La vie c’est comme le cinéma

Posté par imsat le 21 juin 2010

Ma grand-mère paternelle (nenna Djouher) comparait la vie au cinéma. Elle le disait à Mà lorsque certaines situations l’étonnaient et qu’elle ne leur trouvait pas d’explication logique. Mà reprend d’ailleurs souvent à son compte ce parallèle autour duquel elle articule nombre de ses pensées sur ce qui lui paraît inintelligible ou surprenant.  

Nenna est allée une seule fois au cinéma, à Batna. Probablement dans les années 1950. Avec qui et pour voir quel film ?  Mà n’en sait rien. B pourrait peut-être m’éclairer sur ce point. On verra bien.                        

Quand j’ai appris que nenna s’était forgé une idée du cinéma, de sa signification, de son impact, après avoir vu un seul film, je me suis interrogé sur ce qu’elle était en mesure d’en retenir d’autant qu’elle ne parlait que le Kabyle et qu’elle ne pouvait donc pas comprendre des dialogues en français. J’en ai déduit qu’il ne devait lui rester qu’à faire parler les images pour en tirer quelque chose.

Toujours est-il que cette seule fameuse fois lui avait suffi pour saisir les similitudes entre le cinéma et la vie, mais, implicitement aussi, les inspirations réciproques qu’il pouvait y avoir entre la fiction et la réalité.

Bien qu’elle soit devenue un lieu commun, cette assimilation de la vie à une comédie a quand même fini par prendre une résonnance particulière dans ma tête à partir du moment où j’ai su que nanna l’appréhendait à sa manière, originale et pertinente.  

A vrai dire, j’étais à mille lieues de croire nenna capable d’une telle « trouvaille » (la vie c’est comme le cinéma) à l’époque et dans les conditions qui étaient les siennes, et surtout de cette forme d’intelligence qui lui permettait de faire mouche dans tous les cas.

Lamine Bey Chikhi

 

PS: Lire le texte très intéressant de Nadira sur dada Abderrahmane (cf chapitre Réminiscences de ce blog)

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La terrasse du Victor Hugo

Posté par imsat le 17 juin 2010

Sa première nouvelle En direction du spleen, parue dans Horizons du 25 novembre 1988, exprimait l’exaspération que suscitait en lui la façon que certains avaient de marcher. Cela n’a pas changé ou plus exactement cela s’est généralisé. Il lui arrive, aujourd’hui encore, de décoder ce qui lui apparaît comme un abandon, un laisser-aller dans les postures qu’il observe. 

Chacun marche comme s’il était seul sur le trottoir, dans la rue. Les gens lui paraissent excessivement lents dans leurs mouvements, souvent même agaçants (il ne vise évidemment pas les personnes âgées); on ne marche plus comme autrefois; il ignore pourquoi mais il pense que cela révèle comme une inconscience par rapport à ce que signifie se déplacer, bouger, par rapport aussi à ce que cela devrait induire comme règles à observer, parce qu’il y a l’autre et qu’il ne faut pas lui marcher sur les pieds ni le bousculer ni lui obstruer le passage.

A l’époque (années 1970) où il s’attablait à la terrasse du Victor Hugo, il aimait scruter la façon que les gens avaient de se mouvoir; il commentait en lui-même leur gestuelle. Il y avait, c’est vrai, moins de monde et la foule était plutôt fluide, quelquefois même dynamique. On n’encombrait pas l’espace public; on passait son chemin. Aujourd’hui, l’obstruction est partout; on s’arrête n’importe où, souvent pour rien ou pour des choses sans importance; on marche accroché à son téléphone portable; on ne regarde jamais derrière soi ; voilà ce qu’il voulait dire; on ne se retourne pas pour voir si on ne gêne pas, si on ne dérange pas.

Pour ceux dont il parle, derrière soi, il n’ y a apparemment rien; c’est ce qu’il comprend et c’est justement ce qui lui fait penser que cette absence d’intérêt pour ce qu’il peut y avoir derrière soi, c’est aussi une absence de conscience par rapport au passé, à l’histoire. Il n’y a pas de repère, enfin pas de repère positif; seul le présent compte, mais un présent lui-même désordonné, en zigzag, fébrile, un peu fou.

