtes dans cet essentiel. » (Albert Camus)

Notre soirée du 31 décembre 2024 fut magnifique. Nous avons conversé délicieusement autour des belles choses de la vie sous le prisme d’une myriade d’écrits de Rainer Maria Rilke, Alda Merini, Rûmi, Pasolini, Kafka…
Je ne le dirais jamais assez, « I comme Italia » est brillante, percutante et inventive, elle assure toujours merveilleusement la jonction entre le rêve et la réalité.
Ce soir-là, elle était très en verve et même un peu plus que d’habitude. Elle était à Rome d’où elle a posté de jolies photos. Une de ces photos était accompagnée d’une belle citation de Pier Paolo Pasolini sur Rome: « Je dis toujours à tout le monde que Rome est la plus belle ville du monde. Les pires cauchemars sont ceux dans lesquels je rêve de devoir quitter Rome. »
La photo en question a particulièrement attiré mon attention: mon égérie est assise sur une des marches d’escaliers menant à une église. Je lui demanderai de me dire le nom de l’église. En tout cas et malgré la foule, je l’ai tout de suite reconnue, emmitouflée, un bonnet blanc sur la tête, des lunettes noires. Elle est souriante, le ciel est bleu mais elle donne l’impression d’avoir un peu froid. J’aurais bien aimé être avec elle, la serrer contre moi, l’embrasser. Elle est charmante, elle regarde l’objectif…
Notre conversation fut menée et conduite tambour battant parce que nous avions beaucoup de choses à dire. C’est elle qui l’a fluidifiée, bonifiée d’abord parce qu’elle est plus imaginative et plus réactive que moi, ensuite parce qu’elle illustre toujours ses commentaires avec des photo appropriées, enfin parce qu’elle sait diversifier, aérer l’échange.
Je ne rate jamais l’occasion de lui poser des questions ordinaires.
Eh bien, ses réponses brèves ou ses non-dits me séduisent systématiquement. Pourquoi ? Parce que j’ai l’impression d’être avec elle, de la lire et en même temps de l’entendre parler. Et puis, cette façon ludique, détendue et heureuse de se dire des choses simples me plaît beaucoup, et elle dit ces choses très vite, sans hésiter, c’est aussi cette façon de partager, de dialoguer spontanément que j’aime au-delà de la littérature, des sentiments C’est une proximité qualitative, épurée….oui c’est ça, une proximité épurée.
« Comment voulez vous que je ne sois pas dépendant de vous ? » Lui ai-je demandé.
Elle a aimé cette question mais elle ne m’a pas répondu. Du reste, je lui ai rappelé lui avoir déjà posé trois questions comparables il y a quelques mois, restées elles aussi sans réponse. Je lui avais notamment demandé de m’expliquer pourquoi j’adore ses bribes de phrases, ses mots comme « Moi aussi ! » « Ah, non je viens juste de lire votre message » « je ne sais pas », « peut-être » ou encore « hahaha ! ». Pour dire directement les choses et sans fioritures, pourquoi me fascine t-elle à ce point ? Comment expliquer qu’elle me fascine ? J’aurais aimé avoir deux ou trois éléments de réponse de sa part. Je n’en ai pas eu. Des citations, oui, elle en connait beaucoup, elles sont toutes sublimes, mais je ne connais pas la réponse de la femme qu’elle est. Mystère ou pudeur ou encore réserve fondée sur quelque appréhension de sa part, je n’en sais rien. Toujours est-il que cela aussi me fascine et fait qu’elle n’est pas seulement dans l’essentiel tel que défini par Camus. Pour moi, elle est L’essentiel à elle seule. Dans mon esprit, elle ne cohabite avec personne, elle n’a pas de rivale. Elle ne m’est pas seulement absolument nécessaire ou la plus importante personne pour moi. Elle est plus que cela. Elle est exclusive, indispensable, vitale. Et cela depuis plus de deux ans.
« J’aime les gens qui choisissent les mots à ne pas dire » (Alda Merini)
Je lui ai dit que je partageais cette citation.
Elle m’a répondu  « Moi aussi ! ». C’est aussi sûrement pour ça (parce qu’elle choisit implicitement les mots à ne pas dire) qu’elle m’éblouit sans cesse. Elle exerce carrément un monopole sur mes pensées. Voilà, c’est clair net et précis ! Et tout ça via la poésie, la littérature, le cinéma, la photographie ! Il y a les mots mais il y a aussi, consubstantiellement aux mots, le désir, la volupté, les sens, ce qu’elle suscite en tant que femme. Tout cela est intimement lié à sa façon d’être, de converser, de dire ou de ne pas dire ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent.
« Pour une raison que j’ignore, je t’aime profondément. Suffisamment pour que, la nuit, dans la solitude de l’obscurité, ton image vienne me réveiller. Et alors, incapable de retrouver le sommeil, je me perds à rêver de toi, éveillé. » (Franz Kafka à Milena Jesenska).
Cette citation a été rapportée par ses soins, juste avant le passage à la nouvelle année. C’était d’autant plus sensationnel qu’elle était illustrée d’une photo montrant une femme d’une sensualité flamboyante.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum: tout est parfaitement synchronisé entre ses photos, ses commentaires et les citations qu’elle rapporte. Elle est géniale et toujours inspirée.

