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Intelligence collective
Pourquoi la crise continue t’elle de prendre largement le dessus sur l’intelligence collective toutes formes et toutes sources confondues ?
Pourquoi l’intelligence collective reste t’elle globalement impuissante face aux faillites d’entreprises, plans sociaux, restructurations-délocalisations, etc, ?
Comment expliquer que l’anticipation (élément clé de l’intelligence collective) dont on parle tant, scénarise des remèdes qui fondent comme neige au soleil dès que les vrais problèmes surgissent sur le terrain ?
L’épreuve de vérité est bien là. Elle suggère notamment de repenser les concepts, de revoir à la baisse certaines prétentions, certaines ambitions au double niveau individuel et collectif, et finalement aussi de ne pas trop s’éloigner du réel.
Le sujet est inépuisable. Et si les avis se rejoignent tant qu’ils s’expriment sur le terrain de la théorie, en revanche, dans les faits et pour toutes sortes de raisons, tout devient différent.
Je ne dis pas que cette vision des choses est erronée; mais je la trouve un peu en décalage par rapport à la réalité.
Que faire face à un plan social ?
Comment traiter la détresse d’un chômeur ?
Comment dissocier les situations individuelles des cas collectifs ?
Comment rester neutre face aux idéologies ?
La formule restée célèbre de François Mitterrand ( « On a tout essayé » ) à propos de la lutte contre le chômage n’est-elle pas réaliste, sincère ?
Les Etats font souvent face à des urgences sociales: Ils sont réduits à cette approche du fait de la crise. Comment adhérer à cette façon de gérer tout en faisant confiance aux politiques sur le long terme ?
Je l’énonce de cette manière pour dire que, dans certaines circonstances, il est recommandé de relativiser les choses. Quand Viviane Forrester, dans son essai L’horreur économique (Fayard, 1996), déclare qu’il y aura toujours du chômage, que le plein emploi est une illusion et qu’il faut faire avec, je ne rejette pas ses conclusions; J’essaie de les comprendre et de voir dans quelle mesure elles seraient recevables.
Ce que constate l’auteur n’est pas une fatalité, c’est une réalité (encore aujourd’hui), à quelques exceptions près (pays nordiques).Et puis, il y a tout le reste, c’est-à-dire des modèles sociaux que des pays veulent sauvegarder coûte que coûte, mais aussi tout ce sur quoi achoppent parfois brutalement les stratégies économiques quelle que soit la couleur politique de l’exécutif…
La constitution idéale théorisée par Montesquieu est aussi une fiction.
La mondialisation est une réalité. C’est la réalité du moment. La guerre économique et commerciale fait rage entre les Etats, au sein des « unions » régionales, continentales, économiques, politiques et autres.La démocratie occidentale est « le moins mauvais des systèmes politiques » mais elle reste très imparfaite.UE, ALENA, BRICS et autres esquisses de regroupements (UMA) affichent ouvertement leurs différends, affinent leurs stratégies dans un souci permanent de confrontation pour gagner, maintenir, développer des parts de marché partout où cela est possible.L’Europe est divisée, le monde est divisé.Il y aussi des divergences culturelles fondamentales : elles influent considérablement sur les politiques économiques.Toutes les questions liées au pouvoir d’achat, au chômage, aux délocalisations, aux modalités de répartition des fruits de la croissance (quand elle existe) restent intimement liées au contexte environnant (géo politique, institutionnel, juridique…). Elles sont la conséquence de ce contexte.C’est pourquoi, l’approche systémique, qui permet de sortir des sentiers battus, est intéressante et utile. Au reste, elle est indissociable de l’intelligence collective dont elle constitue un élément-clé.
Le concept de guerre économique ne me fait pas du tout peur. Au contraire, il m’intéresse au plus haut point. Il est étudié dans les grandes écoles et fait partie intégrante des stratégies extérieures de la quasi totalité des Etats.
On a beau édulcorer les discours sur la coopération économique et les relations internationales en recourant à tous les euphémismes possibles, on ne pourra jamais faire croire que tout, dans cette coopération, est lisse, convenable, équitable, mutuellement profitable, gagnant-gagnant, etc,.
Pour un nouveau pacte social : Qui refuserait d’y adhérer ? Personnellement, j’ai souscrit au contrat social de Rousseau et plus globalement aux doctrines du siècle des lumières en même temps que je découvrais le droit constitutionnel et l’histoire des idées politiques, il y a bien des années.