Lamine Bey Chikhi

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Un peu plus que cela…

Posté par imsat le 12 juin 2010

Non pas qu’il n’y ait plus rien à dire du passé, mais c’est une impression qui fait que l’on croit avoir tout évoqué, enfin l’essentiel, alors qu’au fond bien des choses restent à raconter, des détails, tous ces petits riens qui concouraient à notre bonheur. Certes, les images mémorables restent liées à l’enfance; à l’adolescence aussi. Pourtant, il y avait un peu plus que cela.

Je ne suis pas toujours dans une introspection favorisée par le temps qui passe; je ne suis pas seulement dans cette réflexion dont on dit qu’elle commence à émerger en général à partir du moment où l’on n’est plus dans l’enfance et où l’on se retrouve dans une sorte de recherche de l’enfance perdue. Ce n’est pas cette étape qui m’intéresse exclusivement ni en tant que telle avec les sensations, les émotions qu’elle est susceptible de déclencher. Au-delà, ce qui retient mon attention demeure fortement connecté à l’époque considérée, aux gens d’autrefois, à leurs spécificités, au tracé impeccable des rues, à la mode vestimentaire qui prévalait à ce moment-là…

Notre insouciance reposait très largement sur l’équilibre et le tempérament de ceux qui constituaient notre entourage immédiat. Certes, indépendamment de cet entourage et selon les périodes, nombre d’éléments tangibles me permettaient de me sentir bien: ma panoplie de Zorro achetée au monoprix de Constantine en 1962, les solides et confortables pataugas que je chaussais en hiver, le défilé des scouts le 5 juillet 1964, la tranquillité et la propreté  du quartier, les parties de foot derrière la maison, le leadership que j’exerçais  sur mes coéquipiers sous les regards amusés de Salima et Rachida, les pizzas de Meguellati, les gâteaux à la pate d’amande de Phalle…

Bien d’autres petits riens égayaient notre quotidien: à côté de notre lycée, il y avait une petite fabrique de limonade; nous buvions ses sodas à satiété; la bouteille coûtait 20 centimes; parfois, nous consommions à l’oeil car le patron nous trouvait sympathiques. Les jours de grand froid, nous allions prendre un bol de pois-chiches chez aâmi H’mida, à partir de 16 heures; après quoi, nous allions jouer bruyamment au baby foot. Certains soirs, nous préférions manger les sandwichs aux merguez que nous préparait le marchand des Allées (on l’appelait le rouget), juste avant la séance de cinéma de 21 heures.

Il n’empêche que lorsque je tente de « ratisser » plus large en rapport avec ces moments merveilleux à plus d’un titre, je me rends compte qu’il y avait un peu plus que cela, un peu plus que l’insouciance inhérente à l’enfance ou à l’adolescence. Autrement dit, il y avait les gens, les rapports qu’ils entretenaient entre eux, l’environnement, les grands espaces, la configuration de la cité, ses avenues, les repères, la reconnaissance des autres, et puis, surtout, ce parrainage familial (un label ?) dont nous étions assurés aux quatre coins de la ville même si nous n’en mesurions pas vraiment toutes les retombées.

Lamine Bey Chikhi

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Une odeur d’internat

Posté par imsat le 10 juin 2010

Le ciel, certains printemps. Des atmosphères, des couleurs; une cravate bleu azur, un blazer gris clair, une chemise blanche; l’été ou peut-être aussi des soirées d’hiver; les retours de Ferid de Constantine, les week-ends, l’élégance des pulls qu’il portait;cela me faisait un peu oublier qu’il s’ennuyait là où il se trouvait et que c’était assez compliqué pour lui; il apportait comme une odeur d’internat, de grand lycée (le lycée Rédha Houhou ex lycée d’Aumale en était un); cette odeur, je la percevais de façon paradoxale, comme une odeur de nostalgie, d’absence; si je devais m’exprimer autrement à ce sujet, je dirais : « c’était bien et pas bien en même temps ».

En Août 1962, on avait parlé de m’inscrire comme interne au collège d’Alzon, à Annaba; c’était une idée de dada Rabah, le mari de ma tante paternelle Zohra (tata Lola); je ne savais pas s’il était sérieux ou s’il plaisantait en le suggérant, mais j’avais aussitôt dit ou plutôt crié :  » Impossible ! Jamais !  » d’autant que l’établissement en question devant lequel nous étions passés alors qu’il faisait déjà nuit, m’avait paru lugubre.