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I comme Italia-49-

Posté par imsat le 29 décembre 2024

« Chacun a ses propres instants de bonheur : il s’agit simplement d’en multiplier la conscience et les occasions. »  (Albert Memmi)
Elle m’a envoyé la photo de la couverture d’un livre auquel je pensais depuis longtemps: la correspondance entre Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva 1922-1936. Belle intuition de mon inspiratrice. C’est émouvant parce que j’ai toujours aimé les relations épistolaires non seulement celles des auteurs, poètes, romanciers, artistes en général, mais aussi celles des gens ordinaires.
Comme j’ai déjà eu à le dire, je suis particulièrement admiratif des échanges qui durent et qui d’une certaine manière, transcendent le temps. Ce fut le cas de la correspondance entre Camus et Maria Casarès (1944-1959). La correspondance Pasternak-Marina Tsvetaeva fut aussi singulière. Elle a duré 14 ans, mais il ne se sont rencontrés qu’une ou deux fois. C’était avant tout une grande passion poétique et littéraire…
Bribes de notre conversation du 21 décembre 2024
Moi: merci pour cette belle photo. Mais d’abord, j’espère que vous allez bien. Et qu’il ne pleut pas trop là où vous êtes.
Elle : Je vais bien, merci, mais j’ai trop travaillé…
C’est enfin les vacances de Nöel et j’irai à Rome !
Moi: vacances amplement méritées
Elle : Oh, Cher Lamine, je suis coupable envers vous… le retard avec lequel je vous réponds, pardonnez-moi pour ce péché.
“Mais le téléphone n’a-t-il pas sonné chez vous cette nuit ? Car, oui, c’était moi qui vous téléphonais en rêve.”
Mardi, Mi-septembre 1925, Tsvetaeva à Pasternak
Moi: ma chère muse, vous n’êtes pas du tout fautive. L’essentiel est que vous alliez bien. Le reste se rattrape… 
Par la poésie, l’imagination, une perception détendue du temps qui passe, le rêve
Et au bout de tout ça, Le Temps retrouvé !
Le téléphone ? Oui, ça n’a pas arrêté de sonner. C’est vrai. Et puis une voix, une  image ou plutôt trois photos, une silhouette, une présence, oui, il y avait tout ça. Et puis Rome, Paris, Milan, Bologne…jusqu’à l’aube et le lendemain ça a repris, j’en ai fait un texte…
Elle: magnifique
Moi: « Leur correspondance est celle de deux esprits, mais des esprits vivant d’un désir aussi nécessaire pour eux que celui du pain, celui de la poésie. » (Agnès Passot)
Elle : “Leur correspondance se vit au jour le jour comme des pages d’histoire du monde, de littérature et de passion.”
(Le Monde des livres)
Moi :Oui, c’est tout cela à la fois. Ils n’ont pas eu besoin d’inventer une histoire. Ils ont raconté l’histoire de leur passion dans un contexte souvent chaotique.
C’est merveilleux !
Elle : deux destins d’exception
Moi: Merci pour cette belle évocation de la correspondance Boris Pasternak- Marina Tsvetaeva.
Une fabuleuse relation épistolaire, un joli cadeau de Noël.
Moi: Boris et Marina se sont écrit durant 14 ans (ce qui est extraordinaire) mais je crois qu’ils ont raté nombre d’occasions de se rencontrer.
Corrigez-moi si je me trompe.
Elle : ils se sont vus en 1935, à Paris. Mais j’ai lu sur le site de Babelio que “cette rencontre se révélera comme  » une non-rencontre  » : la fusion dans le réel, rêvée par Marina Tsvetaieva ne fut pas au rendez-vous.”
Moi: Selon d’autres sources, une première rencontre avait eu lieu en 1918 à Moscou.
Moi: Donc, le mektoub (comme on dit chez  moi) ne leur a pas permis d’aller plus loin, c’était écrit dans le ciel. Heureusement, que les deux en ont fait une oeuvre.
Moi: « Marina, mon amie toute d’or, ma merveilleuse, surnaturelle, fraternelle prédestination, mon âme du matin toute fumante, Marina, ma martyre, ma pitié… » (Boris Pasternak à Marina Tsvetaeva)
 
Moi: « Si nous nous étions rencontrés, vous ne m’auriez pas connue, et tout se serait apaisé. (Marina Tsvetaeva à Boris Pasternak)
 
Moi: « Pasternak, prodigieux comme le premier jour de la création. »(Marina Tsvetaeva sur Boris Pasternak)
 
Moi : « je fais plus et mieux que t’aimer » Marina à Boris 
 
Elle : « Ah, si à l’instant, tu entrais dans la chambre ! Je me précipiterais dans l’armoire (un chapeau !) – mon sac – où sont les clefs ? ne pas oublier les cigarettes ! – À nous la liberté ! Nous irions au Hradcany, je me sentirais voler…
(Marina Tsvetaeva)
Moi: Eh bien voilà le rêve qui se métamorphose et devient réalité.
Elle : elle m’envoie une photo montrant Jean-Louis Trintignant avec Anouk Aimée en marge du film de Claude Lelouch « Les  plus belles années d’une vie. »
Moi: là, vous me portez le coup de grâce ! Littérairement, poétiquement et cinématographiquement s’entend.
Normal : vous connaissez mon talon d’Achille. Évidemment, j’adore !  
Moi: Hier, j’ai pensé à l’absence créatrice, féconde, je veux dire l’absence du fait des conjonctures, des circonstances qui relèvent de la force majeure.
Eh bien, c’est notamment cela qui me subjugue dans l’échange Boris Pasternak-Marina Tsvetaeva.
Moi: En matière de photos, de créativité et d’inspiration photographique, votre leadership est indiscutable. Je l’avais dejà dit mais d’une autre façon.
Elle : merci  pour votre gentillesse
Moi: ma chère inspiratrice, s’il y avait un concours de gentillesse, vous le gagneriez aisément. Vous me battriez à plate couture. Tous les arguments dont je dispose plaident en votre faveur. J’en suis absolument convaincu. Et il n’y aucune exagération dans mon propos.
Elle : Mais, vous écrivez.

