I comme Italia -5-

Posté par imsat le 15 janvier 2024

« C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante. » (Paulo Coelho)

En guise de réponse à sa critique légitime sur ma façon d’écrire, j’ai proposé à mon interlocuteur privilégié de me relayer et de dire autour de quoi il articulerait le récit et comment il s’y prendrait pour que tout soit fluide, ordonné, cohérent, lisible, attractif… Je lui cède donc la parole.

« Eh bien, moi, dit- il, je commencerais déjà par changer le titre du récit parce que « I comme Italia » ce n’est pas clair. J’ai cru comprendre que cela signifiait plusieurs femmes, pour la plupart actrices voire stars de cinéma, essentiellement italiennes et françaises. Pour toi ( je le sais ) c’est une sorte de détour pour parler à la fois du cinéma et des artistes que tu aimes, et peut-être aussi d’une femme en particulier… Mais cette femme existe t-elle vraiment ? Ne fait- elle pas plutôt partie de tes souvenirs nostalgiques, de ces passantes au charme singulier que l’on ne croise qu’une fois dans sa vie et dont tu me parles souvent ? En tout cas, la femme en question, moi je la nommerais. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi tu ne le ferais pas. Aragon, Eluard, Breton, Neruda et bien d’autres auteurs (écrivains, poètes…) ne sont pas allés par quatre chemins pour livrer dés le départ le nom de leur muse, leur compagne…Nedjma de Kateb Yacine que tu as cité, c’est Nedjma ! Kateb n’a pas titré son récit « A comme Algeria » .Après, c’est vrai, il en a fait un levier pour embrasser nombre de thèmes sur le pays, son histoire, etc. C’est donc le premier point que je changerais. Je te dirais ultérieurement, peut-être lorsque tu auras fini d’écrire, le prénom de mon choix. Ensuite, et contrairement à toi, je ne suis pas dans le romantisme ou ce qui y ressemble. Tu reconnais toi-même ne pas pouvoir ou vouloir faire preuve d’audace dans ce que tu souhaites vraiment dire. Tu privilégies la nuance et tu prends à mon avis trop de précautions langagières pour exprimer quelque chose qui relève du sentiment, de l’intime. Tu aimes bien citer Breton, Jean Genet, Paulo Coelho….mais eux, disent les choses frontalement, joliment certes, mais frontalement et sans zigzag. Toi, tu serais plutôt du côté de Modiano et un peu de D’Ormesson ou François Mauriac dont le style correspond à ta façon de définir et d’apprécier les choses de la vie. Tu vois, je connais parfaitement tes lignes de démarcation littéraires. Pour ma part, je suis tendance Garcia Marquez, Nabokov ou Philippe Sollers. Ils sortent des sentiers battus pour parvenir à leurs fins. Et j’aime ça. Pourquoi perdre du temps en préalables, incipits et autres dispositifs transitoires superfétatoires ? Une transition pour faire durer le plaisir ?…Oui, je te le concède. Et puisque j’évoque ce qui se rapporte au temps, j’en profite pour souligner que, là aussi, on diverge complètement. Moi je suis pour une perception dynamique, active du temps tandis que toi tu te complais dans une sorte de temps immobile, le contraire de la projection, de l’anticipation… Je suis sûr que celle que tu appelles « I comme Italia » abonderait dans mon sens parce que je l’imagine réaliste, en phase avec le présent, avec la dolce vita, un certain art de vivre… »

Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -4-

Posté par imsat le 13 janvier 2024

« Le tout est de tout dire et les mots me manquent. » (Paul Eluard)
« I comme Italia » courtisée, convoitée par des dizaines, des centaines d’hommes, reste zen et égale à elle-même.
Elle suscite bien des fantasmes, pas seulement pour ce que l’on peut imaginer de ses traits physiques.
Il y a aussi ses intuitions, et elles sont bonnes.
Je pourrais me limiter à ce constat et parler d’autre chose.
Eh bien, parler d’autre chose c’est encore continuer à « décrypter » tout ce qui fait sa singularité.
La singularité, c’est le contraire de la banalité, c’est la rupture opportune avec la routine.
« I comme Italia » nous fait tourner la tête, toujours au bon moment, via des références photographiques, cinématographiques, littéraires…
Avec elle, on joint l’utile à l’agréable.
Je crois bien le lui avoir déjà dit.
Oui, c’est agréable dans tous les sens et l’on se retrouve interpellé sur des thèmes que je trouve attractifs tels que le hasard, la télépathie, les rencontres amoureuses, la séduction, « les plaisirs et les jours », la nostalgie, la fiction et le réel, le silence, le temps qui passe…
Elle exhibe toujours ce qu’il faut pour déclencher des souvenirs, permettre des analogies fécondes, faire se télescoper des événements d’autrefois et d’aujourd’hui…
Quand j’évoque des comparaisons fécondes à son propos, je pense notamment à certains films: Les Demoiselles de Wilko d’Andrezj Wajda, Les Choses de la vie de Claude Sautet, Nos retrouvailles de Josée Dayan, Le Docteur Jivago de David Lean ou encore Le Train de Pierre Granier Deferre avec le magnifique duo Jean Louis Trintignant-Romy Schneider.
Je pense aussi à des conversations que l’on peut avoir de façon détendue et hors de toutes considérations matérielles.
Mais cela peut également se rapporter à des musiques de films, des chansons de Reggiani, Aznavour, Barbara, Ferrat…
Les exemples de ce genre sont légion. J’en citerai d’autres ultérieurement. En attendant, J’avais envie d’illustrer ce que je considère comme l’une des expressions de la puissance suggestive de « I comme Italia »
Au fait, qu’en pense mon double ? Il est toujours là, omniprésent même. Mais il attend que je parle pour qu’il réagisse. Il croit que mon inspiration se tarit.
Je dis cela parce que dans notre conversation d’hier, je lui ai indiqué qu’il fallait toujours explorer des alternatives, pour ne pas rester à court d’idées, dans tous les domaines, en particulier quand on ambitionne d’écrire un récit.
Pour lui, le mot alternatives signifie que je cherche à changer de sujet parce que je me serais rendu compte, selon lui, que ma démarche initiale a déjà débouché sur une impasse. Et que toute tentative d’explication de ma part constituerait une rhétorique inutile.
Il sait pourtant que je n’ai pas choisi la ligne droite pour dire les choses. J’essaie de globaliser mes objectifs, de fixer le contexte avant de mettre en évidence certains détails.
Je lui cite Mario Vargas Llosa pour mieux illustrer mon propos.
« Il n’y a rien de mieux qu’un roman pour faire comprendre que la réalité est mal faite, qu’elle n’est pas suffisante pour satisfaire les désirs, les appétits, les rêves humains »
« OK, Parfait !  mais dans tout ça, où est « I comme Italia » dont tu m’avais dit qu’elle serait au centre de ton récit ? que devient-elle ? Le sais-tu au moins ? » me lance t-il avec quelque véhémence…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -3-

Posté par imsat le 10 janvier 2024

« Merci de ces heures d’hier qui resteront plantées dans mon souvenir pour y refleurir souvent. »

Rainer Maria Rilke, Lettres à une amie vénitienne

J’aurais aimé être aussi audacieux que les surréalistes et dire les choses clairement, sans fioritures. Mais l’autocensure est là et m’incite à la retenue, donc à tout nuancer, tout relativiser. J’en suis conscient mais je me dis que je pourrai  surmonter cet obstacle soit par bribes de façon sélective, soit à la faveur d’une sorte de synthèse dont je choisirai le moment. Mon alter ego n’a pas tout à fait tort quand il me reproche de m’enliser dans ce que j’essaie de montrer ou d’expliquer. Alors que je tentais de rebondir sur l’hypothèse d’un scénario de film autour de Nedjma de Kateb Yacine (j’en rêve depuis longtemps) en indiquant au passage que ce que m’inspirait « I comme Italia » me faisait penser un peu à Nedjma, il m’a immédiatement retorqué que cela ne tenait pas la route, que je commençais à divaguer et que tout était confus dans mon propos par ailleurs réducteur et caricatural s’agissant de Nedjma. C’est vrai, je lui en avais parlé autrement en me focalisant sur le succés planétaire que son adaptation cinématographique pourrait obtenir si l’on en confiait la mise en scène à un cinéaste chevronné et si l’on mettait le paquet (les moyens financiers) pour que Nedjma soit interprétée par une star mondiale. Mon extrapolation récente concernant « I comme Italia » était partielle et minimale. Je voulais juste dire que « I comme Italia » était courtisée, convoitée par plein de gens et qu’il n’était pas excessif ni déraisonnable de voir en elle une femme pas forcément fatale, mais séduisante,  désirable, intelligente et qui génère toutes sortes de fantasmes tout en restant zen…Serais-je, comme le soutient mon « camarade littéraire », à la recherche illusoire du temps perdu dont le levier serait « I comme Italia »? Pourquoi illusoire ? Il ne répond pas vraiment à la question, préférant botter en touche en s’interrogeant de nouveau sur ce que je cherche concrètement à travers mon « projet d’écriture ». C’est lui qui met les guillemets…Je m’évertue à lui répéter qu’Il n’y a pas de plan dans ce que j’entreprends, que tout est disparate, que c’est comme un puzzle mais que je sais comment m’y prendre pour tout remettre en place, le moment venu. Pour l’instant, ce qui m’importe c’est de parler d’elle et de mémoriser à ma façon les idées qu’elle m’inspire au jour le jour ou presque… J’ignore si cela est appelé à changer. J’y ai pensé mais cette perspective ne me préoccupe pas vraiment. Mon stock de souvenirs est tel qu’il m’offrira plein de perspectives quant au sort à réserver à mes pérégrinations intellectuelles.

Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -2-

Posté par imsat le 8 janvier 2024

« Il faut écrire instinctivement, comme l’on vit, comme l’on respire. » (Françoise Sagan)
J’aime les personnes qui s’inscrivent dans cette perspective, pas uniquement celles qui écrivent.
La spontanéité peut aussi caractériser un discours des gestes, des postures simples, élémentaires: le choix d’une photo, d’une peinture, d’un aphorisme.
Eh bien, cette automaticité ou plutôt cette expression première, immédiate et subjective du sentiment, qui implique simultanément les yeux, le coeur, le corps et l’esprit, je la retrouve d’une certaine façon chez « I comme Italia. »
Bien sûr, tout est relatif…
Je l’ai déjà dit, mon interlocuteur intérieur de tous les jours aime le pragmatisme. Certes, il apprécie les chemins de traverse que j’emprunte pour lui parler de « I comme Italia » mais son réalisme finit par le rattraper et l’incite à me poser des questions précises : « tu m’as d’abord parlé d’un récit en cours  de préparation, ensuite d’un  scénario de film, et à présent tu évoques une autre trajectoire…qu’est-ce que cela signifie ? »
Ou encore : « n’es-tu pas en train de faire une description exagérément positive de « I comme Italia », d’en idéaliser certains traits physiques et moraux, de conférer à son rapport à la culture en général des qualités exceptionnelles ? »
Ces questions m’intéressent. Il sait d’ailleurs que je m’en saisis pour m’étaler encore davantage sur ce que je souhaite dire de « I comme Italia »
Peut-être, le fait-il exprès à la fois pour que je dynamise mon récit et pour que je lui en livre d’ores et déjà des conclusions au moins partielles.
Fluidifier mon récit, oui, pourquoi pas ?
Mais aller très vite à l’épilogue ne m’intéresse pas. Cela irait à contre-courant de ma vision du temps et de celle qui me paraît correspondre à « I comme Italia » …
Au surplus, j’assume la complexité de mes réflexions, une belle complexité car évoquer « I comme Italia » comme je tente de le faire, c’est parler d’une femme à laquelle je trouve des ressemblances avec Stefania Sandrelli, Lea Massari, Monica Vitti, Sophia Loren…ce qui n’impacte pas du tout sa spécificité, son unicité, ses qualités originelles…
« I comme Italia » c’est l’Italie, son cinéma, ses stars, et plein de titres de films évocateurs…
C’est aussi l’ouverture sur le monde, sur les autres cultures, le cinéma mondial, la photographie, la diversité esthétique, c’est également une charmante et subtile mise en exergue de la sensualité.
Pour définir autrement l’espace culturel, intellectuel et artistique de « I comme Italia », je citerai Baudelaire : »Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -1-