A propos de pulls, je songe à ceux que nous portions dans les années 1960. Pour moi, le chic passait par les pulls; des pulls unis, marrons ou beiges, pas à carreaux ni à rayures. Je pense en particulier à ceux que MA nous tricotait et dont nous suivions patiemment la finition. Chacun avait le sien. Ces pulls me renvoient à la lumière de notre salle de séjour de l’époque; une lumière jaune, chaude; l’hiver me rappelle cette pièce ou MA (ma mère) aimait tricoter.

Lamine Bey Chikhi

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Mac-Mahon, 1939

Posté par imsat le 5 juin 2010

Quand elles sont là, dans ma tête, elles me paraissent faciles à mémoriser. Je pense à ces idées claires et dignes d’intérêt qui me viennent fréquemment à l’esprit mais qui disparaissent avant que j’aie le temps de les noter. C’était le cas ce matin. Je crois que cela avait à voir avec mon oncle maternel Mahmoud Boutaleb décédé en 1942 et que je n’ai donc pas connu. En l’évoquant dans un texte précédent, j’avais oublié de souligner qu’il aimait la poésie. Il en a écrit à profusion; c’est ce qu’on a toujours dit en parlant de lui. Où sont ses poèmes et qui les détient ? MA croit que nous les avons pris à notre départ de Batna, mais elle confond un peu les choses. Comment aurions-nous pu les prendre alors qu’ils n’ont jamais été en notre possession ? Peut-être ont-ils tout simplement disparu.

En revanche, je me souviens d’une photo d’identité de mon oncle; elle était dans l’album familial; elle n’y est plus; je me rappelle avoir trouvé à Mahmoud (sur la photo en question) quelque ressemblance avec Joseph Cotten, un peu aussi avec Mel Ferrer. Au reste, je comparais souvent la physionomie de mes proches à celle de telle ou telle star de cinéma. Je le faisais délibérément; c’était pour moi tout à la fois un jeu et une façon de prolonger le spectacle, le rêve. Une manière aussi de contourner la frontière, à mes yeux excessivement étanche, entre le cinéma et la réalité.

Pourquoi Mac-Mahon, 1939 ? Parce que Mahmoud venait d’y être nommé Khodja interprète. C’était son premier poste; il l’avait obtenu après un concours organisé à Alger. Depuis l’Indépendance du pays, la ville s’appelle Ain-Touta.

Lamine Bey Chikhi

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Un certain livre

Posté par imsat le 2 juin 2010

Il faisait partie des archives de mon père; c’était un traité théorique et pratique (édition Dalloz 1930) de 800 pages sur le Fonds de commerce signé Gaston Cendrier. Je m’en suis d’ailleurs très vite servi notamment pour préparer un exposé de droit commercial. A l’époque, je n’avais pas du tout songé à la spécificité de ce lien : dans le cadre de mes études, je consultais en effet et de façon profitable un livre que mon père avait acheté dans les années 1950 pour sa propre culture juridique. Ce parallèle m’interpelle par moments; ce à quoi il renvoie a trait à ces mystères de la vie qui échappent à l’être humain. C’est une des innombrables expressions du destin quels que soient les mots utilisés pour le dire.

Le traité en question qu’il m’arrive de parcourir de temps à autre pour confirmer des points techniques, est plus qu’un ouvrage savant; en le feuilletant pour la première fois, j’ai eu l’impression de faire défiler devant moi tout un pan de l’histoire de mon père, son activité, sa conduite des affaires. Sa valeur sentimentale reste donc pour moi inestimable.

Ce livre par ailleurs luxueusement relié, je le voulais pour moi tout seul; je n’en avais parlé ni à AB ni à YT; certes, nous avions planché sur le fonds de commerce et présenté ensemble notre travail en TD mais, dans les échanges que nous avions eus à cet effet, je me suis contenté de citer d’autres sources…

Lamine Bey Chikhi

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Je rêve d’un Président…

Posté par imsat le 29 mai 2010

Il ne s’était pas montré depuis plus d’un mois. On l’a vu hier à la télé, l’air fatigué, les yeux exorbités, le regard absent. A sa droite, son hôte étranger était détendu, souriant, bien dans sa peau. En le voyant ainsi, je songeais à ce que le pays aurait pu devenir s’il avait à sa tête quelqu’un de réactif, d’offensif, intellectuellement s’entend. De robuste aussi.