L’écriture est la peinture de la voix.
(Voltaire)
Moi: oui mais point d’écriture sans vous
Elle : Merci, Cher Lamine, il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses…
Moi: Avant le rayon de soleil (le votre bien sûr) de ce samedi, j’étais dans une sorte de spleen. Après, le bleu du ciel a tout changé. Je suis passé du spleen à l’idéal. Merci à vous Chère Ivana et à Baudelaire.
Elle : J’adore Baudelaire
« Tes cheveux contiennent tout un rêve. »
(Charles Baudelaire, Le spleen de Paris). Citation accompagnée d’une photo de Nastassja Kinski.
Moi: moi aussi j’aime cette phrase « Tes cheveux contiennent tout un rêve »
Moi: Finalement, nous avons rattrapé le temps perdu. J’ai beaucoup aimé notre conversation de ce soir. Pour un tas de raisons (Pasternak, Marina Tsvetaeva, vos photos, votre inspiration, la nostalgie créatrice, de superbes convergences, votre gentillesse, votre délicatesse.
Oui, J’ai aimé notre conversation. Je n’en ai rendu compte que partiellement. Il n’y a d’ailleurs pas que les citations et nos commentaires qui alimentent notre conversation. Il y a aussi l’atmosphère que « I comme Italia » crée instantanément autour de nos échanges. Une atmosphère qui ressemble à un voyage dans le temps et dans l’espace. Dans ce voyage, il y a des accélérations et des ralentissements, des pauses, des bifurcations, toujours plein d’images. C’est une machine à remonter le temps, un monde à part, notre monde à nous, une bulle. J’oublie complètement tout lorsque je la lis et plus encore lorsque je lui réponds. Cette atmosphère, c’est elle qui l’impulse, la façonne, l’ajuste toujours idéalement. Il n’y a pas de temps mort. On jouit du présent, de l’immédiat. Le temps mort, c’est après la conversation, c’est le temps d’une autre appréciation. Je ne la remercierais jamais assez pour les moments de bonheur qu’elle me procure outre les compliments dont elle me gratifie fréquemment.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : “J’ai trouvé le Merveilleux.” (Lettre de Maria Casares à Albert Camus, Noël 1948). Je dis très exactement la même chose de « I comme Italia » qui a rapporté cette belle phrase hier 28 décembre.

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I comme Italia -48-

Posté par imsat le 22 décembre 2024

« Ce qui reste dans la vie, ce ne sont pas les cadeaux matériels, mais les souvenirs des moments que vous avez vécus et qui vous ont rendu heureux. Votre richesse n’est pas enfermée dans un coffre-fort,, mais dans votre esprit ; ce sont les émotions que vous avez ressenties à l’intérieur de votre âme. » (Alda Merini)
Mon écriture serait quelque peu labyrinthique. On me l’a dit. Je suis d’accord avec cette observation. Mais je me rappelle parfaitement avoir bien souligné dès le départ que mon propos ne serait pas linéaire. Que ce ne serait pas non plus une histoire avec un début, un déroulé chronologique de faits et un épilogue plus ou moins escompté, plus ou moins logique. Non, c’est une réflexion presque au jour le jour qui ne s’inscrit dans aucun plan préalable. Il y a des moments magnifiques de bonheur, mais il y a aussi des incertitudes, des rebondissements dans les impressions, des doutes, et c’est cela que j’essaie de faire ressortir. Nous n’avons pas conversé depuis près de dix jours (pour moi, une éternité), j’étais tenté de lui écrire, je ne l’ai pas fait, je crois que sa charge de travail la mobilise complètement, il y a peut-être autre chose, une lassitude, une fatigue, je ne sais pas, voilà, c’est le réel. En même temps, tout est fragile, je veux dire notre relation n’est pas sanctuarisée, elle n’est à l’abri de rien. C’est ce que je pense mais je ne connais pas son point de vue. Je crois que c’est une personne sereine. Je me suis demandé si je pouvais autonomiser mon récit et le poursuivre indépendamment de ce qui pourrait affecter notre dialogue de quelque facon que ce soit et pour quelque raison que ce soit. Oui, ce serait possible, je me positionnerais alors par rapport à ce qui fut, je réintègrerais le monde des réminiscences. Mon égérie ferait partie de mes récents souvenirs. Certes, une telle métamorphose est envisageable mais je ne saurais dire si elle serait facile à « gérer ». Théoriquement, tout semble possible et faisable, mais ce n’est pas qu’une affaire de mots, d’arrangements sémantiques, loin s’en faut. Cela n’aurait rien avoir avec mes flash-back de l’enfance ou de l’adolescence. La comparaison a ses limites. Cet après-midi, je me suis remémoré certaines séquences de l’époque en question. Je me suis mis à concevoir une sorte de recueil autour des habitudes qui étaient les nôtres après le lycée. Quand je dis les nôtres, je pense à celles de D.Messaoud, D.Lahcène et les miennes. Tout m’a paru très facile, la formalisation du recueil était déjà dans ma tête. Il me suffirait d’évoquer notre passe-temps, nos loisirs et dire simplement ce que nous faisions effectivement quand nous sortions du lycée à 16h30. En fonction des jours et de notre humeur, nous avions l’embarras du choix: le baby-foot, un délicieux bol de pois-chiches chez Aami Hmida pour 50 centimes, une partie de foot, un excellent thé à la menthe au café des allées, un bon sandwich aux merguez chez le rouget dont la baraque se trouvait à proximité de l’école Jules Ferry, la chorale de la troupe Essaada dont nous faisions partie, le cinéma Le Régent pour la dernière séance…Pour le cinéma, c’était surtout avec S.Azzeddine, mon voisin de quartier. Un de mes souvenirs inoubliables : Nous venions de voir Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, et en regagnant notre quartier, nous nous sommes amusés à imiter certains gestes d’Alain Delon, ses silences, à marcher, à ajuster nos manteaux comme lui, tout ça dans une franche rigolade…Le cinéma, c’était au moins deux fois par semaine. Je pourrais évoquer plein d’anecdotes de ce genre. En tout cas, il y avait toujours quelque chose à faire et tout coulait de source…oui, je pourrais raconter cela dans le détail et spontanément. Pour « I comme Italia » c’est complètement différent et, ajouterais-je, incomparable. C’est un autre registre, une autre catégorie et une grille de lecture spéciale. Certes, il y a une dimension nostalgique particulière dans ce qu’elle représente pour moi mais je ne saurais la raconter sans tenir compte de sa complexité. La complexité, en l’occurrence, c’est une exigence intellectuelle et artistique. Mon inspiratrice est de toutes les époques, elle est intemporelle. C’est sa singularité. Ce que je crois, c’est que le récit ou plutôt ses prolongements s’inscriraient nécessairement dans cette perspective. La nostalgie serait ressentie, vécue a posteriori mais je ne saurais dire comment. Ces considérations reflètent mon état d’esprit en lien avec la récente absence de « I comme Italia ». Je les publie telles quelles. Mais j’écrirai un autre chapitre pour raconter son éblouissante réapparition et notre superbe conversation d’hier, samedi 21 décembre, autour de la prodigieuse relation épistolaire entre Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : Elle connaît mon talon d’Achille. Elle est adorable. Je le lui ai dit.