Mais la réalité d’aujourd’hui est tout autre: La guerre économique en constitue un des éléments « moteurs ».
On parle de l’Europe: c’est bien.
D’autres ont essayé d’avancer tant bien que mal dans le processus UPM (Union Pour la Méditerranée). Avaient-ils tort ? Avaient-ils raison ?
Moi, j’ai pris cette idée à la fois comme une formidable utopie et comme un projet accessible !
L’intelligence collective est-elle apte à croire en ce projet ou au contraire le considère t-elle comme une chimère ?
Du concret ? : Si on parvient à créer une grande banque méditerranéenne (fer de lance du projet UPM), pour financer des partenariats euro méditerranéens, on aura fait un grand pas en avant.
L’intelligence économique serait-elle disposée à booster ce projet ?
Comment, dans cette optique, concilier utopie et réalisme ?
Peut-être les partisans de la guerre économique et du choc des cultures ne veulent-ils pas de ce projet. Si tel est le cas, comment l’intelligence collective pourra t-elle contribuer à la concrétisation de cette idée.
Si j’évoque l’UPM, c’est pour montrer que la mondialisation peut avoir du positif et être source d’inspiration. C’est aussi pour dire que l’intelligence collective est censée se moquer des frontières, ignore les frontières.
Rapports de force
On pourrait mettre le mot guerre économique entre guillemets. On pourrait aussi lui substituer d’autres concepts mais cela ne changera pas grand chose à la réalité.
L’autre soir, chez Frédéric Taddei (Ce soir ou jamais !) sur France 2, l’historien et démographe Emmanuel Todd a excellemment parlé des rapports de force qui minent l’Union européenne.
Selon lui, ces rapports s’expriment de plus en plus violemment et traduisent une volonté de puissance de la part de L’Allemagne.
Cette situation qui marque aussi notamment les relations UE-Chine ou USA-Chine n’est gérée diplomatiquement que dans les apparences. Dans les faits, c’est loin d’être convivial.
Au surplus, le vocabulaire utilisé dans le traitement des relations commerciales et économiques internationales est de plus en plus quasi guerrier : Protectionnisme, concurrence déloyale, offensive économique, OPA, discrimination, barrières douanières…
F.Hollande avait ciblé la finance comme son « ennemi » principal. La finance comprend tout à la fois les banques, les paradis fiscaux, les sociétés écran, certains segments des marchés financiers internationaux.
Les Etats disent vouloir mener une « guerre » sans merci contre ces entités car elles menacent la sécurité économique mondiale. Cette guerre est légitime.
Si j’ai dit à propos de la guerre économique qu’elle constituait un élément moteur de la mondialisation, c’était surtout pour indiquer qu’elle constituait une donne incontournable dans la dialectisation, donc dans la compréhension des rapports internationaux.
Dans les rapports bilatéraux, cette guerre (préjugés, réticence, vigilance, stratégie de négociation, recherche feinte ou réelle de l’équilibre contractuel….)… est aussi présente. Tout le monde le sait, le voit, en est conscient.
A propos de l’UPM (projet conçu dans le sillage du processus euro méditerranéen de Barcelone de 1995), le projet devait s’appeler Union euro méditerranéenne.
Mais Angela Merkel (L’Allemagne donc) n’en a pas voulu car cela aurait fait la jonction avec L’Union européenne. Pour elle, cela aurait risqué de mettre en péril L’UE.
Le leadership allemand a imposé son diktat aux autres Etats (Europe du Sud) concepteurs du projet UPM, au nom d’une certain rapport de force (je devrais souligner ce mot) et d’une vision à mon sens étriquée de la prospective appliquée aux relations internationales.
Paradis fiscaux
Quand on apprend que les paradis fiscaux abritent plus de 25000 milliards de dollars, on est tenté de procéder à bien des extrapolations et à toutes sortes de remises en question sur ce que l’on croit savoir de la globalisation et de la mondialisation.
- On peut adhérer à certaines grilles de l’ecture de l’IC comme on peut ne pas y souscrire. Cela dépend de bien des choses et notamment de l’angle de vue sous lequel on se place pour apprécier, évaluer, juger, échanger, contester, contredire.
- Ce sur quoi mon attention se focalise est à la fois simple et complexe : Une fois que les convergences théoriques éventuelles s’établissent autour de ce qui fait essentiellement l’intelligence collective, il faut passer aux actes, au concret, à ce qui est palpable, en un mot à ce qui serait de nature à répondre effectivement aux attentes citoyennes (urgences sociales, exigences immédiates de toutes sortes, projections à moyen et long terme, etc.).
