I comme Italia -35-

Posté par imsat le 19 septembre 2024

« Tant qu’il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l’air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée. » (François Cheng)
Il y a une personne qui aurait été ravie de suivre mon récit sur I comme Italia. Elle aurait montré le même intérêt que celui qui était le sien lorsque je lui racontais quelques-uns de mes souvenirs nostalgiques avant leur publication sur mon blog.
Je crois, je suis même sûr qu’elle se serait passionnée pour tout ce que j’ai déjà écrit sur mon inspiratrice italienne.
Je suis convaincu qu’elle m’aurait posé un tas de questions non seulement sur l’articulation, la forme et les lignes saillantes du récit mais aussi et surtout sur I comme Italia, sur sa vie, son travail, son physique, sa façon de vivre…
Elle m’aurait demandé de lui relater les circonstances dans lesquelles je l’ai connue.
Je crois aussi qu’on en aurait parlé au jour le jour parce que j’aurais eu besoin de lui demander son avis sur l’évolution de ma réflexion, et de partager avec elle ma joie, mon bonheur de communiquer avec I comme Italia. Mon récit l’aurait intéressé au plus haut point peut être même davantage que mes reminiscences batnéennes parce que, pour la première fois, je lui aurais parlé d’une femme à mes yeux exceptionnelle à tous points de vue, et que j’aurais évoquée avec force détails, de façon récurrente, subjective, sentimentale. Elle aurait suivi cela comme un feuilleton ou comme un roman photo, cela lui aurait rappelé l’époque insouciante (les annés 60 à Batna) où elle lisait assidûment Confidences, Femmes d’aujourd’hui ou encore Elle que l’on pouvait acheter à l’ex librairie Salvayre, juste à côté de la mairie. Ces magazines n’étant plus disponibles comme ils le furent autrefois, mon récit aurait en quelque sorte pris opportunément leur relai. Lui parler de I comme Italia m’aurait procuré, à moi aussi, beaucoup de plaisir parce que Mà était sur bien des sujets mon interlocutrice privilégiée, elle était attentive, compréhensive, cultivée et extrêmement conviviale. Elle aurait immédiatement adhéré à mon histoire, parce que, pour la première fois, j’aurais parlé quasiment sans réserve ni fioritures; avec elle, je n’aurais pas été tenté de brouiller les pistes Si elle était encore parmi nous, je lui dirais que I comme Italia, c’est tout à la fois le hasard, l’intuition, la prévoyance, l’inattendu, l’inespéré, l’ineffable, la subtilité, le charme discret, la sérénité, le tact, la gentillesse, la modestie, que c’est aussi Hélène de Troie, Pénélope, Maria Callas, Lea Massari, Nusch, Elsa Triolet, Marina Tsvetaeva, Nedjma de Kateb Yacine, Stefania Sandrelli, Anna Karina Maria Casares, Monica Vitti, Anouk Aimée…, que c’est également une artiste polyglotte qui a le sens des nuances linguistiques et qui aime vraiment le beau, la langue française; je lui dirais qu’elle est comme mille femmes, une myriade de qualités, un mystère, un esprit libre, une femme fascinante et intemporelle.
J’ajouterais que c’est une belle évocation de Rome, Paris, Bologne la ville de Pier Paolo Pasolini, Noces de Camus, Tipasa, du ciel bleu d’Alger au printemps, de la poésie, du cinéma, de la littérature, de la photographie…
Je lui préciserais qu’elle aime le noir et blanc et que cela lui va à merveille…
Je lui montrerais sa photo tout en la commentant..
Chaque jour, je lui dirais pourquoi je vois I comme Italia de cette façon.
Elle me dirait: « tu me décris une femme parfaite sur tous les plans, est-ce que tu n’exagères pas tout de même un peu ? »
Et je lui répondrais : « elle même trouve parfois que j’exagère parce que je ne taris pas d’éloges à son égard, eh bien, non, je n’exagère pas du tout. C’est vraiment la substantifique moelle, la quintessence. »
Elle me demanderait si ce que je lui raconte est vrai et si « I comme Italia » existe réellement, si ce n’est pas plutôt une fiction, un personnage imaginaire que j’aurais inventé pour les besoins de mon récit ?
Je lui répondrais: « non, je t’assure qu’elle existe en chair et en os comme toi et moi »
Elle finirait par me dire: « Eh bien, si tel est le cas, c’est merveilleux. J’aimerais bien la connaître, la voir. Au fait, quel est son prénom ? »
« Son prénom ? Je le fredonne souvent… »
Oui, si Mà (ma chère mère) était encore parmi nous, je lui parlerais tous les jours de « I comme Italia. »
Nous sommes le 19 septembre 2024. Mà nous a quittés il y a exactement 14 ans jour pour jour. Allah yerhamha. Paix à son âme.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -34-