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I comme Italia -47-

Posté par imsat le 18 décembre 2024

« Loin de vous, tout m’est exil » (Marcel Jouhandeau)
La distance physique et l’éloignement géographique finissent-ils toujours par fracasser, néantiser les passions amoureuses ? Je ne me suis évidemment pas empêché de me poser la question au sujet de ma relation épistolaire avec « I comme Italia ». J’y ai d’ailleurs fait allusion à maintes reprises, notamment en citant Jorge Luis Borgès sur l’idée de frontières qu’il jugeait absurde. Je me suis interrogé dès le début et en toute conscience sur l’impact de l’obstacle spatial, distanciel sur l’évolution de mon projet d’écriture, mais je ne voulais pas que cette préoccupation interfère dans mes soliloques et vienne vicier mon objectif cardinal : écrire un récit sur elle, sur ce que nous éprouvons l’un pour l’autre, en tout cas sur ce que moi j’éprouvais déjà pour elle et dont j’étais absolument sûr.
Si je m’étais soucié de la perspective d’une rencontre directe et immédiate, je n’aurais pas pu me lancer dans le récit. J’en étais convaincu. En vérité, je n’ai commencé à y songer sérieusement et profondément que lorsque je me suis précisément interrogé sur ce qui pouvait venir relativiser mes aspirations et peut-être même les annihiler. Encore une fois, je parle de mes sentiments, autrement dit de ce dont je suis sûr. Je ne saurais dire la même chose sur ce qu’elle ressent pour moi. Par moments, j’ai l’impression de lui forcer la main. Quand elle me dit que j’exagère lorsque je la complimente systématiquement, elle semble comme presque contrainte de se mettre en phase avec mon propos. Et elle le fait, je crois, par courtoisie. Oui, parfois, je pense, non pas que j’exagère dans l’éloge que je fais d’elle, mais qu’elle considére nos échanges pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire inscrits surtout ou exclusivement dans une configuration, une projection littéraire, utopique qui n’aurait pas nécessairement de prolongement dans la vie réelle, la vraie vie, à cause des entraves et obstacles de toutes sortes, totalement indépendants de notre volonté. Eh bien, même dans cette optique purement théorique et envisagée comme une situation éphémère, je crois m’être investi corps et âme. J’ai pensé d’abord au récit. Pas à autre chose même si chacune de mes phrases, de nos phrases déclenchait des images, des envies, des rêves nous mettant tous les deux en présence. Cela dit, j’ai considéré le choix initial de l’écriture dénuée de toute potentialité concrète en toute lucidité comme une soupape de sécurité, un élément de résilience dans le cas où il n’y aurait pas de réciprocité sentimentale et où je me retrouverais dans une impasse, face au vide. Que pourrait-elle penser d’une telle précaution ? Etait-ce maladroit de ma part ?  Ne suis-je pas en train de rationaliser quelque chose qui relève du sentiment ? Peut-être, mais je n’invente rien. La question des frontières, les contraintes bureaucratiques liées à l’obtention des visas, la problématique circulation des personnes entre le Sud et le Nord, tout cela est bien réel. Je ne me cherche pas d’excuses. Le contexte global est ce qu’il est. D’une certaine façon, cette donnée détermine le devenir de mon récit, je veux dire qu’elle pourrait influer défavorablement sur mon souhait accessoire de transformer (le moment venu) le récit en actes tangibles, palpables. Si l’on pouvait circuler librement, je me serais évidemment arrangé depuis belle lurette pour aller lui rendre visite, et je l’aurais fait plusieurs fois. Est-ce que pour autant, j’aurais eu la même inspiration pour écrire ce que j’ai écrit sur elle à ce jour ? Je ne le pense pas. Ma motivation de base était adossée à des citations et photos rapportées par ses soins, à ses phrases brèves, belles et inspirantes, à trois de ses photos personnelles. Ensuite, il y a eu nos échanges, une cordialité, une vraie convivialité, des compliments réciproques dans une ambiance emplie de poésie, de beauté, de nostalgie…
Hier, je me suis souvenu d’une trés charmante femme rencontrée il y a longtemps dans le train reliant Constantine à Annaba. C’était un mois de juillet. Je crois bien en avoir déjá parlé dans Bribes d’histoire ou Réminiscences. J’ai pensé à elle en même temps qu’à « I comme Italia » et à leur ressemblance physique…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia-46-

Posté par imsat le 13 décembre 2024

« Au Japon, on dit que les écrivains sont des perce-neige, ils fleurissent et viennent embellir le monde lorsque tout est glacé. » (Yves Simon)
 