- Pour moi, il doit y avoir plus que des passerelles intellectuelles entre les concepts, leur formulation théorique et leur incarnation dans le réel.
Il faut qu’il y ait un lien à la fois stratégique et opérationnel, autrement dit une soudure, des vases communicants fondamentaux, pragmatiques qui crédibilisent l’énoncé théorique.
- En médecine, par exemple, on parle de protocole. Eh bien, en IC aussi il faut recourir à des protocoles non pas seulement pour se contenter dire qu’ils existent sur le papier mais pour les mettre en oeuvre selon les modalités et conditions arrêtées par les parties concernées.
- L’une des questions cardinales que j’intègre dans ma façon de penser les choses est la suivante :
Si on venait à me soumettre (pour son règlement effectif) tel ou tel problème, comment m’y prendrais-je de sorte que je puisse à la fois convaincre mon interlocuteur (personne physique ou personne morale) et lui communiquer une feuille de route fiable, viable et applicable dans les meilleurs délais possibles.
- De la même façon, je suis plutôt indulgent (en tout cas au départ) à l’égard des dirigeants politiques (tous pays confondus, à quelques exceptions près) parce que, là aussi, je me dis : » Si j’étais à leur place, comment réagirais-je ? «
- Il s’agit là de préalables raisonnables, me semble t-il, à toute critique susceptible d’être développée au sujet de ce qui nous préoccupe.
La locomotive, c’est toujours l’individu
Certaines situations nous interpellent sur les précautions à prendre dans la formulation et la manipulation des concepts.
Dans une de mes interventions, je me suis demandé si l’intelligence collective n’était pas, dans une large mesure, une addition d’intelligences individuelles.
Et dans ma question, il y avait implicitement un renvoi à ce qu’on pourrait qualifier de critères d’éligibilité à l’intelligence collective.
Parmi ces critères, il y a évidemment tout ce qui fait l’individu (valeurs, histoire, parcours, environnement social.) et c’est cela qui est de nature à le mettre au diapason de ses interlocuteurs, à le rendre audible, compréhensible, accessible.
Dans cette optique, je comprends certains questionnements comme des appels à l’humilité, à la compréhension, à un exposé transparent de la pensée mais aussi à une gestion pragmatique des choses ( économiques, sociales, autres).
De ce point de vue, je ne peux m’empêcher de faire le lien entre les différentes catégories d’intelligence et des concepts plus ou moins connexes comme la conscience (individuelle ou collective), la responsabilité (individuelle ou collective).
Il me semble qu’il y a plus que des convergences entre ces attributs humains.
Personnellement, j’ai toujours subordonné le collectif à l’individuel. Pour moi, la locomotive c’est toujours l’individu, dans tous les domaines et à tous les niveaux.
Science sans conscience…
Je ne crois pas être être le seul à adhérer à la logique permettant de répondre aux priorités en temps de crise. J’y adhère si elle pousse à baliser de façon rationnelle le champ des idées, leur formalisation (écrite), leur diffusion la plus large possible donc leur échange avec le plus grand nombre.
Il reste néanmoins quelque chose en suspens.
En tout cas, c’est mon impression.
Et ce point, c’est une interrogation : Comment convaincre les réticents et tous ceux qui seraient tentés d’opposer à notre dialectique (soft) les contraintes du réel, les urgences sociales, les attentes immédiates, tout ce qui leur parait vital ?
Comment par ailleurs convaincre ceux, et ils sont légion, qui pourraient nous renvoyer au fameux et, à mon sens, indiscutable aphorisme de Rabelais selon lequel : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ?. Cette conscience sans laquelle tous les dérapages seraient possibles et sans laquelle aussi toute thématisation serait presque vaine ?
Conscience de soi mais aussi et surtout conscience de l’autre, de ce qu’il vit, ressent, subit, ambitionne .
C’est peut-être un lieu commun que de le rappeler ainsi mais c’est aussi pour souligner précisément que l’on ne peut pas s’en contenter.
Il me semble que notre positionnement par rapport à l’IC est un positionnement minimal, excessivement théorique pour ne pas dire abstrait, exempt de « clivages » là où il faudrait qu’il y en ait peut-être.
Notre positionnement n’est-il pas plutôt confortable, conciliant, gentil, en retrait, à l’abri des vraies confrontations avec le réel ?