Posté par imsat le 13 septembre 2024

« De la fusion sans espoir de ta présence et de ton absence. J’ai trouvé le secret de t’aimer toujours pour la première fois » (André Breton)
« Racontez-moi, SVP, vos souvenirs… » C’est la première fois qu’on me fait une telle demande. Elle a ajouté: « j’aime vous lire. » J’ai été ébloui par cette requête inattendue, directe, brève et concise. A vrai dire, je me suis senti dans un état à la fois euphorique et quasi extatique non seulement parce que cela porte sur un de mes thèmes de prédilection (la nostalgie) mais parce que cela venait d’elle. Et parce que c’est elle, son souhait prit une dimension singulière, et retentit fortement sur moi. J’ai dejà eu à parler de magnifiques moments de bonheur en lisant ses commentaires. Mais cette fois, c’est un peu plus que cela…En realité, j’espérais, depuis quelque temps, qu’elle émette ce souhait, qu’elle sorte un peu de sa relative réserve (une pudeur ?), je veux dire qu’elle soit aussi dans la subjectivité à mon égard comme je le suis á son égard. Finalement, elle m’a entendu ou plutôt elle a capté mon message. Je crois avoir déjà évoqué son intuition. Mais est-ce le hasard ou de l’intuition de sa part ? Ou les deux ? Je lui ai posé la question. Elle m’a dit que c’était une complicité entre le hasard et la prévoyance. Moi, je crois qu’elle lit dans mes pensées. Ce lundi 9 septembre, elle a cité Maria Casares disant à Camus dans une lettre du 18 février1950 de ne pas se sentir désolé d’être loin d’elle, que cela n’avait pas d’importance et qu’il était toujours avec elle de près ou de loin.
Et ce qui est extraordinaire, c’est que cet extrait de correspondance ou du moins la signification qu’on pouvait lui donner était complètement dans ma tête depuis près d’une année. Et quasiment dans les mêmes termes que ceux employés par Maria Casarès dont la phrase est aussi courte et explicite que les phrases de I comme Italia. Je me demandais en effet si j’allais dire la même chose à I comme Italia et de quelle façon je le lui dirais. Pour moi, c’était important car je craignais de voir nos conversations montrer leurs limites, s’effilocher, se banaliser Je prévoyais, je concevais cette perspective comme quelque chose de compréhensible. Si cela advenait, je devais me préparer à en amortir les répercussions. J’ai donc trouvé formidable qu’elle  déniche et publie l’extrait de la correspondance de Maria Casares. J’ai pris cela comme un message destiné à  conforter notre dialogue en l’inscrivant dans le temps. Je ne lui ai pas raconté mes souvenirs, je lui ai surtout dit que c’était elle qui assurait désormais la jonction entre mes réminiscences et le présent, qu’elle devenait incontournable dans la moindre de mes pensées nostalgiques et que je ne pouvais évoquer le passé sans parler d’elle. Je dirai ultérieurement comment elle assume avec brio cette belle médiation.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -33 -