Posté par imsat le 31 décembre 2023

« Le charme : cette part de romanesque qu’une personne propage autour d’elle et qui la rend à nulle autre pareille. »
(Pascal Bruckner)
Esquisser les éléments de ce qui pourrait constituer un récit dont le personnage central, une charmante italienne, aime le cinéma, la littérature, les photos black & white, les artistes, Romy Schneider, Anna Karina, Monica Vitti, Antonioni, Pasolini, Catherine Deneuve…L’idée me plaît.
Les lignes saillantes de l’histoire sont dans ma tête. Ce n’est pas linéaire. J’aimerais écrire à la première personne. Ce n’est pas une fiction. Oui, j’ai très envie de dire ce que cela m’inspire. Je m’étais d’ailleurs promis de le faire.
J’insiste sur le caractère non linéaire de la démarche. Il s’agit d’évoquer une inspiratrice tantôt directement, tantôt par le biais d’un dialogue avec mon double.
Le narrateur, c’est moi, c’est lui. Et les deux sont souvent tentés de brouiller les pistes parce que cela les amuse mais aussi pour prendre le temps de dire les choses, pour ne rien précipiter. Peut-être également pour ne pas répondre à des questions concrètes, et finalement pour rester dans une approche nuancée, abstraite et constamment adossée à des comparaisons avec des périodes dont on dit qu’elles sont révolues. Ce qui fonde mon envie d’écriture est intimement lié au passé. Mon égérie « I comme Italia » en fait partie de bien des façons.
C’est ce que j’ai dit à mon interlocuteur avant d’évoquer Modiano, Proust, Kateb Yacine…
Faut-il commencer par le commencement ?
Et d’abord, y-a- t-il une chronologie dans ce que je souhaite relater ?
Je me souviens d’un certain nombre de choses, de photos, de commentaires, de citations d’auteurs,  d’impressions de toutes sortes.
Je me suis très vite habitué à me focaliser sur la substantifique moelle, la quintessence de ce qu’elle écrivait, de ce qu’elle ressentait.
C’est cela que j’aimerais restituer.
Par moments, je me disais qu’il ne fallait pas que j’oublie de noter tel ou tel point la concernant et qui renvoie à telle ou telle publication de sa part.
En fait, je ne notais rien, je comptais sur ma mémoire pour consigner par écrit ce que dont j’aurais envie le moment venu.
En vérité, tout se passait dans la tête. Je me suis inventé un interlocuteur, un alter ego avec qui je dialoguais sur des thématiques liées au cinéma et à la littérature. Il avait ses idées, j’avais les miennes, il était attentif à mes propos et il ne m’a jamais reproché d’apprécier nombre de choses de la vie sous le prisme de « I comme Italia »…
« I comme Italia », c’est une formidable, une inépuisable source d’inspiration.
Ce sentiment n’est pas né ex nihilo. Il s’est développé graduellement, au fur et à mesure de ce qu’elle donnait à voir, à lire, à écouter quasi quotidiennement.
Il y a dans ce que je dis de l’objectivité et de la subjectivité.
Lorsque j’en parle ainsi à mon interlocuteur, il me trouve laborieux. C’est un constat récurrent de sa part. Un jour, je lui ai dit que c’était ma façon de prendre le temps de décrire les multiples facettes d’une situation, d’un contexte relationnel, d’un feeling.
Et puis, il y a ce que l’on dit et ce que l’on écrit. Et ce distinguo me renvoie à Patrick Modiano, à ce qu’il a déclaré à ce sujet, autrement dit à la nécessité de trouver le mot juste, la phrase appropriée pour exprimer une idée…
Je pourrais naturellement me contenter de dire deux ou trois mots et ne plus en parler.
Je l’ai bien suggéré à mon double mais il m’a fait comprendre que ce n’était pas du tout ce qu’il souhaitait…
A vrai dire, il se montrait de plus en plus intéressé par ma démarche même si par moments cela lui paraissait connecté davantage à mon imaginaire qu’à la réalité.
Comme moi, il aimait le cinéma et la littérature, particulièrement l’adaptation cinématographique de certaines oeuvres littéraires.
Au début, nos conversations portaient sur cette corrélation magique.
C’est d’ailleurs dans cette optique que j’ai songé à un scénario de film dont le personnage central serait interprété par quelqu’un qui ressemblerait à « I comme Italia » …
Lamine Bey Chikhi

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« La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie » (Albert Camus)