Tout le monde semble tout attendre de l’Etat : Personnellement, j’estime que l’individu agissant seul ou en collectivité devrait s’autonomiser;
Dans de nombreux pays, Il y a une propension à la sédentarité : Alors que la crise est censée imposer la mobilité;
Un peu partout, on semble vouloir concilier des aspirations inconciliables là où il faut faire des choix décisifs;
Le droit de grève est partout constitutionnellement consacré, mais les limites qu’il pose ne sont pas toujours respectées;
Demander à faire un mea culpa (individuel ou collectif) equivaut presque à un crime de lèse majesté;
Partout dans le monde, on critique l’Etat, on le stigmatise pour tout et n’importe quoi tout en voulant qu’il reste une sorte de « bonus pater familias » dans un contexte de crise permanente;
Si l’on revendique une approche de ces aspects en recourant à l’intelligence collective, on devrait alors se soumettre à des exigences morales et intellectuelles (objectivité, équité, transparence, sincérité…) en plus des conditions techniques qui donnent à l’IC sa crédibilité et son utilité pratique.
La mondialisation, ce n’est pas seulement l’Occident !
Tout est mondialisé. Pas seulement l’économie, les finances. Dans la mondialisation, il y a du positif mais il y a aussi du négatif. Le négatif, ce ne sont pas uniquement des effets pervers comme certains se plaisent à le dire mais des pratiques répréhensibles censées tomber sous le coup de la loi.
Je l’ai déjà souligné mais il ne me parait pas superfétatoire de le rappeler : Les paradis fiscaux, leurs connexités transnationales impliquant personnes physiques, entreprises, Etats « souverains » démocratiques ou non démocratiques, mais aussi les conflits d’intérêt, la délinquance en col blanc, l’instrumentalisation du politique à des fins douteuses, tout cela se pratique de plus en plus à l’échelle mondiale.
Pas un seul pays n’y échappe !
Il en est de même des privilèges, des passe-droits conférés à des groupes. Les oligarques sont partout ! Les Etats travaillent avec eux sans autres considérations que celles liées au fric.
Pouvoir politique et puissance financière sont désormais intimement liés ! La globalisation n’est évidemment pas étrangère à cette alliance. Elle en fait une « union sacrée » pour des intérêts groupusculaires, minoritaires, personnels, privés.
Même observation à propos des parlementaires : Partout dans le monde, on les stigmatise pour un tas de raisons légitimes : absentéisme, cumul de mandats, salaires, primes, émoluments exorbitants pour une « prestation » réduite au strict minimum.
Rares sont les parlementaires qui considèrent et exercent leur mission comme un sacerdoce.
La crise de confiance, la défiance à l’égard du politique (pouvoirs exécutif et législatif confondus), la dévaluation du discours politique et de ceux qui le portent, tout cela est mondial.
Si, ici ou là, il peut se trouver quelques exceptions, elles ne feraient que confirmer la règle, l’ordre établi.
Oui, je sais que cela relève du constat mais c’est bien de le rappeler pour maintenir intacte la conscience que l’on a du contexte dans lequel précisément l’intelligence collective doit relever des défis avec les moyens dont elle dispose.
J’ai envie d’ajouter que la mondialisation, ce n’est pas seulement l’Europe, l’Occident. C’est aussi l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Afrique (pays émergents, pays en développement). Tout est connecté et cela signifie que l’IC c’est aussi une aération de la réflexion, une ouverture sincère sur les autres, une solidarité agissante.
On ne prétend pas faire mieux, mais on peut faire différemment
Je pense qu’il n’y a ni antinomie ni hiérarchie entre les démarches susceptibles d’être développées pour appréhender, valoriser ou utiliser l’intelligence collective.
Je ne pense pas non plus que le souhait de multiplier ces démarches soit sous-tendu par une quelconque prétention de faire mieux.
L’évaluation de cette prétention si elle existe, relève des internautes.
Cela dit, on peut quand même aspirer à faire différemment. C’est une question de liberté individuelle, d’autonomie.
On peut étayer cette aspiration de mille et une façons.
Par exemple, on peut donner un point de vue sur l’Union européenne en tant que ressortissant d’un de ses Etats membres comme on peut le faire en tant qu’étranger, à partir de l’étranger.
En 2005, L’Algérie a signé un accord d’association avec l’Union européenne qui embrasse de nombreux domaines de la coopération mais elle entretient en même temps des relations bilatérales économiques et politiques avec chaque Etat membre de l’UE.
Certaines de ces relations sont qualifiées de stratégiques, en particulier avec l’Espagne, la France, l’Italie.
