Marie-France (Batna, 1961)
Posté par imsat le 25 octobre 2009
Marie-France, un été 1961; course poursuite entre son copain et moi. Il me rattrape à l’entrée des allées Bocca, me bouscule, me fait un croche-pied puis me met à terre; soudain quelqu’un surgit et s’interpose entre nous; il injurie le jeune homme en français et en arabe avant de lui crier : » allez, dégage d’ici ! « .
Mon « sauveur », c’était mon cousin Kamel; je venais ainsi de faire sa connaissance; lui me connaissait déjà.
Marie-France, je la regardais par rapport à ce qu’elle était : une française. Je la sentais différente des algériennes. Je crois même que je cherchais à la voir ainsi.
Je l’imaginais dans sa vie quotidienne. Le siège de la Garde mobile prenait pour moi une signification particulière à partir du moment où elle y résidait.
Les amies algériennes de B avaient une pondération, une retenue; ses copines françaises semblaient extraverties et gaies.
Marie-France passait devant notre maison peu avant 8 heures du matin. Je l’observais discrètement de la fenêtre de notre salle de bains. Je le faisais surtout en hiver tout en me chauffant les mains près de la chaudière.
Cheveux noirs, sourires parcimonieux mais charmeurs…
Elle se démarquait totalement des autres jeunes filles. Je la trouvais sophistiquée et, par certains côtés, artificielle (positivement s’entend) pour ne pas dire irréelle.
Me remémorer Marie-France, c’est tenter de me réapproprier pour la réinterpréter la portée suggestive de sa façon de manger les petits pains au chocolat sur le chemin du lycée qu’elle faisait parfois avec B.
Lamine Bey Chikhi
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