Bribes de notre conversation du 9 décembre 2024.
Elle : Vous êtes un perce-neige.
Moi : (naturellement, je suis très heureux de cette entrée en matière et en mon for intérieur, je relève qu’on ne m’a jamais fait un compliment aussi beau, aussi original sur mon écriture). Mais je ne suis un perce-neige que parce qu’elle existe. Elle, c’est « I comme Italia ». Tantôt je m’adresse à elle en écrivant son prénom, tantôt je recours à son pseudo.
Mon agenda, lui dis-je, mes idées d’écriture, mes pensées quotidiennes, mes remémorations, mes étonnements, mes projections, tout cela tourne autour d’elle. Et c’est vrai !
Elle : je suis ravie, je ne trouve pas quoi dire, c’est tellement beau, mais vous exagérez.
Moi: au contraire, je reste très en-decà de ce vous incarnez réellement.
Comprenez-vous ce que vous représentez pour moi ? Mon récit est essentiel, important, nécessaire, incontournable, vital !
Elle : « Il est des jours, juste avant le printemps, Où le pré repose sous la neige épaisse, La joie sèche des arbres fait du bruit, Le vent tiède est tendre et tendu. Le corps s’étonne d’être léger. » (Anna Akhmatova) merci cher Lamine, vous me faites sourire et sentir legère….
Moi: mon récit, c’est la vraie vie. Ce n’est pas une fiction. C’est vous  !
Elle : « Dans l’attente, on souffre tant de l’absence de ce qu’on désire qu’on ne peut supporter une autre présence. » (Marcel Proust)
Moi : Eh bien, oui, c’est vrai !
Ce que je souhaiterais expliquer, c’est pourquoi et en quoi ce que j’écris sur elle est nécessaire, important, incontournable et vital. Pourquoi je tiens tellement à le faire ? Parce que c’est extraordinaire, je veux dire son irruption dans ma vie est à la fois soudaine, extraordinaire et sans précédent. Et cette irruption est intellectuelle, littéraire, poétique et plus globalement artistique. Dès le début, j’ai senti que c’était tout cela en même temps. J’ai d’abord parlé d’éclectisme mais seulement au sens de diversité ou d’intérêts multiples. Non, c’est autre chose. Et comme je sais qu’elle me lit, je lui redis que je ne suis pas du tout dans l’exagération ou l’hypertrophie dans ce que je pense d’elle, dans ce que j’éprouve pour elle. Rien n’est confus dans ma tête même si je suis dans une espèce d’euphorie ou d’exaltation qui m’empêche de trouver rapidement le sens des mots que je choisis pour dire l’essentiel. Je ne suis pas non plus dans l’excès lorsque j’affirme que ce que je dis à son sujet est encore très en-deçà de ce qu’elle représente pour moi. Je ne saurais simplifier, résumer, synthétiser le propos. Surtout pas. Peut-être, la poésie pourrait-elle m’aider à trouver les mots justes pour expliquer ce dont il s’agit. Il nous arrive d’échanger des extraits de poèmes de Baudelaire, Nizar Qabbani, Eluard, Aragon, Murakami… et c’est toujours magnifique. Mais je ne suis ni Baudelaire ni Qabbani ni Eluard. Oui, c’est vrai je lui ai dit qu’elle était pour moi ce que Nusch fut pour Eluard ou Belqis pour Qabbani, et je le pensais sincèrement. Mais ce que je ressens, je veux l’expliquer en toute autonomie, en toute liberté sans devoir recourir à un relais ou à un médiateur poétique ou littéraire. Les citations dont je me sers pour titrer les chapitres du récit n’ont pas toutes un lien direct ou immédiat avec ce que je relate. Mais si je devais les décortiquer pour dire ce qui les relie à « I comme Italia » eh bien je trouverais la connexité recherchée. Il y a justement un propos que je serais tenté de mettre en avant à titre exceptionnel pour expliquer en quoi ce que m’inspire mon égérie transcende la subjectivité ou le sentiment amoureux. C’est une phrase de Michel Serres qui répond parfaitement à mon souhait dans la mesure où le philosophe établit le lien entre la civilisation, la culture et la rencontre miraculeuse de quelqu’un qui écoute.
Voilà pourquoi, je n’ai jamais voulu simplifier mes réflexions. Oui, il y a quelque chose de miraculeux dans notre rencontre. Le miracle, ce n’est pas moi, c’est elle ! Oui, si on me demande ce qu’est pour moi la culture, la civilisation, je répondrai sans la moindre hésitation : « c’est I comme Italia ! » Mais ne suis-je pas en train de complexifier une situation qui n’en a pas besoin ? Peut-être. Mais qu’en pense t-elle ?
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : elle est bienveillante, aimable, attentionnée, indulgente, extrêmement charmante et pour tout dire fascinante.