Ce qui m’intéresse au regard d’une application de l’intelligence collective, ce n’est donc pas seulement l’Union européenne en tant que telle mais ce qu’elle représente sur le plan de la coopération internationale, notamment avec des pays comme l’Algérie.
Est-ce important, est-ce intéressant ?
Nombre de pays de l’UE frappés par la crise (Portugal, Espagne, Italie…) ont pu remédier à certains de leurs problèmes en obtenant des marchés en Algérie dans le cadre du partenariat.
Les problématiques ne sont plus exclusivement européennes, tournées sur l’Europe ou sur l’OCDE; elles sont mondiales. Il en est de même des éléments de réponse à leur apporter.
Par conséquent, ce qui m’importe c’est de savoir que l’IC prend aussi en charge les ramifications transnationales d’une idée, d’une entité, d’une institution, au-delà donc des espaces géographiques de base, des frontières.
C’est pourquoi, je peux m’intéresser aussi bien à l’UE dans ses relations internes qu’à l’espace euro méditerranéen et à ce qui pourrait favoriser son intégration économique, politique, culturelle.
Toute démarche en ce sens serait méritoire.
Lamine Bey Chikhi
(mai-juin 2013)
NB: Cette réflexion est extraite d’une discussion engagée par mes soins en mai 2013 avec des internautes français sur le réseau social VIADEO (groupe de discussion « Cercle d’intelligence collective »), d’où les nombreux renvois à l’espace économique et politique français. Il s’agit d’une réflexion tout à fait personnelle et spontanée. Les commentaires échangés dans ce cadre sont consultables sur Viadeo.
L’intelligence collective, ou plus exactement la gestion de l’intelligence collective est un sujet qui m’intéresse beaucoup. C’est donc son aspect pratique qui me motive le plus. J’ai mis en place une structure et des protocoles pour gérer un atelier depuis 2012. C’est très largement inspiré de la sociocratie, mais pas seulement. Le volet politique est un peu plus compliqué que le cas des organisations. Les convivialistes ont publié un de mes textes sur ce sujet:
http://www.lesconvivialistes.org/vies-convivialistes/vivre-travailler-en-convivialistes/172-l-intelligence-collective-pour-feconder-la-gauche-libertaire-et-donner-corps-a-un-convivialisme-par-michel-martin
Il faut regarder du côté du minicipalisme libertaire de Bookchin et des Kurdes qui tiennent bon malgré des difficultés pratiques immenses.
Il y a aussi l’institut des territoires coopératifs de Patrick et Anne Beauvillard:
http://institut-territoires-cooperatifs.fr/
Sinon, sur un plan de fond, ça me semble utile de potasser le travail de la prix Nobel Elinor Ostrom sur la gestion des communs, faire la découverte d’Olivier Zara pour les entreprises, Gerard Endenburg pour la sociocratie si profondément pensée et soumise à l’expérimentation essai-erreur avant sa mise en place. Bon courage, toutes ces pistes peuvent vous conduire à une connaissance pratique de la question qui est la seule qui vaille de mon point de vue.
Merci pour votre commentaire. Je lirais avec plaisir votre texte et regarderais attentivement les liens et références que vous avez cités. J’aurais peut-être des choses à dire dans ce sillage. Cordialement. Lamine Bey Chikhi
Votre article est très instructif. Vous citez Alexandre Jardin. Je connais un peu sa démarche pour avoir suivi les débuts du mouvement citoyen (Bleu Blanc Zèbre) qu’il a fondé. Je l’ai entendu dire en 2012: « On ne va pas faire comme tout le monde. On ne va pas se contenter de formuler des doléances ou lister les maux de la société. On va se démarquer des autres en proposant des éléments de réponse concrets, pragmatiques aux problèmes de notre pays. Et on va le faire dans le cadre d’une concertation collective, solidaire, interactive pour permettre à chacun de s’exprimer, de préconiser des solutions… ». Cette stratégie est séduisante; en tout cas, elle ne laisse pas indifférent; elle est en rupture avec les paradigmes classiques axés sur la revendication, la préservation des acquis sociaux, la contestation, l’opposition frontale au pouvoir, la sempiternelle quête d’un Etat providence. Je me suis quand même demandé pourquoi Alexandre Jardin, en dépit du succès populaire de son mouvement et de sa médiatisation, n’a pu satisfaire aux exigences requises pour se présenter aux élections présidentielles de 2012 et 2017. Lamine Bey Chikhi