Posté par imsat le 7 septembre 2024

« Je suis si heureux, Maria. Est-ce que cela est possible ? Ce qui tremble en moi, c’est une sorte de joie folle. Mais en même temps j’ai cette amertume de ton départ et la tristesse de tes yeux au moment de me quitter. » (Albert Camus à Maria Casarès, juin 1944)
Bribes de conversation entre mon alter ego et I comme Italia
Lui: Enfin ! Le temps retrouvé !
Je me suis mis à compter les jours
J’ai essayé d’être raisonnable, en vain
Le coeur a ses raisons que la raison ignore
Voilà pourquoi  « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » (Alphonse de Lamartine )
Et c’est vrai.
Le bonheur c’est quand le temps s’arrête …
Votre retour, votre réapparition, un pur moment de bonheur, un bonheur absolu.
Comment le dire autrement ?
Elle: Vraiment ? Merci
Lui : Oui vraiment. Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité
Vous lire, vous voir dans les interstices de vos citations et, d’une certaine façon, entendre votre voix, savoir que vous êtes là, c’est un bonheur sans précédent.
Elle : « Peut-être sur les Champs-Élysées entendrai-je ta voix m’appeler par mon prénom… » (Patrick Modiano)
Lui: Il m’est arrivé de faire le même rêve ou plutôt d’imaginer la même situation.
Penser que cela n’est pas utopique et donc visualiser l’événement, la rencontre, c’est tout simplement fabuleux.
Elle : « Pardon, Madame, où se trouve la place de l’Étoile ? La femme désigne le côté gauche de sa poitrine » (Patrick Modiano)
Lui: Peut-on deviner, imaginer, entendre la voix de la personne aimée à partir de ses mots, ses phrases ?
A partir de son prénom ?
Dans le sillage de ses silences, de ses absences ?
Elle: Oui
Elle « L’autre nuit, était-ce vraiment un rêve ?
Je suis resté un instant immobile devant la fenétre. J’espérais entendre la voix de Louki. Elle m’appellerait encore une fois. » (Patrick Modiano)
Lui: « Quand on rencontre quelqu’un de vrai, la surprise est telle qu’on se demande si on n’est pas victime d’un éblouissement. » (Emil Cioran)
Elle: « Qui cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux. » (Milan Kundera)
Lui : « Partout dans la vie, il se présentera un moment donné une manifestation de beauté qui éveillera chez l’homme un sentiment jamais vécu jusqu’alors » (Nicolas Gogol)
Elle : « Si vous êtes dans le jardin, je m’habillerai de feuilles, si vous êtes dans la mer, je me glisserai dans ce nid bleu et lisse »(Mary Oliver)
Lui: « Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où. Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil: Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement. »(Pablo Neruda)
Lamine Bey Chikhi
 

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I comme Italia -32-

Posté par imsat le 1 septembre 2024

« Certains souvenirs se refusent à sombrer dans l’oubli, quels que soient le temps écoulé ou le sort que la vie nous ait réservé. Des souvenirs qui gardent toute leur intensité et restent en nous comme la clé de voûte de notre temple intérieur. » (Haruki Murakami)
Nous avons bien sûr évoqué à maintes reprises les rêves et les souvenirs avec, à l’appui, des aphorismes aussi magnifiques les uns que les autres. Elle semble préférer le rêve au souvenir, le rêve comme aspiration et projection dans le futur. Je crois qu’elle est pragmatique et réaliste, elle perçoit le souvenir comme un regard sur ce qui est révolu et sans doute sur lequel il n’y aurait pas lieu de s’appesantir outre mesure. Je suis pour ma part plutôt enclin à pencher pour tout ce qui pourrait rapprocher le souvenir et le rêve. Pourquoi d’ailleurs les opposer ou les hiérarchiser ? Pour moi, La citation de Haruki Murakami est indiscutable. Encore une fois, cela n’a pas seulement à voir avec la nostalgie. Cela inclut plein d’autres thématiques comme l’histoire ( la petite et la grande ), la culture, le parcours de chacun, la famille, le pays, etc, même si Murakami met exclusivement en exergue la relation entre les souvenirs les plus saillants et l’individu.
« Des souvenirs qui restent en nous comme la clé de voûte de notre temple intérieur »
J’adore cet extrait, il me convient parfaitement.
Je l’ai relu plusieurs fois.  C’est de la grande littérature que seuls les immenses  écrivains sont capables de concevoir, de produire. Je fais complètement mienne cette citation, et je crois même pouvoir affirmer que c’est l’une des plus belles définitions des souvenirs.
« Quand on n’a pas de souvenirs, on n’a rien » cette autre formule percutante et sans fioritures d’un auteur américain dont je ne me rappelle plus le nom, résume bien d’autres pensées sur la mémoire. Mais celle de Murakami est joliment formulée et la référence à la clé de voûte de notre temple intérieur est géniale et novatrice.
Où se situe finalement mon rapport à I comme Italia compte tenu des corrélations potentielles et des télescopages inévitables entre les rêves et les souvenirs ? Je crois que I comme Italia, c’est tout à la fois un peu de fiction, un peu de rêves et de la nostalgie. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui est imaginaire ? Pourrais-je parler d’une utopie concrète ? Je pense que I comme Italia préférerait cette perspective. Ce n’est pas tout à fait mon point de vue. Naturellement, j’assume les idées et les fantasmes que nos conversations induisent mais par moments, je me retrouve dans le doute, dans la rationalité, la réflexion cartésienne. J’aimerais que le temps s’arrête. Mais ce n’est pas possible parce que tout simplement les choses changent, se complexifient, imposent de nouvelles trajectoires…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -31-