Mai tire à sa fin; il a fait très chaud ces derniers jours; le temps est lourd; ce n’est pas du tout le printemps; d’ailleurs quand je dis « printemps », il me semble que cela ne veut plus rien dire; le mot printemps est censé évoquer la clarté, la douceur, un ciel bleu, la sérénité. En réalité, là où je suis, ce n’est pas du tout le cas.

Je me dis (idée biscornue?) qu’on apprécierait peut-être autrement les saisons si on avait un Président en forme, dynamique, quelqu’un qu’on verrait à la télé par exemple une fois tous les 10 jours, quelqu’un dont les allocutions, les discours, de préférence courts, seraient agrémentés de citations d’auteur ou de phrases personnelles incisives; des phrases qui frappent les esprits. Pas nécessairement un Président complètement littéraire comme l’était François Mitterrand pour la France (le challenge serait trop exigeant) mais un Président faiseur ponctuel d’aphorismes en phase avec ce que la société attend de lui et ce que lui attend de la société. J’attends beaucoup du Président. Pour moi, pour le pays.

En vérité, je rêve d’un Président un peu philosophe, un peu romanesque qui condense ses propos, qui joue avec et sur les mots mais sans jamais oublier que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Je rêve d’un Président qui fasse rêver, qui alterne utopie et réalisme, quelqu’un dont les directives générales, les axiomes, les éclairages serviraient de cadre doctrinal aux scientifiques, aux administrateurs, aux gens ordinaires, bref au plus grand nombre. Quelqu’un dont même les admonestations ou les satisfecit éventuels seraient truffés de références proverbiales.

Lamine Bey Chikhi

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Une histoire de chocolats

Posté par imsat le 26 mai 2010

Je voulais dire quelque chose de l’Islam de mon père. Hier, j’ai pensé que si je ne le faisais pas alors que j’y étais pleinement disposé, je risquais d’oublier l’idée de base ou de considérer qu’elle ne méritait plus d’être notée. C’est encore dans ma tête mais cela n’a rien à voir avec les propos « compliqués » que l’on tient ces dernières années en rapport avec l’Islam, ses évolutions, ses pratiques. Je n’ai donc pas l’intention de réagir de façon élaborée et/ou complexe à ce qui se dit de cette religion un peu partout dans le monde.

Chez moi, c’est très simple, ça commence par une histoire de chocolats. Je pense ainsi aux chocolats et autres friandises que mon père mettait discrètement dans nos chaussures le soir de Noël, dans les années 1950, alors que Ferid et moi feignions de dormir profondément; mais ma mémoire a aussi conservé l’image de mon père et ma mère accomplissant ensemble la prière du dhor (mi-journée).

Dans mon esprit, ces deux images (les chocolats de Noël et la prière de mes parents) sont indissociables. Elles déclenchent d’autres évocations, d’autres souvenirs liés à la même époque: les zlabias des soirées de ramadhan, le mawlid ennabaoui (fête-anniversaire de la naissance du prophète Mohamed), notre séjour en colonie de vacances à Quérigut dans les Pyrénées orientales en Août 1960, le voyage de B en Allemagne en 1959, l’école coranique ou encore ce que j’ai entendu dire de l’action caritative de mon père.

Ce propos me paraît se suffire à lui-même dans la mesure où il recouvre l’essentiel des notions de dialogue des religions, de cohabitation, de tolérance, d’inter culturalité, d’échanges, de droit à la différence et tutti quanti…

Lamine Bey Chikhi

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Trajectoire

Posté par imsat le 22 mai 2010

Dans le cercle familial, le substrat de la décision prise par mon arrière grand-père paternel, jeddi Ali, de quitter sa Kabylie natale pour aller s’installer dans les Aurès à partir des années 1870, reste encore largement en friche. L’intérêt dans ce cadre ne me paraît pas relever seulement de considérations liées à l’histoire.

Dans le texte intitulé En quête de réponses, j’évoque, entre autres éléments extra historiques, ceux renvoyant à ce que nous pouvions un jour penser des conséquences diverses et variées de la décision en cause.  Après avoir lu le commentaire de Nadira sur cette problématique, j’ai tenté d’explorer les pistes suggérées par ses soins pour comprendre un peu mieux les soubassements de la décision de jeddi Ali; je me suis rendu compte que ces soubassements restaient concurrencés non pas par d’autres causes (en l’espèce, la complémentarité l’emporte sur l’opposition ou la contradiction; en tout cas, je veux bien le croire car c’est positif) mais par des supputations sur les répercussions du choix géographique de notre aïeul.