Posté par imsat le 30 novembre 2023

La recherche du temps perdu est aussi la recherche d’un espace perdu, d’un territoire perdu, pour moi c’est évident. Le temps n’aurait aucun sens ni aucun intérêt, dépouillé de sa géographie. Lorsque je dis que c’était mieux avant, je pense à ce qui me reste de l’enfance, mais surtout aux années 60 et 70. Dans ma mémoire, chacune de ces périodes renvoie à des villes, des rues, des salles de cinéma, des fêtes familiales et puis naturellement aussi à une multitude de personnages attachants, généreux, indulgents, délicats, attentionnés. Ce qui m’intéresse, c’est le temps via des arrêts sur image. Rien n’est dérisoire, tout est important. Une image, ce n’est pas un détail ou un ensemble d’éléments figés, c’est l’éternité en mouvement. La photo, c’est un formidable déclencheur de souvenirs, d’histoires. Quand il m’arrive de parcourir l’album familial, je me dis toujours: « c’était bien avant » et je le pense en cherchant à savoir en quoi ce que je regarde m’interpelle profondément et me ravit. A ce moment-là, le temps s’arrête. Les images défilent devant moi mais le temps n’est plus le temps présent. Il est ce que je veux en faire. Et c’est ce qui singularise l’approche fondée sur le temps appréhendé en dehors de toute immédiateté, de toute contrainte exogène. Ici, le temps n’est pas celui  dont on dit qu’il nous échappe, mais celui sur lequel on pose volontairement un regard tranquille, autonome et provisoirement à l’abri de la complexité du réel.

Lamine Bey Chikhi

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Perspectives algériennes: un optimisme de volonté

Posté par imsat le 21 novembre 2023

Perspectives algériennes : un optimisme de volonté

 