Posté par imsat le 25 août 2024

« Je me demande, avec le temps, si ce n’était pas sa seule présence qui donnait à ce lieu et à ces gens leur étrangeté, comme si elle les avait imprégnés tous de son parfum. » (Patrick Modiano)
Son absence pourtant courte (une semaine à peine) ne m’a pas laissé indifférent. Ce n’est pas la première fois. Je le lui ai dit. Elle n’a pas fait de commentaire. Mais la compensation est belle: un baiser « virtuel » qu’elle a qualifié de morceau de paradis sur terre, comme pour faire écho à ce que j’avais dit à propos de ce qui pourrait être supérieur à la quintessence qu’elle incarne. Et ce délicieux morceau de paradis était accompagné d’une sublime citation de Guy de Maupassant. Pour l’auteur de Bel Ami, le baiser “c’est la plus divine sensation qui soit donnée aux humains, la dernière, la suprême limite du bonheur.” Je l’ai bien sûr remerciée pour ce cadeau paradisiaque en précisant l’avoir reçu avec un immense plaisir, une grande émotion et pour tout dire un ravissement sans précédent. Je lui ai dit que son absence était une éternité. Et ressentie vraiment comme telle. J’ai ajouté : « ma chère inspiratrice, je vous envoie, pour ma part, une myriade de baisers, des baisers successifs, éparpillés, protéiformes sur l’ensemble des morceaux de paradis que vous incarnez. » J’ai conclu en reprenant à mon compte Balzac : « Les baisers d’une femme sincère ont un miel divin qui semble mettre dans cette caresse une âme, un feu subtil par lequel le coeur est pénétré ». Elle semblait heureuse après ses brèves vacances romaines. Elle a posté quelques belles photos de la ville éternelle et une vidéo de La fameuse fontaine de Trevi. Aussitôt après, on apprenait la disparition d’Alain Delon. En fait, je l’ai su en consultant le compte de I comme Italia comme je le fais d’ailleurs tous les jours. Elle était extrêmement attristée. Moi aussi, car tous deux, nous aimons profondément Delon et le cinéma. Et puis Delon, comme un certain nombre d’autres acteurs mythiques, fait partie intégrante de notre culture cinématographique, de nos souvenirs. Elle a posté quelques photos de la star, j’en ai fait de même. Nous en avons encore parlé le lendemain. Elle était encore très affectée. Elle allait un peu mieux trois jours plus tard. Je ne sais pas si je l’ai dejà dit, elle est très sensible. C’est aussi cela qui la caractérise, elle est aussi humble, généreuse, bienveillante, compréhensive, indulgente (j’oublie souvent ce mot que je préfère à ses synonymes). Elle a beaucoup plus de connaissances que moi sur le cinéma et j’ai plein de choses à apprendre d’elle. Quand je le lui dis, elle réfute mon propos alors qu’elle en sait nettement plus que moi sur l’évolution du cinéma contemporain. « Comme vous êtes humble, vous seriez tentée de contester mon point de vue. » « Non, me répond-elle, vous n’avez rien à apprendre sur le cinéma » ou encore : « moi, je vais apprendre avec vous ! » Elle est craquante. Je me fais insistant sur ce que j’ai à apprendre au sujet du cinéma. Elle me répond tout de go « moi aussi !!! » Elle est vraiment spéciale.
Nous avons eu comme cela, à l’instar d’ailleurs de nos discussions habituelles, des bribes de conversation agréables et instructives, pas seulement sur Delon et le cinéma. Elle m’a demandé ce que je pensais du rêve et du souvenir. Vaste sujet auquel je m’intéresse depuis longtemps…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -30 -