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I comme Italia -45-

Posté par imsat le 8 décembre 2024

« Peut-être faut-il que, parmi tous les personnages qui figurent dans une vie, il se trouve une force inconnue, un être presque symbolique qui vient à votre secours sans qu’on l’appelle » (Boris Pasternak, Le docteur Jivago)
J’ai souvent des idées plein la tête à son sujet. Je me promets systématiquement de lui en parler et en fin de compte, il n’en reste pas grand chose ou alors je crois (à tort) les avoir sauvegardées dans un coin de ma mémoire pour les évoquer en temps opportun. En général, ça revient mais sur le moment, j’ai d’abord l’impression qu’elles sont importantes au moins d’un point de vue littéraire et sentimental. Je songeais, par exemple, à ses absences récurrentes de ces derniers mois, des breaks d’une semaine ou davantage. Elle en avait certainement besoin. Je cite ce point, non pas pour m’interroger sur ce qu’elle fait durant ses absences mais pour leur impact sur mes pensées et en même temps parce que l’idée de m’éloigner, moi aussi, de twitter me trotte dans la tête depuis longtemps. Ce serait peut-être positif, psychologiquement parlant. Mais pourrais-je vraiment le faire ? Je me le demande. Pourrais-je supporter de ne pas la lire ni de converser avec elle pendant une semaine ou dix jours ? Et puis il y a ce qui se rapporte à l’Algérie, et toutes les questions y afférentes que je commente en général dans la contrariété, la colère. Mes opinions sont néanmoins absolument nécessaires en dépit (ou à cause) du contexte, comme je l’ai déjà expliqué dans un chapitre antérieur.
Oui, théoriquement, je pourrais prendre du recul.  Je vais voir et me préparer en conséquence. Je vais peut-être même en parler avec elle. Son point de vue me serait utile puisqu’elle sait ce que c’est.
De toute manière, même si je prends du recul par rapport à twitter, mon récit se poursuivra. Je le redis, c’est un récit sans fin. Et puis, c’est une autre démarche…
Je souhaitais aussi lui parler de notre façon (publique) d’échanger. Qu’en pense t-elle ? En tout cas, et pour ma part, je ne me serais jamais cru capable d’exhiber ouvertement des facettes de ma subjectivité. Je ne me suis pas du tout interrogé en me lançant dans ce « processus ». C’est un autre moi-même qui converse avec elle. Je crois que c’est la seule explication ou plutôt l’explication première. Mais il y a aussi la dimension sentimentale incitative. C’est cette source d’inspiration que j’aimerais explorer mais qui reste toujours connectée au point de départ. Et le point de départ, c’est « I comme Italia. »
En attendant, je livre ci-après pour mémoire des extraits de notre bel échange du 30 novembre dernier.
Comme toujours, c’est elle qui a pris les choses en main. Oui, bien sûr, j’ai impulsé la conversation à partir d’une photo montrant une demeure dans un endroit improbable, un immense rocher, quelque part dans le monde. Cette photo était précédée de la question suivante:
« Accepteriez-vous de vivre ici durant 1 an avec nourriture, eau, électricité et internet mais sans descendre du rocher pendant toute la durée du séjour ? »
Moi: « Oui, si « I comme Italia » accepte de m’accompagner. Je suis convaincu que notre séjour sera magnifique.
Pourquoi ? Eh bien, parce qu’elle est fascinante, créative, talentueuse, nostalgique, sensuelle, inspirante, fan de Neruda, Anouk Aimée, Modiano et de photos en noir et blanc. »
Elle : oui avec plaisir mais j’ai peur du vertige…
 Moi: moi aussi mais j’en ai l’habitude. Négocions alors un autre endroit
Elle : Rome (suivi d’une magnifique photo de la cité éternelle prise par ses soins. 
Et d’abord, quel plaisir de vous retrouver !
Moi: Plaisir absolument réciproque. J’ai essayé de l’anticiper ces derniers jours, mais vous lire, c’est autre chose. C’est particulier. Et quand je dis c’est autre chose, cela signifie l’ineffable. D’ailleurs, c’est souvent ainsi.
Elle: Merci ! vos mots sont des caresses…
Toute fleur ouvre, en s’ouvrant, autre chose, beaucoup plus qu’elle-même.
C’est pressentir cela qui vous surprend et vous donne de la joie
Moi:  Vous arrive t-il d’éprouver le besoin, l’envie de vous indigner, de vous mettre en colère? Je ne vous imagine pas vous révolter ou pousser des coups de gueule.
Elle : Non. « Je rends hommage à ceux qui parlent au vent, les fous d’amour, les visionnaires, à ceux qui donneraient vie à un rêve. Aux rejetés, aux exclus. Aux hommes de cœur, à ceux qui persistent à croire aux sentiments purs. À ceux qui sont ridiculisés et jugés. A ceux qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent et qui n’abandonnent jamais. »
(Miguel de Cervantes)
Moi: « A ceux qui persistent à croire aux sentiments purs… » oui, c’est très beau.
J’avais raison, elle est délicate, conciliante, sincère, généreuse, sage. Elle a le sens de la poésie et de la solidarité. C’est un esprit libre.
Moi : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. » (Paul Verlaine)
 
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum: pour moi, « I comme Italia » incarne bel et bien la force symbolique évoquée par Boris Pasternak.

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I comme Italia-44-

Posté par imsat le 1 décembre 2024

Votre amour m’a appris à être triste,
Et moi, depuis des siècles, j’avais besoin d’une femme qui me rende triste,
Une femme dans les bras de laquelle je pleurerais comme un oiseau,
Une femme qui rassemblerait mes parties comme les morceaux d’un vase brisé.
(Nizar Qabbani)
Il y a Ies décantations volontaires, réfléchies, et celles imposées par les circonstances. Celles auxquelles je pense ont un lien avec les propos, les questionnements de mon alter égo au sujet de  mon inspiratrice depuis que j’ai esquissé les premières lignes du récit. J’ai répondu à certaines de ses interpellations même si je ne l’ai fait que sommairement. Mais je n’ai pas perdu de vue celles au sujet desquelles je n’ai rien dit. Sur nombre de points, j’étais d’accord avec lui, mais j’ai d’abord choisi de ne pas le lui dire pour ne pas simplifier des situations complexes ou sur lesquelles je ne tenais pas à m’étaler au moment où nous en avions discuté. Il semblait me dire que je m’enlisais dans mon récit, que je faisais du surplace et que finalement j’allais me retrouver dans une impasse. En fait pour lui, j’étais dans l’illusion, les chimères, des rêves que je m’évertuais à entretenir. Il comprenait bien le lien autour duquel j’entendais maintenir ma réflexion, et qui a trait aux sentiments que j’éprouve pour « I comme Italia » sous le prisme de son rapport au cinéma et à la littérature. C’est précisément cet angle de vue qui lui fait dire que j’aurais pu tout simplement développer une réflexion en m’appuyant sur mes souvenirs, les films, les artistes, les auteurs que j’ai aimés. Oui, j’aurais pu et j’y avais même pensé mais j’ai préféré engager la même démarche en passant par une muse, ma muse.
Il le savait donc et je lui ai bien expliqué le topo mais ce qui l’intéressait, ce n’était pas vraiment le cheminement de ma pensée mais l’objectif recherché. Il voulait connaître dès le début non les tenants mais les aboutissants du récit. Il aurait souhaité savoir très vite s’il y avait des connexités avec la vraie vie. Mais sa perception de la vraie vie est trop pragmatique à mon goût, trop concrète. Un jour, il m’a dit:  « Ok, c’est très bien tout ça, mais quand lui téléphoneras-tu ? Tu ne connais même pas sa voix, pourquoi ne l’appelles-tu pas ? C’est quoi cette façon de communiquer ? Et pourquoi le vouvoiement entre vous, à quoi ça rime ? » Il m’a interpellé ainsi en bloc, et alors qu’il déclinait ses questions, je pensais en moi-même qu’il avait entièrement raison parce que je m’étais posé les mêmes questions à maintes reprises. Ce qu’il semblait me reprocher n’était pas nouveau pour moi. Je lui ai répondu à ma façon, tantôt entre les lignes tantôt explicitement. En général, lorsqu’il il évoque la vraie vie, nous ne sommes pas d’accord sur ce qu’elle recouvre. Pour lui, je suis dans une autre dimension, un monde parallèle, je plane. Mais la littérature, c’est aussi cela, c’est le rêve, la sublimation, l’imagination débordante, une certaine fuite en avant par rapport au réel. C’est faire durer le plaisir, des instants de bonheur par des mots, des phrases, des silences, des réminiscences… Il m’a dit qu’il appréciait la mise en exergue des citations d’auteurs dans le récit tout en me reprochant de rester rivé sur ce qu’il considérait comme une redondance exagérée de ce que j’éprouve pour « I comme Italia » Pour lui, ce que je dis n’est pas la vérité. Il ne comprend pas que je la mette constamment sur un piédestal. Le panégyrique que je fais de mon égérie lui paraît excessif, peu vraisemblable et dans certains cas pas du tout crédible. De son point de vue, je n’ai pas l’audace nécessaire de cesser de tourner autour du pot et de dire exactement ce qu’il en est, ce que je veux vraiment…
Dont acte. Mais lui, que pense t-il de la prodigieuse poésie de Nizar Qabbani ? J’aimerais bien le savoir.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -43-