Mohamed Larbi Chikhi dit Babi

Depuis que j’ai pris en charge, dès l’année 1990, la direction générale de la société de conception, de fabrication et de commercialisation de carreaux en céramique, j’ai contribué activement aux travaux de la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens) et de la Fédération des céramistes dont j’étais le vice-président.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai eu à formaliser un nombre appréciable de réflexions et d’analyses relatives à l’économie algérienne dans ses multiples aspects (soutien aux PME, financement bancaire, fiscalité, relation banque-entreprise, etc…)
Mes préconisations ont toujours pris appui sur le réel, autrement dit sur ma pratique managériale, mes relations avec les institutions économiques et financières nationales, ma connaissance des contraintes de l’économie locale et régionale, etc.
Un regard lucide et exigeant
C’est aussi grâce à l’expérience que j’ai engrangée en qualité de chef d’entreprise, expérience elle-même adossée à ce que je peux qualifier en toute humilité de précieux background historique lié à mon militantisme au sein de la Fédération de France du FLN, que j’ai toujours porté un regard à la fois lucide, objectif, compréhensif mais aussi exigeant sur les acquis, les insuffisances et les perspectives de la gouvernance économique.
J’ai fait face à des contraintes de toutes sortes (bureaucratie, pesanteurs sociales, lenteurs et blocages des dossiers de l’entreprise…) que j’ai dú surmonter pour que la Sarl que je gérais continue de fonctionner, de répondre à la demande de la clientèle en quantité et en qualité, et surtout de préserver coûte que coûte 200 postes d’emplois dans une zone enclavée et économiquement défavorisée.
Cela me permettait de cibler rapidement les goulets d’étranglement de l’écosystème national et du climat des affaires.
Mes multiples propositions à la Cipa étaient pragmatiques, réalistes et toujours accompagnées de modes opératoires précis et fluides.
Malheureusement, pour diverses raisons et obstacles de type bureaucratique (mais pas seulement), la prise en charge des propositions en question au niveau des superstructures institutionnelles a souvent été chahutée voire carrément parasitée.
Cela est d’autant plus déplorable qu’une partie importante des diagnostics et analyses concernés s’inscrivaient dans une démarche prospective à moyen et long terme en lien avec diverses thématiques (réforme bancaire, accompagnement des PME, IDE, partenariat…)
Aujourd’hui, le constat est indiscutable: Les préconisations formulées il y a près de 20 ans restent d’une brûlante actualité.
Il ne me paraît pas excessif ni présomptueux d’affirmer que si elles avaient été prises en considération, cela aurait contribué à réformer bien des secteurs qui en avaient grandement besoin.
La diversification de l’économie nationale que les autorités et tous les opérateurs économiques appellent de leurs voeux depuis au moins deux décennies afin de limiter substantiellement notre dépendance aux hydrocarbures, continue de buter sur une bureaucratie tentaculaire qui sévit à tous les niveaux.
Cette bureaucratie que les plus hauts responsables du pays ne cessent de dénoncer reste omniprésente et omnipotente en dépit des changements opérés périodiquement par le Président de la République au niveau de l’encadrement des ministères, des Wilayas et des entreprises publiques économiques.
Une bureaucratie omnipotente et tentaculaire
Les solutions préconisées ces dernières années pour mettre un terme à la bureaucratie par la numérisation et donc la fluidification du management, des procédures et du traitement des dossiers d’investissement semblent, elles aussi, tenues en échec soit au niveau local soit au niveau central.
En 2022, le Président de la République a dû instruire le Médiateur de la République pour qu’il débloque quelques 3000 projets d’investissement  qui étaient en souffrance dans diverse wilayas.
Cela signifiait clairement que le gouvernement (ministres, walis et divers autres intervenants institutionnels) n’avaient pas fait leur travail.
Peut-on entrevoir positivement les perspectives algériennes alors que des réformes fondamentales (subventions, privatisation de banques publiques, sureffectifs de la fonction publique, gestion locale, assainissement du secteur public, etc) annoncées à maintes reprises, sont systématiquement reportées sine die ?
Des atouts considérables 
Les atouts dont dispose l’Algérie (un potentiel fabuleux de ressources minières, une position géo-stratégique privilégiée, etc.) incitent à l’optimisme s’ils sont exploités rationnellement et pragmatiquement.
La situation financière du pays (réserves de change appréciables et niveau insignifiant de la dette extérieure ) est favorable.
Il ne faut surtout pas céder à la tentation de continuer à distribuer la rente pétrolière sans contreparties.
La poursuite du traitement social de notre économie et de dépenses publiques inconsidérées serait extrêmement préjudiciable voire suicidaire.
Les décisions à prendre concernant les réformes indispensables sont tributaires des arbitrages que l’Etat doit opérer d’abord et avant tout dans sa politique sociale.
On ne saurait zapper cet impératif stratégique sans faire prendre à notre pays des risques considérables d’autant que notre économie n’est pas du tout à l’abri d’un retournement du marché pétrolier et d’un retour à l’endettement extérieur.
C’est cette anticipation que la direction politique du pays gagnerait à engager dans les meilleurs délais pour mettre en evidence les décisions à même de concrétiser les réformes nécessaires dans des conditions socio économiques consensuelles.
S’il existe une réelle volonté politique à cet égard rien ne devrait s’opposer à ce que les objectifs cruciaux pour notre pays se réalisent dans le cadre d’un échéancier précis et de nature à crédibiliser le discours politique et économique des dirigeants.
Anticiper les risques
En d’autres termes, il est absolument nécessaire que les décideurs prennent en compte l’évidente interdépendance du politique et de l’économique pour faire face aux nombreux défis induits par les bouleversements géopolitiques et stratégiques mondiaux auxquels nous assistons et dont certains connaissent une incroyable phase d’accélération.
L’interdépendance du politique et de l’économique renvoie aussi à la perception dans le champ social et médiatique non seulement du discours politique de l’Etat mais également de la pratique économique et du type de réponses que l’on apporte aux diverses préoccupations des citoyens.
La question est de savoir ce qu’il convient de faire et comment il faut le faire pour que s’instaure une réelle confiance entre l’Etat et les citoyens.
Ce rapport à besoin d’être refondé de telle sorte qu’il génère l’adhésion et la participation sincère et volontaire des citoyens à la politique de l’Etat.
Dans cette optique, le fonctionnement des institutions politiques nécessite lui aussi plus qu’un toilettage; il s’agit d’aller réellement vers l’instauration d’une démocratie participative sur la base de règles concertées et fixant des lignes rouges à ne pas franchir.
Enfin, la référence à l’histoire qui semble avoir été figée et circonscrite à des points de repères sans réel impact sur la jeunesse, doit être rénovée si l’on veut qu’elle aide à la compréhension des enjeux actuels et à l’élaboration de projections fiables.
C’est ce travail qu’il convient d’accomplir pour donner aux citoyens, aux jeunes en particulier des raisons de croire vraiment en un avenir meilleur.
Et parce que je suis pour ma part résolument optimiste quant aux perspectives de notre pays, je fais complètement mienne et je partage la citation suivante:
« Les optimistes enrichissent le présent, améliorent l’avenir, contestent l’improbable et atteignent l’impossible ». (William Arthur Ward)
Mohamed Larbi Chikhi dit Babi