Posté par imsat le 16 août 2024

« J’écris parce que je n’arrive pas à être heureux, quoi que je fasse. J’écris pour être heureux » (Orhan Pamuk)
En quoi I comme Italia incarne t-elle pour moi la quintessence ?
La quintessence c’est tout à la fois le meilleur, la pureté, le raffinement, la substantifique moelle, et plein d’autres qualités ou valeurs généralement rarissimes. Générosité, convivialité, réceptivité, respect, intégrité morale, charme, séduction, tact, compréhension, esprit littéraire et plus globalement artistique, intelligence, subtilité…, la quintessence, c’est tout cela. J’ai réfléchi entre le moment où j’ai dit qu’il n’y avait rien au dessus de la quintessence, et aujourd’hui. Eh bien, je crois qu’il existe une chose qui transcende cela et ça s’appelle le paradis, non pas le paradis dans l’au-delà mais le paradis ici bas, sur terre. Je le lui dirai. Elle va en rire un peu et trouvera mon propos exagéré. Elle ne me le dira pas directement.  Elle est pondérée et humble. Oui, je reconnais que tout ce que j’ai déjà dit à son sujet paraît excessif. Pourtant, non seulement je le pense sincèrement mais je le justifie dans tous les cas et de diverses façons. Je serais tenté de parler, comme Jules Renard, d’un morceau de paradis. I comme Italia serait donc un morceau de paradis sur terre ? Oui, pourquoi pas ? Et pourquoi pas le paradis tout court, tout simplement, le paradis dans son intégralité ? Je pense ici évidemment au paradis tel que je le conçois, tel que je l’imagine et qui n’a rien à voir avec des considérations ou des critères matériels. Ce qui prévaut dans ce que j’imagine relève de l’esprit, et est intimement lié à des affinités intellectuelles, culturelles exceptionnelles, convergences qui constituent le socle sans lequel rien de positif n’est possible. Comment expliquer que je puisse parler de paradis juste dans le sillage d’une conversation distancielle ? Est-ce possible d’apprécier à ce point une personne par le seul échange de mots (phrases, aphorismes, sensations, impressions sur des photos, des films…) ? Je me le suis demandé et dans ma quête de réponse, je ne vois que le merveilleux, le sublime.
Le pouvoir évocateur des mots suffit-il à expliquer la dimension paradisiaque de mon inspiratrice ?
Pour moi, c’est indiscutable. Mais pas n’importe quels mots. Non. Les mots choisis, mesurés, triés sur le volet même dits spontanément. Et puis, cela devient une habitude. Les mots, c’est l’écriture. La citation d’Orhan Pamuk correspond en partie à l’explication que je donne sur ce qui me motive lorsque j’écris pour I comme Italia.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -29-