Posté par imsat le 24 novembre 2024

« Rien ne ravive mieux le passé que l’odeur qu’on lui a autrefois associée » (Vladimir Nabokov)

« Cher Lamine, excusez moi, je suis busy, busy, busy. Je répondrai à tous vos messages demain. Promis ! » C’est ce qu’elle m’a dit le 19 novembre. Je lui ai répondu que son message était le plus beau des poèmes et qu’avec ces quelques mots, je pourrais tenir des heures, des jours, des mois, des années, une éternité. J’avoue que, le lendemain, après l’inhumation du doyen de la famille (paix à son âme) et le repas servi dans ce sillage, j’étais un peu pressé de me retrouver seul pour penser à elle.
Penser à elle, ce n’est pas abstrait et ce n’est pas seulement penser à elle physiquement ou intellectuellement. C’est bien au-delà, c’est autre chose. J’ai éprouvé l’immense besoin de penser à elle mais pas comme je le fais habituellement. Non, c’était différent, d’abord des sensations, l’envie de lui dire justement ce que je ressentais à ce moment-là. Besoin de lui dire que j’étais dans un  vide abyssal, que je souhaitais lui parler de plein de choses, de son prénom, qu’il m’arrive de prononcer plusieurs fois par jour, du hasard, des rencontres magiques. Je me disais « il faut absolument que je note, pour ne pas les oublier, les idées dont je souhaiterais m’entretenir avec elle… »Il s’agissait aussi et d’abord pour moi de regagner, en urgence absolue, pour ainsi dire, l’espace dans lequel nous nous retrouvons habituellement pour converser, nous faire plaisir en convoquant tel ou tel auteur, telle ou telle star de cinéma. Cet espace, notre cocon, c’est de la télépathie, des intuitions, des sentiments éprouvés en temps réel. Je parle souvent de son omniprésence dans mes pensées. Ce jour-là, cette omniprésence a été interrompue, indépendamment de ma volonté; j’en étais d’ailleurs conscient. Mais Je ne l’ai pas perdue de vue. C’est comme un médicament, un remède, une sorte de drogue que l’on prend quotidiennement, et que l’on peut rater provisoirement, malgré soi. Cette interruption crée immédiatement un manque. Pas n’importe quel manque. Pour moi et par rapport à elle, ce manque, c’est une kyrielle de petites habitudes constitutives de sa belle et exceptionnelle personnalité, de ce qu’elle incarne. Mais cette fois, l’atmosphère était emplie d’un parfum sublime, le sien, et puis, alors que je rentrais chez moi, je me suis rendu compte qu’il y avait une alternance entre le parfum en question et une odeur corporelle, l’odeur de sa peau. Je sentais cette odeur comme si « I comme Italia » était près de moi. Cette odeur ne m’était pas inconnue, elle me renvoyait à une période du passé. Je me suis déjà interrogé sur la voix de mon inspiratrice, je ne la connais pas, j’ai tenté de l’imaginer en songeant à des voix d’actrices, telles celles de Monica Vitti, Claudia  Cardinale ou Anouk Aimée. Mais pour l’odeur, je ne me suis pas posé de question, elle était là, envoûtante, sensuelle, voluptueuse dans mon environnement immédiat, associée à des images précises liées à l’adolescence, et cela a duré trois jours. J’allais lui en parler mais nous étions pris dans notre tourbillon paradisiaque de citations-commentaires autour de ce qui concourt aux belles rencontres, celles évoquées par ses soins et que Françoise Sagan appelle les familles de l’esprit ou celles du hasard. Sur le même thème, Haruki Murakami dit : « Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures. » Et puis le hasard est partout. Elle m’a dit avoir trouvé trois livres dans la rue, dont « Ainsi parlait Zarathoustra » l’oeuvre magistrale de Friedrich Nietzsche. Pourquoi des livres ? Pourquoi trois livres ? pourquoi à l’endroit précis où elle les a trouvés ? pourquoi elle ? Pourquoi Nietzsche ? C’est extraordinaire ! Ce qui est sûr, c’est que ces livres sont désormais entre de bonnes mains. C’est ce que nous nous sommes dit en guise de commentaire d’une photo montrant une rue de Bagdad pleine de livres que les passants peuvent lire. Une phrase accompagne cette photo:  « Les marchés du livre en Irak laissent les livres dans la rue parce que les Irakiens disent : « Le lecteur ne vole pas et le voleur ne lit pas »
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -42-