Et je me suis rappelé quelque chose qui (pendant longtemps) m’avait paru purement anecdotique mais que j’ai envie de relater même si cela n’apporte rien de fondamental à la quête entreprise.

Il s’agit de la route Alger-Sétif-Batna et de ce que nous en disions lorsque nous allions en voiture à Batna dans les années 1970-1980. Nous considérions les 130 km qui séparent Sétif de Batna comme le « tronçon » de trop. Nous partions d’Alger avec enthousiasme et nous arrivions à Sétif relativement frais et dispos, en tout cas loin d’être épuisés par le trajet, mais nous savions qu’il y avait encore ces fameux 130 km à parcourir. Cela était pesant et nous contrariait fortement surtout quand il faisait chaud. J’étais souvent le premier à m’en plaindre. Arrivés à Sétif, nous nous demandions systématiquement pourquoi jeddi Ali ne s’était pas établi  dans la région des Hauts plateaux plutôt qu’à Batna; nous déplorions même qu’il n’ait pas eu le réflexe, l’anticipation, le flair nécessaire pour s’arrêter au bon endroit, opérer un choix qui nous aurait épargné les 130 km en question, et permis de ne pas trop nous éloigner de la capitale.

Interrogation subsidiaire qui nous passait par la tête : Jeddi Ali s’était-il intéressé à l’impact ponctuel mais réel que ces 130 km allaient présenter un jour sur notre façon de jauger le trajet Alger-Batna via Sétif dans sa globalité ?

En tout état de cause, le « réquisitoire » sous-jacent à notre cogitation s’achevait toujours par une franche rigolade même si nous étions persuadés que cela valait la peine d’être soulevé au même titre que les autres facettes du processus d’installation de jeddi Ali à Batna. 

De mon point de vue, chercher à savoir si notre arrière grand-père aurait prospéré dans tous les sens du terme ailleurs qu’à Batna, c’est un peu s’enfermer dans la quadrature du cercle. Cela dit, l’argument économique explique t-il et valide t-il toutes les trajectoires, tous les projets ? Quelle peut-être sa portée ? La prospérité est-elle exclusivement matérielle ou relève t-elle aussi du symbolique, de la trace, du repère historique et culturel ? Comment jeddi Ali percevait-il son projet dans le temps ?

Il est vrai qu’au regard de ces interrogations, les conjectures sur l’incidence psychologique réelle ou supposée du trajet Sétif-Batna paraissent bien dérisoires…

Lamine Bey Chikhi

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Après l’orage

Posté par imsat le 19 mai 2010

Pour parvenir à dire ce que je souhaitais de l’orage quand il a cessé, je suis amené, pour diverses raisons, à le faire de façon quelque peu désordonnée, débridée. Des odeurs, en particulier celle de l’asphalte mouillé ou de la terre mouillée mais pas seulement, un climat, une saison, la couleur du ciel après l’orage, une atmosphère apaisée, le calme retrouvé, le temps qui se fige, une communion invisible, immatérielle mais perceptible, ressentie. Tout le monde redécouvre le ciel, ce ciel tout à l’heure empourpré, bouleversé.

L’éclaircie: dans son sillage, apparaissent les premières silhouettes, mais c’est encore balbutiant; c’est la fin de l’après-midi; des gouttes de pluie, les dernières; la mélancolie se dissipe. A la violence de l’orage succède le silence, un court instant de silence.

C’est l’expectative; devant moi, le plan fixe habituel, je le perçois autrement, différemment; une épicerie, quatre maisons, une intersection. Mon regard balaie ce plan tandis qu’un arc-en-ciel se dessine au loin, au dessus du Mont El Manchar. Quelques minutes, une éternité; demain sera un autre jour; la pelouse du jardin est gorgée d’eau; historiquement villa Beida puis villa Ferid; j’aperçois une femme voilée (ce n’est pas celle qui travaille à l’école maternelle), elle marche vite; d’où sort-elle? où va t-elle ? Elle s’éloigne; elle n’est plus dans mon champ de vision; le ciel s’illumine, la rue s’anime, la vie reprend son cours.

Lamine Bey Chikhi

 

PS: je recommande la lecture du commentaire de Nadira sur le texte En quête de réponses

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