Posté par imsat le 10 août 2024

« J’ai envie de vous écrire. Je vous parlerai de choses et d’autres sans ironie, je causerai de tout avec vous. Ce seront (si j’y arrive) des lettres tranquilles, presque immobiles. »
(Boris Pasternak à Marina Tsvetaïeva)
J’ai parfois l’impression de décrocher du récit. Peut être à cause du temps caniculaire qu’il fait et qui casse le rythme et l’inspiration. Peut-être aussi parce que quelque chose me dit que je suis face à une impossibilité. Impossibilité que l’on préfère appeler fiction, utopie, rêve…en fait, c’est une impasse non pas du point de vue de l’écriture mais par rapport aux possibilités de transformer le propos littéraire, de faire en sorte qu’il s’incarne dans le réel. C’est à ce niveau que le doute s’installe. Ce doute non seulement brouille un peu les perspectives mais pèse sur la façon d’écrire. Une impasse ? en est-ce vraiment une ?  Si tel est le cas, que convient-il de faire ? Faire marche arrière, changer d’itinéraire, réfléchir à d’autres options ? Pas facile du tout. Ce n’est pas une affaire de méthodologie ou de stratégie. Il y a, au contraire, une forte subjectivité, des sentiments mêlés. Et puis, pas question de renier ce que j’ai dejà écrit. J’assume tout parce que c’est vrai, tout est vrai, les mots, les sentiments, les conversations merveilleuses avec I comme Italia, enfin tout. L’impossibilité dont je parle n’est pas absolue. Ce n’est pas quelque chose d’irréversible. Il y a juste une sorte d’impatience à vouloir faire davantage que le récit. Mais les contraintes sont telles qu’elles entravent l’objectif supposé. Peut-être même risquent-elles de le compromettre carrément. A l’instant, je viens de penser à la dépendance dans laquelle l’individu se trouve compte tenu de l’histoire, de la géographie, de la politique. On ne peut pas faire ce que l’on veut, y compris lorsque cela relève de postures ou de sentiments liés à la sphère strictement individuelle. C’est extrêmement contrariant, frustrant et pour tout dire particulièrement détestable. Il m’est arrivé d’en discuter dans d’autres circonstances, on m’a répondu que je n’avais qu’à faire « ceci et cela »… je n’aime pas du tout les réponses expéditives, elles ne sont jamais en phase avec la « doléance » formulée…c’est du reste un peu à cause de cette incompréhension que j’évite de donner des détails sur les évolutions probables du récit. Et puis, en définitive, je pense que les incertitudes qui pèsent sur le sort de mes soliloques pourraient se révéler intéressantes. Rien n’est acquis, tout est relatif, il y a des hauts et des bas, même mon interprétation du moindre de ses signes, de la moindre de ses humeurs (je parle d’elle) évolue en dents de scie. Ce n’est donc pas un long fleuve tranquille. Si j’étais dans la fiction, je pourrais explorer plein d’autres alternatives. Il m’arrive d’y penser. En dix minutes, je visualise un certain nombre de « voies de sortie » littéraires, ça va très vite….mais ce n’est pas ma tentation. Je préfère continuer à m’inspirer du réel. J’ai déjà parlé de quintessence à son égard.
Je maintiens le propos. Y a t-il quelque chose de supérieur à la quintessence ? Je lui ai posé la question. Elle m’a répondu : « non, rien » et elle a raison. Pourrais-je expliquer en quoi elle incarne la quintessence ? Oui, je le ferai un jour, mais ce que je sais, c’est que cela a notamment à voir avec son rapport à la littérature, à l’art d’une façon générale et ce qu’il implique dans la vie de tous les jours. Mais il y a plein d’autres éléments de réponse et ils sont tous précieux.
Lamine Bey Chikhi
PS:La correspondance Boris Pasternak-Marina Tsvetaïeva a duré 14 ans (1922 à 1936). Boris Pasternak a reçu le prix Nobel de littérature en 1958. Son chef-d’oeuvre, Le Docteur Jivago, a été brillamment adapté á l’écran en 1965 par David Lean avec, comme interprètes principaux, Omar Sharif et Julie Christie. J’ai adoré ce film. Je le reverrais avec plaisir.