Posté par imsat le 15 novembre 2024

« L’amour, c’est être toujours inquiet de l’autre » (Marcel Achard)
J’ai tenté un parallèle entre les échanges épistolaires d’autrefois et mes conversations avec « I comme Italia. » J’ai déjà dit mon admiration pour la splendide correspondance de nombre d’auteurs et artistes (Camus-Maria Casares, Boris Pasternak-Marina Tsvetaieva, Franz Kafka-Milena Jesenka, André Breton- Nadja…). Je continue de penser que cette correspondance est extraordinairement belle pour plein de raisons. Ce n’est évidemment pas un feu de paille quand cela s’étale sur des années, parfois plus de 20 ans. Je me suis demandé pourquoi les auteurs en question ont privilégié cette façon de communiquer. C’est vrai, de leur temps, il n’y avait pas d’autres possibilité de contourner l’éloignement, la séparation, parfois les obstacles politiques. Il fallait malgré tout saisir l’opportunité de tout dire dans les lettres. « Écrire ce n’est pas seulement écrire des livres, c’est aussi écrire des lettres » ( Marguerite Duras ). Je pense qu’il y avait dans l’esprit de ces amants l’idée, l’hypothèse que leurs lettres seraient publiées un jour, à titre posthume et que les lecteurs en prendraient connaissance tôt ou tard. Il y a donc sous-jacente à l’échange épistolaire le souhait, l’ambition de joindre l’utile à l’agréable. Cela dit, comparaison n’est pas raison. Je n’ai jamais eu la prétention d’établir quelque lien que ce soit entre mes formidables conversations avec « I comme Italia » et la correspondance des grands écrivains. J’avoue cependant avoir rêvé d’instaurer avec mon égérie une atmosphère, une dynamique plus ou moins similaire à celle que j’avais imaginée en lisant des extraits des lettres de Pasternak ou de Kafka. Les points de détail, la date, voire l’heure à laquelle une lettre a été écrite, le lieu d’expédition, la saison, la couleur du ciel, le contexte politique s’il y a lieu, un post-scriptum…tout cela attire systématiquement mon attention et m’intéresse. C’est sans doute purement formel mais cela impacte le fond, les deux sont intimement liés.
En le disant ainsi, je me remémore un ancien camarade du service national qui, six mois durant, recevait une lettre par jour de sa fiancée de Constantine. La distribution du courrier par le vaguemestre de l’EFOR de Blida où nous effectuions notre instruction militaire se réduisait pratiquement à la remise de la lettre quotidienne adressée à Hosni par sa dulcinée. Il lui écrivait pour sa part régulièrement mais pas au même rythme. Parfois, ils échangeaient des petits mots: « tu me manques » « vivement la quille », « je m’ennuie sans toi » « aujourd’hui, il fait très froid à Blida, il a même neigé », « je pense à toi tout le temps… »
Quel rapport avec « I comme Italia » ? Juste des idées autour de la régularité dans l’échange épistolaire. Moi aussi, j’aurais aimé écrire tous les jours à « I comme Italia ». Je pourrais le faire mais je me retiens. Pourquoi ? Tout simplement, pour ne pas la déranger dans sa vie quotidienne. Je le lui ai dit mercredi dernier, elle m’a répondu que ça ne la dérangerait jamais.
Christian Bobin a raison: « quand on aime quelqu’un, on a toujours quelque chose à lui dire, tout le temps… » Oui, j’aurais toujours des choses à lui dire. Je pourrais faire comme Hosni et m’arranger pour qu’elle reçoive au moins un mot par jour de ma part. Ce serait évidemment plus facile avec internet. Mais je persiste à croire, peut être à tort, que ce serait une intrusion de ma part dans sa vie de tous les jours, dans ses habitudes, sa vie sociale. Heureusement, nous nous parlons beaucoup via notre mode de communication actuel. Notre soirée du mercredi 13 novembre, fut haletante, inspirante, étincelante. Le point de départ: cette citation d’Anaïs Nin : « La fascination qu’exerce un être sur un autre ne provient pas de ce qu’exhale sa personnalité à l’instant de la rencontre. C’est de la somme de tout son être que se dégage une drogue puissante capable de séduire et d’attacher »
Je trouve que cette définition correspond exactement au couple mythique Michelangelo Antonioni -Monica Vitti dont j’avais posté une sympathique photo, mais elle convient aussi parfaitement à ce que je pense de « I comme Italia ». C’est une sorte de synthèse de tout ce que j’ai écrit sur elle depuis un peu plus d’une année. Pour autant, je ne crois pas du tout avoir fini d’explorer ce qui explique la fascination qu’elle dégage. Ce qui est singulier, c’est que cette fascination s’exerce par des mots, des phrases, une façon d’articuler la réflexion, une fluidité dans le style, des réponses décomplexées, libres, naturelles, une séduisante modernité. Ses mots ont une sonorité particulière, et certains d’entre-eux, y compris les plus ordinaires, suggèrent une sensualité poétique. C’est ainsi que je les lis, que je les interprète, que je les ressens. Mercredi, nous avons parlé d’escapades vers de lointaines contrées. J’ai évoqué Oulan Bator, en Mongolie, les steppes et les tentes mongoles parce que j’ai suivi, il y a quelques années, un magnifique documentaire sur ce pays. Notre rêve a duré une demi-heure. Et puis, nous avons poursuivi notre conversation autour d’Eluard, Pablo Neruda, Alda Merini…et de très belles photos noir et blanc qu’elle a choisies avec soin et, comme d’habitude, en symbiose avec ce dont nous parlions. En réponse au propos sur la fascination, elle a cité Henry Miller s’adressant à Anaïs Nin : « Quand je pense à vous maintenant, le sourire me monte aux lèvres. C’est exactement ce que je vous aurais demandé de porter si j’avais pu prévoir le moment de notre rencontre »  Eh bien, je fais mienne cette phrase et je dis précisément la même chose au sujet de « I comme Italia » non seulement parce que ses intuitions sont belles mais parce qu’elle est aussi élégante que la superbe femme dont elle a posté la photo pour illustrer la citation de Miller, sans cependant en mentionner le nom. Elle lui ressemble…
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : Elle adore les madeleines au chocolat, comme moi.

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