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Lire, parler, écrire…

Posté par imsat le 31 octobre 2023

Le sentiment de ne pouvoir dire, comme je le souhaite, ce que je pense profondément de certaines questions existentielles qu’en le formalisant par écrit, c’est quelque chose de récent chez moi, ça n’existait pas avant. Jusqu’à la fin des années 70, c’était même exactement l’inverse. Je n’écrivais pas, je parlais. Mais je n’étais pas le seul dans ce cas. Sisseglingou et Sitchad étaient dans le même état d’esprit. Nous dissertions souvent sur nos lectures respectives et sur les films que nous avions vus. Pour nous, cinéma et littérature étaient intimement liés. Nous leur accordions le même intérêt. Sisseglingou et Sitchad avaient un faible pour les auteurs américains (Norman Mailer, Hemingway, Faulkner…). J’estimais, à tort ou à raison, que c’était une posture de leur part, une « stratégie » qu’ils adoptaient juste pour se démarquer de mes goûts littéraires qu’ils jugeaient excessivement francophiles. Je le leur faisais savoir mais ils prenaient un malin plaisir à continuer de me taquiner en orientant quelquefois nos discussions sur des hommes de lettres scandinaves, tel le dramaturge norvégien Henrik Ibsen, occultant délibérément les écrivains de l’Hexagone. En général, je campais sur mes positions même si j’ai reconnu un jour avoir fini, grâce à eux, par lire et aimer La main coupée, de Blaise Cendrars.

Notre point de jonction, notre élément consensuel, c’était indiscutablement Kateb Yacine pour Nedjma naturellement, mais aussi pour ses engagements, sa façon de vivre, ses audaces. Nous en parlions souvent avec enthousiasme au Spleen dont la terrasse ne désemplissait pas entre 18h et 22h. Nous entretenions nos conversations habituelles par notre lecture assidue des pages littéraires du journal Le Monde qui publiait une fois par semaine des nouvelles d’auteurs connus ou inconnus. C’est ainsi que j’ai découvert Nédim Gürsel en me délectant de sa nouvelle Au seuil de l’hiver, de même que l’écrivain allemand Heinrich Boll (prix Nobel de littérature en 1972) dont le texte Les taches de gras, avait retenu mon attention.

Lamine Bey Chikhi

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Non-adhésion de l’Algérie aux Brics: un échec salutaire ?

Posté par imsat le 27 septembre 2023

Mohamed Larbi Chikhi dit Babi
 « La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. » (Confucius)

L’adhésion de notre pays aux Brics ayant été reportée à l’année prochaine si, d’ici là, le processus n’est pas entravé par des facteurs relevant de la « force majeure », que faut-il faire pour effacer définitivement et sérieusement les stigmates de ce que l’opinion publique considère (à tort ?) comme une humiliation ?

Je pourrais certes énoncer un catalogue de propositions économiques, managériales, stratégiques, etc…mais ce faisant je ne me démarquerais pas par rapport à ce que l’on a déjá dit à ce sujet.

J’engage donc ma réflexion vers d’autres pistes en disant pour commencer qu’il faut que nous nous recentrions sur nous-mêmes, non pas pour vivre en autarcie (ce qui serait impossible) mais pour évaluer exhaustivement et honnêtement nos forces, nos atouts mais aussi nos déficiences, nos faiblesses dans tous les domaines.
Dans le sillage de cette évaluation, nous devons reconsidérer notre politique sociale, économique et financière sur la base de nos potentialités et de leur rentabilisation optimale.
Il s’agira également de reprendre pied en Afrique et d’assainir notre rapports avec certains pays.
Peut-on s’inspirer de pays qui ont réussi (il y en a pas mal) ? Oui, mais comparaison n’est pas raison.
La question des mentalités et du contexte historique relativise en effet fortement un tel parallèle.
Un travail considérable reste à effectuer et qui consiste à se remettre en question à tous les niveaux.
C’est une introspection qui s’impose autour d’interrogations fondamentales auxquelles il conviendra d’apporter des réponses sincères, argumentées et performantes.
D’où l’absolue nécessité de confier cette refondation à des compétences avérées, triées sur le volet et totalement indépendantes des tutelles institutionnelles ou des influences politiques et/ou partisanes.
A cet égard, il n’y a pas lieu d’engager un débat national: ce serait un capharnaüm, ça ne marchera pas, on en a déjá fait l’expérience à maintes reprises.
Soyons sérieux et pragmatiques, et faisons en sorte que le brainstorming préconisé soit confié aux meilleurs d’entre-nous pour qu’il débouche sur un grand projet national, un projet lisible, fluide, convaincant, documenté et applicable à brève échéance.
Tourner la page 
Disons-le clairement : Il nous faut aussi tourner la page par rapport à nombre d’aspects liés à notre histoire, et prendre conscience de la chape de plomb qui entrave tout processus visant à une écriture décomplexée de cette histoire.
Que voulons-nous au juste à cet égard ?
L’exposé de cette histoire est-il crédible aux yeux de l’opinion publique, de la jeunesse, des pays étrangers ? Je dis bien l’exposé et non pas l’histoire elle- même…
Allons-nous continuer à mettre en exergue les pages glorieuses de notre histoire et à considérer que cela suffit pour que notre jeunesse en tire une réelle fierté ?
Et d’ailleurs, cette stagnation dans le traitement de l’histoire explique bien des problématiques sociétales, culturelles et identitaires auxquelles les algériens sont confrontés entre eux et dans leurs relations avec le reste du monde sans pouvoir les nommer explicitement et en assumer les répercussions.
Que faire des nombreux non-dits qui affectent la cohabitation, le vivre-ensemble en Algérie ?
On ne saurait occulter ces situations sur lesquelles achoppent systématiquement toutes tentatives de discussion autour d’un vrai projet social dont notre pays a pourtant fortement besoin.
Interrogeons-nous sérieusement, sereinement, intelligemment et avec responsabilité sur la tentation de l’Occident à laquelle cèdent de plus en plus d’Algériens, sur cette attractivité singulière qu’exerce la France sur les algériens.
C’est probablement du traitement analytique de cette thématique que dépend tout le reste. Pourquoi ? Eh bien, parce que cela devrait nous interpeller au regard de l’histoire.
Si l’on continue de faire l’impasse sur cette corrélation structurelle et donc stratégique entre, d’une part, le souhait d’une majorité d’algériens de pouvoir quitter l’Algérie pour aller vivre sous d’autres cieux (principalement en France pour moult raisons) et, d’autre part, les leçons objectives de l’histoire, alors notre pays ne pourra pas émerger sur le plan économique national et international ni s’imposer réellement dans le système relationnel mondial.
ML. Chikhi
 