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I comme Italia -28-

Posté par imsat le 31 juillet 2024

« J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer, tous les luxes alors m’ont paru gris, la misère intolérable. Depuis, j’attends. J’attends les navires du retour, la maison des eaux, le jour limpide… ( Albert Camus )
Elle trouve que nous avons de fortes affinités. Elle ne tarit pas d’éloges sur moi. Elle ne s’étale pas trop sur ces questions mais les quelques mots qu’elle distille toujours en temps opportun sont agréables. Nombre de citations d’auteurs qu’elle rapporte expriment sa pensée, ses sentiments. C’est aussi ma démarche. Mais le partage ne s’arrête pas là, il nous arrive de rebondir sur tel ou tel aphorisme par de brefs commentaires. Si je me répète, c’est parce que notre dialogue est qualitatif, constructif, exigeant. Il n’y a pas longtemps, elle a réagi a une photo postée par mes soins montrant le bastion 23 à El Kettani, Alger que j’avais accompagnée de la citation de Camus qui titre ce chapitre. On a commencé par dire notre appréciation du joli bleu foncé de la Mer, un bleu pur. Une pureté magnifique.
Et puis, la conversation s’est enclenchée autour de la vie de Camus et j’en ai profité pour évoquer Soleil, le film de Roger Hanin avec Sophia Loren parce que certaines de ses séquences rappellent un peu l’enfance de Camus à Alger. Elle a regardé le film, ça lui a beaucoup plu. Il y a un point que j’ai à peine évoqué et sur lequel je voudrais revenir parce qu’il explique lui aussi pourquoi je donne l’impression de « sacraliser »  I comme Italia. En fait je retrouve avec elle un peu l’atmosphère dans laquelle je baignais entre les années 60-70, une convivialité, des conversations heureuses, sur toutes sortes de sujets, une admiration réciproque des interlocuteurs, une déconnection volontaire de toutes les questions susceptibles de fausser, de parasiter la discussion. Ce qui est terrible, c’est que tout cela a disparu et complètement déserté l’environnement actuel. I comme Italia pallie ce manque. Je ne comprends pas que l’on puisse vivre uniquement pour et autour de considérations matérielles. C’est ce que j’observe au quotidien. Que s’est-il passé ces trente dernières années ? la descente aux enfers semble irréversible. Peu de gens s’intéressent à la culture comme nous le faisions dans les années 70. Le consumérisme a tout déglingué. Voilà pourquoi, j’aime ce que représente I comme Italia, une sorte de quintessence. Je pense qu’elle même est exceptionnelle dans son milieu. Je le vois un peu à travers la nature ou le type de réactions qu’elle suscite sur la toile…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -27-

Posté par imsat le 22 juillet 2024

« Il n’y a rien de plus précieux au monde que le sentiment d’exister pour quelqu’un. »
(Victor Hugo)
 
C’est la première fois que je cite Hugo. C’est I comme Italia qui a rapporté cette belle citation. Je la reçois comme l’une des plus judicieuses définitions de notre façon de communiquer, de converser. Quand le sentiment d’exister pour quelqu’un s’exprime d’abord par l’écriture, c’est tout simplement merveilleux. Quelqu’un d’autre que mon alter ego m’a demandé qui était exactement I comme Italia. J’ai répondu qu’elle incarnait plusieurs artistes et personnages de romans. Il m’a aussi questionné sur mon autre moi-même que je fais parler de temps à autre. J’ai fait une réponse similaire en indiquant qu’il était lui aussi multiple. J’ai précisé ne pas savoir sur quoi tout cela allait déboucher. Et comme j’ai senti que mes explications n’étaient pas convaincantes, j’ai indiqué qu’il fallait voir les choses simplement et considérer que j’essaie juste de parler de cinéma et de littérature à travers divers itinéraires. En ce qui concerne, par exemple, le cinéma, au lieu d’en parler comme on le faisait à l’époque où l’on fréquentait assidûment les salles obscures, c’est-à-dire de façon immédiate, sommaire et expéditive, eh bien aujourd’hui, c’est complètement différent, en tout cas pour ce qui me concerne, et je prends le temps de dire ce que j’en pense. Je relie le tout à un fil d’Ariane et ce fil d’Ariane, je l’ai appelé I comme Italia. Pourquoi I comme Italia ? Parce que j’ai aimé le cinéma italien des années 60-70. Le cinéma lato sensu incluant acteurs, actrices, techniciens, réalisateurs, etc. J’ai aussi aimé le cinéma français de la même période ainsi que le co-productions franco-italiennes. A mon interlocuteur, j’ai indiqué que mon propos portait en partie sur une fiction en ce sens que tout ce que j’écris sur I comme Italia en utilisant toutes sortes de médiateurs, résulte d’un rêve et entretient ce même rêve. Mais (et c’est vrai) j’ignore sincèrement où je veux en venir à travers les satisfecits toujours mérités que je délivre à ma muse. Il m’arrive de comprendre mais je crois que cela relève plus de la supposition théorique que du réalisme. Par moments, je me demande si elle ne finira pas par se lasser de mes soliloques. Je comprendrais facilement qu’elle s’en démarque parce qu’il y aurait peut-être un excès de cinéma, de nostalgie, de passé. Une lassitude parce qu’il n’y a que des mots…
En écrivant cela, je repense à notre conversation du 19 juillet. C’était comme un dialogue de film. Des phrases courtes, spontanées, des mots significatifs, des citations magnifiques.
Une sorte d’échange épistolaire en temps réel, qualitatif, inspirant, enrichissant, convivial. C’est souvent ainsi avec elle. Et ce sont de vrais moments de bonheur. Là aussi, le cinéma, la littérature et la vie sont intimement liés. J’aimerais bien inclure dans le récit certaines de nos conversations; je lui en parlerai avant…
 
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -26-

Posté par imsat le 16 juillet 2024

« Vous êtes vraiment un mystère. Je vous aime. Vous êtes belle, intelligente et vertueuse, et c’est la combinaison la plus rare qui soit. » (F. Scott Fitzgerald)
Belle, intelligente, vertueuse, mystérieuse… Cela correspond-il à ce que je pense de I comme Italia ? Excellente synthèse mais je ne m’en satisfais pas entièrement. D’ailleurs, si je devais m’en contenter, ce serait la fin de l’histoire, du récit. Ce n’est pas la seule raison. I comme Italia est plus que cela. Elle est exceptionnelle, rarissime. Elle est la somme de tout ce que j’ai dejà dit sur elle et je n’en ai pas fini. J’aurais à exhiber nombre de qualificatifs susceptibles de compléter la panoplie de ceux que j’ai déjà utilisés pour la définir. Les mots me manquent. Je ne les retrouve pas, je ne m’en rappelle pas. Je sais juste que cela a à voir avec la générosité, la compréhension, l’indulgence, l’amour de la nature, la douceur de vivre, le savoir vivre, la fidélité. Elle est coquette, et le fait savoir par citations interposées. C’est un personnage romanesque, une héroïne de film d’auteur. Qand je dis film d’auteur, je pense à ceux de Michelangelo Antonioni, Luchino Visconti ou encore de Claude Sautet. Je sais aussi qu’à son contact, je m’enrichis et je me sens le devoir de répondre à une exigence, celle de choisir les mots les plus appropriés pour converser avec elle. Je le fais naturellement. Autre chose, et c’est aussi rare: Avec elle, les mots, les phrases prennent toute leur importance, leur saveur. C’est tout un monde. Elle est italienne et elle adore la langue française, la culture française tout étant eclectique et ouverte à bien d’autres horizons. Elle dit les choses simplement, sans fioritures. Avec elle, en quelques mots, quelques photos, tout s’éclaircit, tout devient possible. Ses apparitions sont des lumières qui s’allument dans les ténèbres. Bien sûr, tout est relatif. C’est précisément parce que tout est relatif et sujet à comparaison que rien de ce qu’elle écrit ne m’est indifférent. Ce n’est pas virtuel, c’est réel ! Par moments, elle donne l’impression de dire les choses sur la pointe des pieds. Ah, oui, le mot bonification me vient à l’esprit, il fait partie des mots que j’aime beaucoup mais que j’oublie fréquemment. Je voudrais dire qu’au contact de I comme Italia, je me sens devenir meilleur d’un point de vue artistique et intellectuel. Avec elle, il n’y a pas de nivellement par le bas. Elle est humble mais audacieuse et sait frapper les esprits. Avec elle, la médiocrité n’existe pas. C’est la quintessence qui prévaut. Je ne crois pas avoir trouvé chez les personnes que j’ai connues ou fréquentées par le passé, l’intensité, le ravissement, la qualité, la pureté qui caractérisent mes échanges avec I comme Italia. L’énoncé de ces aspects dépasse largement la beauté, l’intelligence, la vertu et le mystère qui concourent à la magie continue de la rencontre. La citation de Fitzgerald est superbe. Elle se suffit à elle-même, comme toutes les citations des grands auteurs. Mais moi j’ai besoin de la décrypter, de la disséquer pour en tirer la substantifique moelle. Et toutes les extrapolations que je tente à partir de ce levier concernent exclusivement I comme Italia.
Lamine Bey Chikhi

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