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« On ne se souvient pas des jours, on se souvient des instants »(Cesare Pavese)

Posté par imsat le 19 septembre 2023

Je croyais avoir tout dit ou presque au sujet de mes conversations avec ma mère.
Eh bien, 13 ans après sa disparition (19 septembre 2010), je me rends compte que tel n’est pas le cas.
Paix à son âme. Allah yerhamha.
L’absence, c’est le vide mais c’est aussi la quasi impossibilité de donner à une myriade de mots le même sens qu’autrefois, autrement dit le vrai sens.
Ces mots (convivialité, écoute, savoir-vivre, échange, compréhension, attention, humilité,  considération, tact…) ont certes toujours leur place dans le dictionnaire.
Cependant, dans les faits, ils ne sont plus incarnés. Pour moi, ils existaient à travers ce que ma mère disait et donnait à voir au quotidien. Oui, je me souviens des instants dont parle Pavese. Pas seulement de ceux que je passais avec elle. Je me remémore aussi ses conversations toujours détendues, agréables et joyeuses avec ses soeurs, certaines de ses cousines et quelques autres membres de notre famille. Mes flash-back sont les mêmes : ils mettent en exergue des moments délicieux que je visualise toujours avec émerveillement tout en sachant qu’ils sont révolus, impossibles à reconduire, à revivre. Est-ce excessif de réduire ainsi à néant les perspectives ? Non, puisque le constat est palpable, évident, indiscutable.
Et il l’est non seulement dans la proximité immédiate mais également dans la société.
Je mentirais si j’édulcorais la réalité à travers des propos fictifs et illusoires. Comment l’expliquer ?
Y a- t-il un rapport avec l’histoire ?
Oui, avec l’histoire appréhendée dans toutes ses dimensions (individuelle, familiale, sociale, nationale…)
Et c’est notamment parce que nombre de qualités et de valeurs morales (parmi lesquelles la conscience, le sens des choses et celui des nuances, d’ailleurs souvent évoqués par ma mère) ont cessé d’être ou sont devenues marginales et rarissimes, que le traitement de bien des problématiques connectées à l’histoire avec un grand H est généralement complètement faussé, d’autant que chaque intervenant croit détenir la vérité absolue. C’est aussi ce qui permet de comprendre en partie les tentations communes consuméristes et matérialistes qui n’épargnent presque personne. Que faire ? Raviver le souvenir des séquences heureuses. En écrivant. Car écrire, c’est aussi se souvenir. C’est une quête individuelle de la quintessence. Une quête sélective d’une haute exigence intellectuelle et spirituelle dans un contexte plombé par le bruit et la fureur du monde.
Lamine Bey Chikhi
 
 

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